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GHAZA : Les Palestiniens à l’épreuve de l’hiver extrême 

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À Ghaza, l’hiver ce n’est pas que du froid. Il s’abat comme une épreuve supplémentaire sur une population déjà épuisée par plus de deux années de guerre, de déplacements forcés et de destruction systématique. Sous des tentes de fortune, des milliers de familles palestiniennes affrontent aujourd’hui la pluie, le vent et l’humidité, sans protection réelle, sans chauffage et souvent sans nourriture suffisante.

Selon l’agence russe RIA Novosti, les récentes intempéries ont aggravé de manière dramatique la situation humanitaire dans la bande de Ghaza, où les camps de déplacés se transforment en zones d’extrême vulnérabilité. Les pluies torrentielles et les rafales violentes ont arraché des tentes déjà fragilisées, laissant des familles entières sans abri, contraintes de recommencer une errance devenue permanente. Parmi ces témoignages, celui d’« Oum Salim » résume l’ampleur de la tragédie. Grand-mère de 17 enfants devenus orphelins à la suite des bombardements, elle survit avec plus de vingt personnes sous une seule tente délabrée. Le froid, l’humidité et le manque de nourriture rythment le quotidien de ces enfants, dont le plus âgé n’a pas encore 14 ans. Face à la faim, elle confie être parfois contrainte de simuler la préparation d’un repas pour apaiser ses petits-enfants avant le sommeil. Dans d’autres camps, la scène se répète. Les tentes sont inondées, les couvertures trempées, les vêtements souillés par la boue. Nadia Mahmoud, déplacée elle aussi, décrit une lutte incessante pour évacuer l’eau et maintenir debout une toile maintenue par des barres de fer récupérées dans les décombres. « La guerre nous a épuisés, et l’hiver achève ce qu’il restait de notre capacité à tenir », confie-t-elle. Pour Ramzi Jamil, les aspirations se sont réduites à l’essentiel : un peu de chaleur et une protection contre la pluie pour ses enfants. « Je n’ai même plus de rêves, juste le souhait de rester au sec dans une tente », explique-t-il, incapable de se procurer une bâche ou des couvertures supplémentaires. Les chiffres confirment l’ampleur du désastre. Le bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime qu’environ 55 000 familles ont déjà été affectées par les récentes intempéries à travers Ghaza. Leurs abris et leurs biens ont été endommagés, voire totalement détruits, dans un contexte où toute reconstruction demeure impossible. À cette détresse matérielle s’ajoute une menace sanitaire majeure. Des organisations médicales alertent sur les risques accrus d’épidémies, notamment le choléra et la poliomyélite, alors que l’entrée des médicaments et du matériel médical reste sévèrement restreinte. Médecins sans frontières rapporte déjà une hausse préoccupante des infections respiratoires, appelées à s’intensifier avec la poursuite de l’hiver. Selon les autorités locales, près de 1,5 million de Palestiniens à Ghaza vivent aujourd’hui dans des conditions humanitaires jugées catastrophiques, marquées par l’effondrement des services vitaux, la pénurie de produits de première nécessité et les entraves persistantes à l’acheminement de l’aide humanitaire. À Ghaza, l’hiver agit comme un révélateur brutal : il met à nu la fragilité d’une population assiégée, privée de protection et abandonnée à une survie sous toile, tandis que la crise humanitaire continue de s’aggraver dans un silence international assourdissant.

M. Seghilani

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