Presque une semaine après les douloureux événements de Ghardaïa, ayant causé la mort d’une vingtaine de personnes et une dizaine de blessés parmi la population locale, un calme précaire s’y installe. À Gerrara, Berriane et la Vallée du M’zab, pour n’en citer que ces foyers de tension, la population vaque à ses occupations, certes, mais la peur au vendre. Ces cités, qui se sont transformées en un véritable brasier, durant les journées de mardi et mercredi derniers, ont repris leur train-train quotidien. Ce fut le constat établi, sur place, par Ramdane, ayant été joint par téléphone afin de faire le point de la situation. Ce jeune hôtelier a voulu illustrer ses propos en tenant à décrire l’image qui reflète plus au moins l’atmosphère perceptible dans ces citées urbaines, au lendemain des violents heurts interposant la population. En effet, selon les indications de Ramdane, les affrontements ont cessé depuis la nuit de jeudi dernier, et le calme a commencé à se sentir depuis le matin de vendredi. Ainsi, les citoyens ghardaouis qui ont fait de samedi et vendredi des journées de deuil, consacrées à l’enterrement des victimes de ces tragiques événements, veulent reprendre la vie normale. Selon les observations de notre interlocuteur, «certes, le calme est là. Les cités reprennent le rythme de vie qu’on leur reconnaît. Les magasins ont rouvert les portes, même si l’activité commerciale reste timide, la circulation routière enregistre un timide mouvement, et les citoyens semblent vaquer à leurs occupations quotidiennes. Mais, les habitants restent sur leur garde, car, la situation demeure tendue, et ils ne sont pas encore en mesure de tourner la page et d’oublier de sitôt ce qui s’est passé. Les gens sont traumatisés par l’intensité des échauffourées ayant été à l’origine de la mort d’hommes et de personnes blessées», Poursuit notre source. Sur les lieux, les stigmates et les marques des violences sont visibles dans la Vallée du M’zab, à Berriane et à Guerrara. Des rues parsemées de gravas, de débris de verres et autres objets hétéroclites jonchent sur le long de la chaussée et des maisons et autres locaux de commerce portent les traces d’incendies. Les mesures concernant le renforcement des dispositifs sécuritaires dans la région, décidées, jeudi dernier, par le président de la République, trouvent leurs explications par les centaines de policiers, de gendarmes et des militaires déployés et dispatchés un peu partout dans les cités ghardaouies. Des barrages des services de sécurité sont dressés à l’entrée des quartiers et régulent la circulation routière et passent au peigne fin les automobilistes, avant de leur autoriser l’accès. Toujours selon notre interlocuteur qui se trouve à la Vallée du M’zab, en dépit des craintes et des appréhensions de la population locale, quant à un retour subit des violences, certains habitants s’affèrent déjà à reconstruire leurs biens immobiliers, ainsi saccagés (maisons, magasins de commerce…).
En voulant revenir sur «l’horreur» qu’il avait vécue, Ramdane a indiqué qu’il n’avait jamais été aussi inquiété sur sa vie que durant la semaine passée. «Il y a eu comme des actes et des pratiques terroristes. J’ai entendu des coups de feu tirés depuis des armes à canon et des explosions produites par le moyen de bonbonnes de gaz. Il s’agit d’une véritable guerre entre jeunes citoyens qui s’échangeaient des tirs de pierres nourris de cocktails Molotov», a-t-il récité. Le même topo est observé à Guerrara et Berriane, deux autres localités ayant enregistré leur «part» de violence et leur «lot» de victimes. Selon notre source, des dizaines de maisons sont détruites à tel point que l’«exode» et le déplacement des familles pour aller quémander abri auprès des proches commencent à se faire sentir. En outre, des dizaines de blessés sont toujours en observation médicale dans l’hôpital de la ville. À travers les réseaux sociaux, des photos montrent le niveau de violence et les conséquences des événements survenus dans cette région, autrefois bastion de la tolérance et de paix. À travers un appel rendu public, samedi dernier, le Conseil des notables mozabites a appelé au calme, et a salué l’initiative du président de la République et de la délégation du gouvernement qui s’est rendue à Ghardaïa, jeudi dernier. Le même Conseil a indiqué attendre beaucoup des autorités à travers leurs gouvernement de retrouver le calme et la sérénité, avant de souligner les attentes de la population en matière de développement local et notamment la prise en charge des préoccupations juvéniles.
Farid Guellil