La reine de la pop Beyoncé est arrivée, mardi, en tête des nominations pour les Grammy Awards, les récompenses américaines de la musique qui seront décernées, fin janvier ,après des mois de pandémie dévastateurs pour le monde de la musique.
Elle devance deux autres chanteuses pop, la Britannique aux origines kosovares Dua Lipa, et l’Américaine Taylor Swift, ainsi que le rappeur Roddy Ricch, auteur du hit «The Box»: ils ont remporté six nominations chacun lors des annonces 100% virtuelles organisées par la Recording Academy. A 39 ans, 24 Grammys et 79 nominations à son actif – ce qui fait d’elle la femme la plus distinguée aux Grammys – Beyoncé est cette année finaliste dans les catégories reines de Chanson de l’année et Enregistrement de l’année pour son album «Black Parade», sorti en juin en pleine manifestations contre les inégalités raciales aux Etats-Unis. En 2017, elle avait néanmoins vu la récompense d’Album de l’année lui échapper pour aller à la chanteuse britannique Adele. Ce choix controversé avait alimenté les critiques à l’encontre d’une académie accusée de ne pas s’ouvrir suffisamment à la diversité. Taylor Swift, détentrice de 10 Grammy mais qui avait été oubliée des Grammys ces derniers temps, retrouve de son côté les faveurs de l’académie américaine avec son album «Folklore» et son hit «Cardigan», nommés pour Album de l’année et Chanson de l’année.
Black Lives Matter
La rappeuse texane Megan Thee Stallion, 25 ans, distinguée récemment par le magazine Time comme l’une des personnalités les plus influentes de l’année, a aussi fait une percée avec quatre nominations, y compris comme «Révélation de l’année» et comme Enregistrement de l’année pour le remix de son hit «Savage» avec Beyoncé. Le mouvement Black Lives Matter aussi été distingué par l’Académie: en plus de «Black Parade» de Beyoncé en forme d’hymne au «black power», la chanson «The Bigger Picture» du rappeur Lil Baby a été nommée deux fois et celle de la chanteuse H.E.R. «I Can’t Breathe» fait partie des finalistes pour la Chanson de l’Année. Les deux titres reviennent sur les manifestations monstres qui ont ébranlé l’Amérique en juin, après la mort de George Floyd aux mains de la police à Minneapolis fin mai. Ces nominations ont mis de nombreuses femmes à l’honneur: Brittany Howard, entre rock et blues et connue comme chanteuse du groupe Alabama Shakes, se distingue aussi avec cinq nominations, après la sortie de son premier album solo «Jaime». Billie Eilish, qui avait réussi en janvier 2020 le grand chelem en raflant les prix dans les quatre catégories reines, a décroché encore quatre nominations cette année – y compris pour Enregistrement de l’année et Chanson de l’année. Quatre nominations aussi pour la Californienne Phoebe Bridgers, y compris comme «Révélation de l’année». Justin Bieber a lui aussi décroché quatre nominations, dont sa première distinction dans la catégorie «country», pour son travail avec Dan + Shay sur la chanson «10.000 Hours», tout comme le rappeur DaBaby.
Critiques
Si ces nominations représentent un nouveau pas vers plus de diversité pour l’Académie, les critiques ne manquaient pas sur les réseaux sociaux pour dénoncer certains «oublis». Comme l’absence de distinction pour le chanteur canadien The Weeknd, que beaucoup attendaient parmi les favoris de cette fournée. D’autres ont déploré l’absence de reconnaissance des rois de la K-pop, BTS, distingués uniquement par une nomination mineure.
Dans un monde de la musique durement éprouvé par la pandémie, avec l’arrêt forcé des grands concerts comme des petites scènes essentielles à la survie de milliers de musiciens, le président par intérim de l’Académie, Harvey Mason Jr., a dédié ces nominations à la résilience du secteur et à ceux qui travaillent en première ligne face au coronavirus. On ignore encore si la cérémonie du 31 janvier – avec Trevor Noah comme maître de cérémonie – se fera en personne ou plus vraisemblablement en ligne, comme de nombreuses grandes cérémonies de récompenses depuis le début de la pandémie.