La bande de Ghaza, ravagée par près de deux ans d’agressions militaires sionistes et soumise à un blocus total depuis octobre 2023, est aujourd’hui le théâtre d’une catastrophe humanitaire sans précédent. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a tiré jeudi une nouvelle sonnette d’alarme : la famine aiguë chez les enfants palestiniens atteint des niveaux « alarmants ». Selon les derniers dépistages, le pourcentage d’enfants souffrant de famine aiguë est passé de 8,3 % en juillet à 13,5 % en août. Dans la ville de Ghaza, où la famine a été officiellement confirmée le mois dernier, la situation est encore plus dramatique : 19 % des enfants examinés souffraient de famine, contre 16 % seulement un mois plus tôt. En chiffres absolus, cela représente environ 12 800 enfants en danger immédiat. La directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell, a déclaré qu’« en août, un enfant sur cinq dans la ville de Ghaza a reçu un diagnostic de malnutrition aiguë et avait besoin d’un soutien vital en nutrition ». Elle a ajouté que la fermeture de dix centres de traitement ambulatoire, conséquence des ordres d’évacuation et de l’intensification des bombardements sionistes, a réduit la capacité de dépistage et de soins, laissant les plus jeunes sans protection. L’agence onusienne souligne également que les femmes enceintes et allaitantes sont de plus en plus touchées par la pénurie alimentaire, compromettant à la fois leur propre santé et celle de leurs nourrissons.
L’Unicef appelle à une aide alimentaire d’urgence accrue, à la réhabilitation du système de santé et à l’approvisionnement continu en médicaments et fournitures médicales. De son côté, le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a alerté sur les réseaux sociaux que plus de 2 000 Palestiniens « désespérés et affamés » ont trouvé la mort alors qu’ils tentaient d’accéder à une aide alimentaire. « Pour lutter contre la famine à Ghaza, il est impératif de garantir un accès humanitaire sûr, ininterrompu et à grande échelle à toutes les personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent », a-t-il insisté. Les ONG tirent elles aussi la sonnette d’alarme. Save the Children rappelle que plus de 20 000 enfants palestiniens ont déjà péri dans les bombardements, soit au moins un enfant tué chaque heure depuis le début de la guerre. Le ministère de la Santé de Ghaza fait état de 411 morts par famine, dont 142 enfants, dans ses dernières statistiques. En parallèle de ce désastre humanitaire, les massacres se poursuivent. Rien que depuis l’aube de vendredi, 36 Palestiniens ont été tués par les bombardements israéliens, dont 21 à Ghaza et dans le nord de l’enclave. Plusieurs familles entières ont été anéanties, notamment dans le quartier d’al-Touam où une frappe a tué 14 membres de la famille Sultan, laissant encore des dizaines de disparus sous les décombres. D’autres frappes ont visé le camp de réfugiés de Jabalia, le quartier de Cheikh Radwan, Khan Younès et Deir al-Balah, causant de nouveaux martyrs parmi les civils et même dans l’enceinte d’hôpitaux. L’UNRWA avertit que les habitants de Ghaza « n’ont plus aucun endroit sûr où se réfugier », tandis que l’armée israélienne multiplie les bombardements, les destructions de maisons et l’usage de chars et d’artillerie dans les zones densément peuplées. La perspective d’une catastrophe humanitaire totale plane désormais sur l’ensemble du territoire. D’après le dernier bilan publié par le ministère de la Santé, le nombre de martyrs palestiniens depuis le 7 octobre 2023 s’élève à 64 718, tandis que plus de 163 800 personnes ont été blessées. Derrière ces chiffres se cache une réalité insoutenable : une population civile asphyxiée par la faim, les bombardements et l’absence de lieux sûrs, abandonnée à une guerre d’extermination menée dans l’impunité.
M. Seghilani