Ghardaïa renoue avec les échauffourées : les actes de violence à fleur de peau

La braise s’enflamme au moindre fait en affrontements. La ville et les habitants de Ghardaïa sont-ils condamnés à revivre d’une manière sporadique le regain d’affrontements et de violences, au moindre fait ou à chaque altercation entre citoyens , autour d’une question anodine ou pas ? Pourquoi cette vallée connue pour sa passibilité et de son vivre ensemble peine à éteindre les cendres générées par les évènements qu’elle a vécu l’année dernière ? Es- ce à cause des réponses apportées jusque là par les responsables à tous les niveaux qui ne répondent pas aux causes ayant été à l’origine des tensions à Ghardaïa, au départ et ce qui les nourrit ? Autant de questions qui demeurent d’actualité tant que cette région du pays ne retrouve pas la quiétude et la passibilité qui sont les siennes. Voilà qu’en début de cette nouvelle année les Ghardaouis ont renoué avec l’angoisse, la peur et les incertitudes quant aux possibilités de retrouver au quotidien, leur train de vie qui a été toujours le leur, avant que cette ville du pays ne bascule dans les tensions et les affrontements. Après une accalmie voilà que les nouveaux affrontements éclatés mercredi dernier, entre des élèves, adolescents faut-il le rappeler, du lycée sis au quartier d’El Qorti, à Ghardaïa, la situation bascule et remet sous les feux de la rampe cette région du pays. Depuis cette journée, des tensions et des affrontements ont rythmé le quotidien des habitants de Ghardaïa, durant trois jours, soit de jeudi à samedi. Les forces des services de sécurité, policiers et gendarmes sont intervenus, en ces jours précités marqués de tensions et d’affrontements.
La bagarre survenue, mercredi dernier, entre lycéens de l’établissement scolaire précité, l’intervention des forces de l’ordre, puis l’arrestation de six jeunes, au niveau de la cité El Korti, contestée, le lendemain jeudi, par des manifestants exigeant leur libération et ensuite la propagation des affrontements à d’autres quartiers de Ghardaïa.
Vendredi, c’est la même atmosphère qui a régné, notamment dans certains de ces quartiers. Censée être une journée de piété, de fraternité et du vivre ensemble, le vendredi succédant les jours précités n’a pas été imprégné de ces valeurs et des nobles sentiments. La situation envenimée a duré jusqu’à samedi dernier. Les évènements de Ghradaïa semblent être un réel casse-tête pour le gouvernement et un cauchemar pour les habitants de cette ville algérienne. Quant à ceux qui à la moindre étincelle pour que ca bascule dans la violence et les affrontements, ils soufflent sur les braises générées par les évènements vécus l’année dernière par les habitants de Ghardaïa. Dans une de ses déclarations, l’année passée, sur les évènements dans cette région du pays, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a averti, juin dernier, à partir de Ghardaïa, que «nous appliquerons les lois de la République dans toute leur rigueur». En effet, les affrontements ont repris de plus belle entre les groupes de jeunes dans les quartiers dits El-Hofra, Baba-Saâd et Aïn Lebeau. Recrudescence de la violence éclatée, vendredi, après que des jeunes du rite malékite allaient rejoindre une mosquée située dans le quartier El-Hofra à forte densité d’Algériens du rite ibadite. Une agression a été commise par des inconnus, le visage ayant été voilé, contre des fidèles de la dite mosquée d’El-Hofra… et la situation dégénère, pour se transformer en affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Ce qui ne règle en rien les causes des évènements tragiques et sporadiques dans cette région du pays tant que le traitement d’ordre politique, économico-social et notamment d’ordre sociologique ne se manifeste d’une manière conséquente à la mesure de la nature des enjeux et des risques majeurs que véhicule cette situation.
Karima Bennour