Ici «on plonge dans l’histoire», s’exclame un touriste autrichien, après sa plongée sur le site du naufrage de Peristera. À près de 30 mètres de profondeur dans la mer Egée, le musée sous-marin, «mélange de plongée et d’archéologie», attire une autre forme de tourisme. Ce jour-là, sept plongeurs enfilent leur combinaison sur le Triton, le bateau qui les mène tout droit vers les côtes de Peristera, un îlot à quelques encablures de l’île égéenne d’Alonissos. Hans-Jürgen Fercher, 48 ans, se prépare à entamer sa quatrième descente à la redécouverte de ce trésor enfoui. «C’est une légende ici», sourit Dias, l’un des coordinateurs du centre de plongée Triton. Quinze minutes après, les explorateurs se jettent à l’eau et se lancent dans la descente périlleuse, sous les conseils avisés de leurs superviseurs. Les restes de ce naufrage se trouvent à près de 30 mètres au fond de la mer Egée, rendant la plongée difficile et technique. Sous leurs palmes, plus de 4.000 amphores reposent dans le sable depuis presque 2.500 ans. Cette collection constitue le premier musée sous-marin de Grèce, ouvert durant l’été 2020. «C’est vraiment un site spécial et unique car c’est un mélange de plongée et d’archéologie : on plonge dans l’histoire», déclare à l’AFP M. Fercher, après être sorti de l’eau. «Nous ne sommes pas simplement au milieu d’un écosystème marin avec des coraux, on observe les restes d’une ancienne civilisation», se réjouit également Lisette Frevelund, une touriste danoise, peu après l’expédition sous-marine. Venu spécialement pour voir l’épave, le Grec George Giasemidis «avait de nombreuses attentes après la réunion préparatoire. La plongée a répondu à chacune d’entre elles», confie-t-il à l’AFP.
Visiter l’épave… en réalité virtuelle
Le site du naufrage n’est accessible qu’aux plongeurs confirmés. Il y a donc peu d’élus pour goûter au tourisme sous-marin. Mais la ville propose une alternative virtuelle pour plonger à la découverte du site archéologique. Il suffit de quitter le port et de se rendre dans le vieil Alonissos, où, guidé par quelques pancartes, le visiteur trouve, au milieu des maisons traditionnelles, le musée d’Alonissos qui propose, via un casque de réalité virtuelle, de découvrir les traces du temps déposées au fond de la Méditerranée. Dans la salle, deux touristes tournent sur eux-mêmes, baissent la tête, lèvent et tendent le bras. Sur les écrans, on suit leur parcours au milieu des amphores, comme s’ils y étaient. Avec l’ouverture du musée sous-marin de Peristera, et l’espoir de rendre quatre autres épaves proches accessibles aux plongeurs du monde entier, l’île d’Alonissos compte devenir une destination incontournable pour les amateurs de plongée. «Nous voulons proposer une autre forme de tourisme aux personnes qui viennent sur l’île. Je ne veux pas d’un tourisme intensif qu’on peut voir ailleurs», déclare à l’AFP Petros Vafinis, maire d’Alonissos, qui aime plonger avec les touristes venus de différents pays d’Europe.
«Un safari sous-marin»
«Nous sommes très enthousiastes à l’idée d’ouvrir d’autres sites comme celui de Peristera dans les deux prochaines années et de pouvoir développer un safari sous-marin», se réjouit Kostas Efstathiou, co-propriétaire de l’Alonissos Triton Dive Center. Le gouvernement grec a fait le pari de développer le «tourisme de plongée». Il a décidé de s’adresser à une «audience spéciale qui paye généreusement pour plonger et choisit sa destination en fonction des différentes options de plongée», souligne le ministre grec du Tourisme Harry Theocharis. «Notre pays a beaucoup de curiosités touristiques» pour la plongée, se félicite-t-il, précisant à l’AFP qu’une dizaine de parcs sous-marins ont déjà obtenu un permis de pratiquer ce type de tourisme en Grèce. Epaves, mais aussi réserves naturelles et projets de «récifs artificiels pour créer la vie, la flore, la faune et devenir des curiosités naturelles pour la plongée», ajoute le ministre. Alonissos fait partie d’un parc protégé de la faune marine depuis 30 ans. Parmi les espèces protégées, le célèbre phoque moine. En voie de disparition dans le monde, une grande communauté de ces phoques réside sur les plages d’Alonissos, où ils peuvent vivre sereinement. Avec un peu de chance, sans même plonger, les touristes peuvent tomber nez à nez avec un de ces êtres marins, en train de rêvasser sur la plage.