La présente saison estivale n’a pas dérogé à la règle instaurée par ses devancières dans la wilaya de Tipasa. À peine les fêtes de l’Aïd-el-fitr passées, les sites balnéaires de cette dernière ont été littéralement pris d’assaut par des vagues d’estivants, venues des wilayas limitrophes, mais également d’autres, relativement proches, telles, à titre d’exemples, celles de Médéa et de Tizi- Ouzou, ou carrément éloignées, à l’instar, toujours à titre d’exemples, des wilayas du Sud et du Grand-Sud, comme celles de Laghouat, Ouargla, Tamanrasset et Adrar.
Un rush qui n’est pas sans retombées sur la wilaya. Certaines, éminemment positives et d’autres, franchement, négatives. Les premières ont été enregistrées dans ses secteurs économique et commercial : le grand afflux d’estivants, qu’il soit quotidien : il est le fait de ceux résidant dans les wilayas limitrophes et/ou relativement proches, ou prolongé : il est dû aux vacanciers venus des wilayas éloignées, a, en effet, boosté les activités dans ces deux secteurs d’activité. Principalement, dans les agglomérations, grandes et petites, littorales de la wilaya, mais également dans celles de son intérieur, traversées par les axes routiers menant vers son littoral. Avec un tel afflux, en effet, les commerçants, et pas uniquement de produits alimentaires, voient leur chiffre d’affaires littéralement explosé. Comme explosent les affaires des sites hôteliers, publics et privés, ces derniers de plus en plus nombreux, existant dans la wilaya. Qui n’arrivent pas à satisfaire la très forte demande enregistrée; dont une partie appréciable provient d’une clientèle émigrée. Ce qui oblige les familles, surtout, celles qui n’ont pas trouvé de places (chambres ou bungalows) à se rabattre sur les particuliers. En clair, à opter pour une location chez des familles; des agglomérations littorales, de préférence. Une location qui peut être de chambres, d’appartement ou d’étages de villa. Bien que relativement chère : la nuitée –c’est, depuis quelques années, l’unité de compte utilisée par les «propriétaires»– pour un appartement bien situé, dans le sens où il se trouve à proximité d’un site balnéaire, a atteint cette saison les 7 500 DA, cette formule a de plus en plus d’adeptes. Surtout parmi les familles du Sud et du Grand-Sud qui ont trouvé là une formule sûre de passer des vacances tranquilles. Et ce, même si, selon nombre d’habitants du chef-lieu de la wilaya de Tipasa –un des lieux prisés par les «adeptes de cette formule»–, avec lesquels nous nous sommes entretenus, hier, de ce sujet, leur nombre a sensiblement diminué cette année. Pour une raison essentielle, nous ont expliqué nos interlocuteurs: la voracité des «propriétaires» –les guillemets indiquant que ces derniers peuvent être eux-mêmes locataires du logement qu’ils louent- à exiger chaque fois plus d’eux. Une voracité qui a poussé, nous a-t-on dit, «les adeptes de cette formule» à déserter les agglomérations littorales et à se rabattre sur celles de l’intérieur de la wilaya. À l’instar, entre autres, des villes de Hadjout, Bourkika et Ahmer-el-Aïn et des localités de Sidi-Rached et d’Attaba qui ont toutes la particularité d’être traversées par deux axes routiers importants de la wilaya; la RN 42, pour les trois premières, et la RN 67, pour les deux dernières.
