Sous un ciel saturé de fumée et d’explosions, l’armée d’occupation sioniste intensifie ses attaques contre la ville de Ghaza, multipliant incursions et bombardements meurtriers. La population, déjà décimée par la guerre et la famine, vit l’une des pires pages de son histoire contemporaine.
Le directeur du bureau de presse du mouvement de résistance palestinienne, Ismaïl al-Thawabta, a dénoncé hier des incursions « agressives » menées par les forces d’occupation dans la ville de Ghaza. Selon lui, les opérations se concentrent dans le quartier de Zeitoun et au sud de Tal al-Hawa, accompagnées de « bombardements intenses, de ceintures de feu et de destructions massives de maisons sur leurs habitants ». Ces attaques, qui se sont intensifiées cette semaine, s’inscrivent dans ce que le responsable décrit comme « une politique de la terre brûlée visant à imposer une nouvelle réalité sur le terrain par la force ». Depuis le 7 octobre 2023, Ghaza subit une agression qualifiée de génocidaire par de nombreuses organisations internationales. Plus de 61 000 Palestiniens ont été tués, en majorité des femmes et des enfants, et des centaines de milliers d’autres vivent aujourd’hui sans abri, piégés dans un blocus qui les prive de nourriture, d’eau et de soins.
Le système de santé au bord de l’effondrement
La situation médicale dans l’enclave est catastrophique. Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Palestine occupée a confirmé que plus de la moitié des médicaments essentiels sont épuisés. Malgré l’entrée de quelques cargaisons médicales, les besoins restent largement insatisfaits. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a alerté le 7 août dernier sur un chiffre glaçant : juillet 2025 a enregistré le taux mensuel le plus élevé de malnutrition aiguë chez les enfants depuis le début de la guerre. Depuis janvier 2025, au moins 99 personnes sont mortes de malnutrition, dont 35 enfants – parmi eux, 29 âgés de moins de cinq ans. Les témoignages de terrain illustrent la tragédie : une vidéo virale montre un père de Ghaza portant sur son dos le corps de son fils, tué par balle alors qu’il se trouvait dans une zone de distribution d’aide humanitaire.
Massacres quotidiens et famine mortelle
Les dernières 24 heures ont été particulièrement meurtrières : 123 Palestiniens ont été martyrisés et 437 blessés, selon le ministère de la Santé. Parmi eux, 21 personnes cherchant de la nourriture ont été abattues près de points de distribution. La famine continue de faucher des vies : 8 nouvelles victimes, dont trois enfants, portent à 201 le nombre de décès liés à la malnutrition. Les scènes rapportées par les correspondants de terrain sont insoutenables 10 civils tués près d’un centre d’aide à Khan Younès, 7 morts, dont 5 enfants et une femme, dans le bombardement de tentes de déplacés à Tal al-Hawa, 12 victimes dans le quartier de Zeitoun, après une frappe sur une maison familiale. Les attaques ciblant volontairement les zones de secours humanitaire se multiplient, transformant la quête de nourriture en risque de mort.
Réoccuper Ghaza scandalise le monde
L’entité sioniste a récemment annoncé son intention de réoccuper entièrement Ghaza, suscitant un tollé international. En Israël même, la décision est contestée, certains y voyant un « arrêt de mort » pour les prisonniers israéliens toujours détenus dans l’enclave. Les États-Unis demeurent toutefois le principal soutien de Tel-Aviv, opposant leur veto à toute résolution contraignante au Conseil de sécurité de l’ONU. Une position dénoncée par la ministre palestinienne des Affaires étrangères, Farcine Agabekian, qui accuse Washington de « paralyser la justice internationale » et d’offrir à Israël une impunité totale.
Diplomatie et tractations sous haute tension
Alors que les bombardements s’intensifient, une nouvelle tentative de médiation émerge. Une délégation de la résistance palestinienne est attendue au Caire pour discuter avec les médiateurs égyptiens, tandis qu’une délégation israélienne pourrait se rendre à Doha pour négocier une « offre globale » comprenant l’échange de prisonniers et une possible trêve. Selon la presse israélienne, cette proposition inclut la libération de tous les détenus, vivants ou morts, en échange d’un désarmement de la résistance palestinienne et d’une supervision internationale. Un scénario rejeté par de nombreux acteurs palestiniens, qui dénoncent une tentative d’imposer un diktat humiliant.
L’ombre d’une administration transitoire sous contrôle
L’Égypte a évoqué un plan pour placer Ghaza sous administration de 15 personnalités palestiniennes indépendantes, pour une durée de six mois, sous la supervision de l’Autorité palestinienne. Objectif affiché : rétablir l’unité avec la Cisjordanie occupée. Mais cette perspective est perçue par certains comme une manœuvre visant à marginaliser la résistance et à faciliter les plans israéliens de séparation territoriale. La présidence palestinienne a rappelé que « la seule autorité légitime sur Ghaza est celle de l’État de Palestine ».
Un bilan humain effroyable
En dix mois de guerre, 61 722 Palestiniens ont été tués et 154 525 blessés, selon les chiffres officiels. Plus de 9 000 personnes restent portées disparues sous les décombres. La famine, conséquence directe du blocus, a déjà coûté la vie à 235 personnes, dont 106 enfants. Les camps de déplacés sont saturés, et l’ONU estime que 1,5 million de personnes sur les 2,4 millions que compte l’enclave sont désormais sans abri. Chaque jour, de nouvelles fosses communes sont creusées à la hâte, pendant que les frappes continuent d’écraser les zones déjà ravagées. La résistance palestinienne dénonce la complicité de la communauté internationale par inaction. « Le monde regarde en silence pendant que notre peuple meurt de faim et sous les bombes », déclare un responsable local. Le contraste est saisissant entre les condamnations verbales et l’absence de sanctions concrètes contre Israël. Même face aux ordonnances de la Cour internationale de justice, l’occupant poursuit ses attaques, convaincu de son impunité.
Un plan pour rendre Ghaza inhabitable
Selon la ministre palestinienne des Affaires étrangères, l’objectif réel du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est clair : « transformer Ghaza en un territoire invivable et pousser les Palestiniens à l’exil forcé ». Avant la guerre, chaque kilomètre carré de Ghaza abritait environ 5 000 habitants. Aujourd’hui, la densité atteint 50 000 habitants/km² dans certaines zones, sans infrastructures, sans électricité et sans eau potable. Les épidémies et la malnutrition s’installent durablement. La situation à Ghaza atteint un point de non-retour. Les incursions « agressives » décrites par la résistance palestinienne ne sont qu’une facette d’un plan plus large de destruction et de dépeuplement.
Face à une catastrophe humanitaire d’ampleur historique, les voix palestiniennes réclament une mobilisation mondiale urgente demandant la levée immédiate du blocus, sanctions internationales contre l’entité sioniste, poursuites judiciaires pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, protection des civils par une force internationale. Chaque jour sans action ferme se traduit par des dizaines de vies perdues. Ghaza, aujourd’hui, n’attend pas seulement la fin des bombardements : elle attend justice.
M. Seghilani