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Grèce : l’évacuation du camp d’Idomeni se poursuit

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La police grecque a repris ,mercredi matin, son opération d’évacuation du camp d’Idomeni, à la frontière avec la Macédoine, où continuent de s’entasser plus de 6.000 migrants, afin de les transférer dans des centres d’accueil proches.

La police, qui a déployé pour l’occasion 700 membres des forces de l’ordre assistés d’un hélicoptère «a repris l’évacuation à 04H00 GMT, nous espérons aujourd’hui arriver à transférer environ le même nombre de personnes qu’hier», où 2.031 migrants et réfugiés avaient été éloignés du camp, a indiqué à l’AFP une source policière. «L’opération continue normalement et dans le calme, comme hier», a ajouté ce responsable policier, précisant que comme la veille, les médias seraient empêchés d’approcher le camp à l’exception de la télé publique grecque Ert et de l’agence nationale de presse Ana.
Selon une source policière locale, 96 campeurs d’Idomeni avaient déjà quitté les lieux à bord de deux bus en milieu de matinée. Lundi, à la veille de l’opération, 8.400 personnes étaient officiellement recensées dans le camp, qui en avaient abrité jusqu’à 12.000. Le service grec de la coordination de la crise migratoire (SOMP) s’était félicité auparavant dans un communiqué de ce que la «première phase de l’opération» de démantèlement du camp, entamée mardi et qui doit durer au moins une semaine, s’était «bien déroulée». Les migrants déplacés mardi se répartissent en 662 Syriens, 1.273 Kurdes (syriens, irakiens et turcs) et 96 Yazidis, a précisé la police.
L’opération, saluée par la Commission européenne, vise à terme l’évacuation totale des milliers de migrants vivant depuis des mois dans le camp, dans des conditions dénoncées par les organisations humanitaires. La police entend aussi empêcher d’éventuels récalcitrants de continuer à camper en d’autres points de la ligne frontalière, a relevé le même responsable policier.
Idomeni était devenu une nasse pour des milliers de réfugiés et migrants – pour la plupart syriens, irakiens, afghans, pakistanais, iraniens et maghrébins – après la fermeture en mars de la route des Balkans empruntée jusqu’alors pour gagner l’Europe du Nord. Cet enlisement alimentait une grogne croissante des agriculteurs locaux, des tensions avec la Macédoine voisine, des incidents répétés entre exilés et policiers et les protestations des exportateurs contre le blocage fréquent par des migrants du trafic ferroviaire avec le nord de l’Europe. Les premiers partants ont été transférés dans plusieurs centres d’accueil situé à Sindos, une zone industrielle de Thessalonique, la métropole du nord du pays. Une centaine d’entre eux ont toutefois refusé d’entrer dans le centre et sont partis à pied vers le centre-ville, selon une source policière. «Nous tâchons de séparer les nationalités, pour éviter les frictions entre elles, récurrentes ces derniers temps, a précisé la même source policière. A Genève, le Haut Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU avait jugé mardi que la situation «évoluait dans le calme», rappelant son opposition à «l’usage de la force pour le transfert de personnes».

«Des pions dans un jeu d’échecs»
Selon les images diffusées mardi par Ert1, l’opération a démarré sans tensions, avec des migrants en file pour embarquer dans les autocars, encadrés par de nombreux policiers.
Beaucoup, dont nombre de familles avec enfants, avaient entassé leurs affaires dans des sacs poubelles, d’autres dans des poussettes. Un groupe d’enfants patientait devant une tente, d’autres jouaient.
Les quelques ONG restées sur place ont confirmé l’absence de violence, mais se sont inquiétées de leur capacité à prendre en charge, pour les nourrir et les soigner, les campeurs restants au vu des réductions de personnel imposées par la police.
Ajournée plusieurs fois, l’opération a finalement été lancée par les autorités grecques après l’ouverture de plus de 6.000 places d’accueil dans la région. Plusieurs ONG ont appelé Athènes à y garantir des conditions d’accueil dignes, en particulier pour les nombreux enfants, et l’accès aux procédures d’asile et de relocalisation dans l’UE, tout en dénonçant la traitement par l’UE de ces populations. «Les migrants (…) sont traités comme des pions dans un jeu d’échecs», a ainsi déploré l’ONG Oxfam, tandis qu’International rescue committee (IRC) se demandait pourquoi l’Europe «a fait si peu» pour les exilés. «Combien de temps tous ces gens qui fuient la guerre et les conflits vont-ils rester dans des tentes dans des camps de réfugiés en Grèce?» s’interrogeait mardi IRC dans un communiqué. Il y a actuellement plus de 54.000 migrants bloqués en Grèce, selon les estimations du gouvernement. Depuis le début de l’année, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) affirme que 190.000 migrants sont entrés en Europe par voie maritime. 1.359 sont morts pendant le trajet.

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