Sans livres depuis la rentrée des classes en raison d’une grève qui semble s’éterniser au grand dam des parents et des élèves, nombreux sont ceux qui, en attendant un dénouement qui tarde à venir, se sont orientés vers l’achat de livres d’occasion ou recouru aux cours particuliers pour tenter de renforcer, ne serait-ce qu’en partie l’indisponibilité de ces livres. Mourad, un lycéen dont les parents ont dû prendre leur mal en patience devant cette interminable grève des intendants, a préféré acquérir ces supports didactiques ailleurs qu’à l’école, tout en essayant de recourir aux cours particuliers pour permettre à leur progéniture d’améliorer leurs rendements. Certes, a déclaré Myriam, le recours aux cours particuliers est devenu de nos jours chose indispensable pour assurer plus de chance de succès à ses petits mais avec le manque de livres ces derniers semblent éprouver beaucoup de difficultés à suivre les cours, surtout lorsqu’il est question de devoirs à la maison. Seuls les cours particuliers permettent pour l’instant aux lycéens d’être à jour au moment où d’autres optent pour les cybercafés en quête d’exercices demandés par les enseignants. En effet, les cours de soutien, devenus ces dernières années à Annaba, comme un peu partout à travers le reste du pays, un commerce lucratif pour de nombreux enseignants, qui face à un pouvoir d’achat des plus laminés, ont opté pour cette activité dans le but d’améliorer leurs revenus, sont, en revanche, pour les élèves, tous cycles confondus, »incontournables », selon les déclarations de nombre d’entre eux. Certains lycéens qui n’ont pas, par le passé, opté pour ces cours de soutien, affirment aujourd’hui que sans livres scolaires cette option est indispensable pour suivre normalement les cours et garantir le passage aux examens de fin d’année. Nombreux sont les parents qui encouragent, d’ailleurs, leurs enfants à »prendre » des cours particuliers, allant jusqu’à débourser d’importantes sommes d’argent pour, expliquent-ils, optimiser les chances de réussite de leurs bambins. Imaginez que cette grève se poursuive tout le trimestre ou même plus. Comment croyez-vous que nos enfants pourront s’acquitter de leurs devoirs ou même profiter des détails ….Soit par le biais de l’Internet ou par ces cours privés, a répondu Samir dont ses deux filles, l’une candidate au baccalauréat et l’autre inscrite en deuxième année secondaire, n’ont eu d’autre alternative que les cours de soutien qui lui coûtent les »yeux de la tête », avec près de 20.000 da par mois. C’est scandaleux, a-t-il crié, qu’une grève perdure aussi longtemps ..Il va sans dire que ce phénomène a pris de l’ampleur en dépit des cours de soutien gratuits dispensés à titre gracieux aux élèves, particulièrement ceux des classes d’examen.. Les prix des cours de soutien varient en fonction du niveau et de l’importance de la matière dispensée, sachant que généralement les parents d’élèves sont prêts à faire le sacrifice qu’il faut pour voir leurs enfants réussir dans leur cursus scolaire, qui est sanctionné par l’obtention du baccalauréat, qui est pour eux synonyme d’avenir et de continuité. les nombreux enseignants ayant opté pour cette formule pour arrondir leurs fins de mois difficiles et améliorer, ainsi, leur conditions de vie, exercent toutefois, cette activité, dans des conditions, le moins que l’on puisse dire qu’elles ne répondent nullement aux critères pédagogiques requis, dans la mesure ou la plupart des enseignant s’adonnant à cette activité »font de leur mieux » pour »inscrire » le maximum d’élèves à leurs cours qu’ils dispensent un peu partout (garages, chambre de leur domicile, etc.…) et généralement dans des endroits exigus par rapport au nombre impressionnant d’élèves inscrits. Seul l’aspect pécuniaire compte à leurs yeux. Comment expliquer sinon que ce genre de cours soit dispensé à tous les paliers de l’enseignement, s’est insurgé cette ancienne professeur de français. Certes, les élèves des classes d’examen sont dans le besoin d’un soutien qui leur permet de renforcer, voire mieux assimiler leurs leçons, particulièrement en ce qui concerne les matières dites essentielles telles les mathématiques, la physique et les sciences, qui sont les plus ciblées aussi bien par les élèves en quête d’amélioration de leurs résultats scolaires que par les enseignants qui voient en ces cours une rente appréciable leur permettant de »souffler » et faire face à leurs contraintes financières.Si l’importance accordée aux cours de soutien s’accroît, a-t-on indiqué, par ailleurs, dans le cercle des enseignants, à l’approche de la fin de l’année scolaire, cette année le mouvement de protestation observé par les intendants, a poussé, selon les dires de nombreux chefs de famille, à renforcer ce manque par les cours, pensant que cette »solution » apourra combler ce manque. Les parents d’élèves acceptent ce genre de sacrifice, selon les déclarations de certains d’entre eux, qui estiment que le jeu en vaut la chandelle car il s’agit de tout l’avenir de leurs enfants. Rien ne remplace la joie du succès et le sentiment d’avoir tout fait pour …arriver à l’objectif tant attendu. Mais, il n’en demeure pas moins que la poursuite de ce débrayage au détriment de l’intérêt des élèves a fini par exaspérer aussi bien les parents que les élèves, habituellement patients ….
Khadidja B.