Et où la location, mensuelle, est toujours abordable : selon nos interlocuteurs, elle se situe entre 30 000 DA et 50 000 DA. Mais, selon Salim, un quadragénaire résidant à Tipasa, à l’évidence, très au fait du problème, ce n’est pas là la seule conséquence de cette déplorable «voracité des propriétaires». Il en existe une autre qui n’est pas du tout profitable, non pas uniquement à l’économie de la wilaya de Tipasa, mais à celle du pays: beaucoup d’adeptes de la formule précitée, parmi les familles du Sud et du Grand-Sud, qui avaient l’habitude d’y passer leurs vacances d’été, ayant, semble-t-il, préféré le faire cette année chez notre voisin de l’Est. Des problèmes que ne connaissent pas ceux des estivants, résidant dans les wilayas limitrophes d’Alger, de Blida, de Chlef et d’Aïn-Defla, essentiellement, qui font quotidiennement le déplacement vers les différents sites balnéaires de la wilaya de Tipasa; les plus proches de leurs wilayas respectives, faut-il le préciser. Ce qui ne veut pas dire, toutefois, que cette catégorie d’estivants ou, pour être plus précis, une partie d’entre elle, est exempte de problèmes. Exception faite –dans une large mesure parce que des cas existent qui démentent ce constat, comme nous le verrons ci-dessous– des estivants, surtout, des jeunes, qui ont une prédilection pour les sites rocheux, fort nombreux le long du littoral de la wilaya de Tipasa, tous les autres sont quotidiennement soumis à un autre. Paradoxe des paradoxes, sur une partie des 43 sites officiellement autorisés à la baignade que compte la wilaya de Tipasa et, de ce fait, dotés d’un poste de surveillance de la Protection civile et, pour les plus importants d’entre eux, d’un poste de la Gendarmerie nationale. Et, du fait, du non-respect du sacro-saint principe, chaque année réitéré avec force par tous les responsables, nationaux et locaux, concernés, mais jamais suivi d’effet, de la gratuité de l’accès aux sites balnéaires. Un problème que nous avons constaté de visu dans les quatre sites balnéaires que nous avons visités hier: la plage Mahieddine, plus connue sous son ancienne appellation de plage Suisse, un site balnéaire mi-rocheux, mi-sablonneux, situé à l’entrée Est de la localité d’Aïn-Tagouraït (ex-Bérard), dans la partie Est du littoral de la wilaya de Tipasa, celle de Kouali, enserrée au fond de l’anse éponyme qui jouxte l’entrée Est du complexe CET de la ville de Tipasa, la grande plage qui court, sur trois kilomètres du complexe touristique Matarès au village du Chenoua, et la plage Tizirine de Cherchell, à savoir. Dans ces quatre sites fort fréquentés, par des familles essentiellement, des individus, contournant sournoisement, mais ouvertement, les clauses des textes règlementaires régissant l’accès aux sites du genre et réglementant les prestations payantes qui peuvent y être fournies, imposent leur diktat aux estivants. Aux automobilistes, surtout. Outre le tarif exorbitant: il ne descend pas, dans tous les cas, au-de ssous de 100 DA, du parking qu’ils leur soutirent, ils leur imposent de louer auprès d’eux les équipements –parasols, tables, chaises…– qu’ils utilisent. Braham, un paisible retraité que nous avons rencontré à la plage Tizirine, dont il est, depuis des années, un habitué, s’est dit profondément offusqué par de telles pratiques. «Pour leur caractère immoral mais également pour le fait qu’elles grèvent sensiblement notre porte-monnaie», nous a-t-il dit. Un avis qui est celui de Amirouche, un joyeux grand-père qui a ramené à Kouali, une plage peu profonde située en bordure de la RN11, deux de ses petits-enfants. Enseignant à la retraite et résidant à Boufarik, dans la wilaya limitrophe de Blida, il s’est interrogé sur l’incompréhensible impunité dont semblent bénéficier ces individus : «C’est à se demander où sont les services de sécurité», nous a-t-il, en effet, déclaré. Non sans raison, à croire les propos que nous ont rapportés certains de nos interlocuteurs sur les antécédents judiciaires de certains des individus qui se sont érigés en «gestionnaires» de ces sites balnéaires. Et, à ce propos, ils n’ont pas manqué de nous déclarer que des individus de même acabit sont en train de rendre la vie difficile aux estivants qui fréquentent les sites rocheux du littoral de la wilaya de Tipasa ; Et ce, en érigeant à l’entrée des plus fréquentés de ces sites des parkings sauvages; payants, faut-il le préciser. Un phénomène que tout un chacun peut constater de visu, surtout, le long du littoral courant de la localité d’Aïn-Tagouraït à la plage susmentionnée de Kouali; pour rappel, située à l’entrée Est du chef-lieu de la wilaya de Tipasa. Pour en revenir aux retombées sur la wilaya de Tipasa du rush des estivants qu’elle connaît, il est impossible de passer sous silence deux, liées l’une à l’autre, des plus négatives, il faut le dire.
Il s’agit de la très sensible augmentation du trafic automobile sur tous ses axes routiers; avec la véritable asphyxie, à chaque retour de plage, des agglomérations qu’ils traversent. Et de l’augmentation, en conséquence, des accidents de la circulation; avec, dans ce cas, la cohorte de victimes, entre morts et blessés, qu’ils provoquent.
Mourad Bendris