Près de 50 000 hectares sont partis en fumée en juillet en Grèce. Une partie de la faune a été affectée par ces incendies, notamment à Rhodes où des cervidés ont été retrouvés carbonisés. Les feux ont aussi engendré la diffusion de particules polluantes à des niveaux « record ».
Les incendies en Grèce restent globalement « sous contrôle » samedi 29 juillet, mais les pompiers ne relâchent pas pour autant leurs efforts, alors que des vents parfois très forts sont prévus dans la journée. Et après deux semaines de combat contre les centaines de feux qui se sont déclarés dans le pays, l’écosystème est « en danger », préviennent des experts. Quelque 50 000 hectares sont partis en fumée en juillet dans la région d’Athènes, et sur les îles touristiques de Rhodes, de Corfou ou d’Eubée. Environ 660 départs de feu, en grande majorité vite éteints, ont été recensés en 10 jours, une moyenne de 50 à 70 incendies par jour, a relevé vendredi le ministre de la Protection civile Vassilis Kikilias.
Des « paysages africains » en Grèce
La Grèce subit chaque année des incendies de forêt, souvent meurtriers, comme en 2007 dans le Péloponnèse et à Eubée (84 morts) ou en 2018 à Mati, une station balnéaire près d’Athènes (103 morts). Cette année, les incendies ont jusqu’à présent fait cinq victimes. Quant aux répercussions environnementales, elles seront évaluées après leur extinction, selon l’antenne grecque de la WWF.
Mais « les incendies répétitifs mettent en danger l’écosystème, les forêts se transforment en terres agroforestières, les broussailles en garrigue (…) le paysage a tendance à changer et à ressembler à des paysages africains », redoute Nikos Bokaris, le président de l’Union grecque des forestiers.
Daims carbonisés, particules polluantes dans l’air
À Rhodes, où les incendies ont éclaté le 18 juillet, « une grande partie de la faune », comme une espèce endémique de dama dama (daim européen), « a été sérieusement affectée ; certains cervidés ont été retrouvés carbonisés », déplore Grigoris Dimitriadis, le président de l’Association locale de protection de l’environnement. Les feux sont aussi à l’origine de la diffusion de particules polluantes, à des niveaux « record » en ce mois de juillet : « une mégatonne d’émissions de carbone entre le 1er et le 25 juillet, le double presque du record de juillet 2007 », a noté l’observatoire européen Copernicus.
Tous les six ans environ, les montagnes autour d’Athènes sont en flammes, ce qui « affecte l’écosystème du bassin de la capitale », l’une des villes les plus densément peuplées en Europe, rassemblant plus d’un tiers de la population grecque de 10,5 millions d’âmes, rappelle Charalambos Kontoes. Pour Nikos Bokaris, la situation dans le bassin de l’Attique est aussi problématique parce qu' »il y a peu d’espaces verts et les constructions en béton créent un environnement thermique clos ».
Interdire la conversion « des forêts brûlées en zones de cultures ou de construction »
Le gouvernement grec, qui impute les incendies en priorité à la crise climatique, est souvent accusé de ne pas en faire assez pour protéger la biodiversité et entreprendre des actions de prévention des feux. « Cette année, la prévention a commencé un peu tard mais les zones pare-feu ou d’autres mesures préventives ne sont pas toujours la panacée quand le feu prend des dimensions énormes », remarque Nikos Bokaris, selon lequel la Grèce a a reçu 55 millions d’euros de fonds européens en 2022 et 86 millions en 2023 pour mieux se préparer.
Il préconise de laisser les terres brûlées se régénérer et d’interdire la conversion « des forêts brûlées en zones de cultures ou de construction », comme cela se passe souvent. « La crise climatique n’est pas apparue soudainement et une coopération entre gouvernement, autorités locales et bénévoles, est nécessaire pour la combattre », juge de son côté Alexandra Messare, de l’antenne grecque de Greenpeace.