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Gel de la retraite proportionnelle et sans conditions d’âge : la CNR dément

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Il semble que les explications que Djawab Bourkaïb, directeur général de la Sécurité sociale au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale (MTESS), a données lors de son passage, lundi 6 juin, à l’émission «L’Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio nationale, sur la différence existant entre «la retraite proportionnelle et sans conditions d’âge» et «la retraite anticipée», n’ont pas eu les échos escomptés parmi les franges de la population directement concernées: les travailleurs, ayant déjà déposé leurs dossiers (de retraite) dans le cadre de l’un ou l’autre de ces deux dispositifs, sont dans l’attente de leur liquidation ; ou ceux, toujours en activité, qui le feront dans un avenir proche ou lointain.

Ce que les multiples actions de protestation contre l’objet de l’annonce précitée, organisées çà et là à travers le territoire national, et dans différents secteurs d’activité, tend à confirmer. Sauf que ces actions, notamment celles organisées par le collectif des travailleurs de Sonatrach du champ gazier de Hassi-R’mel et par ceux de la SNVI de Rouiba, ont tout l’air d’avoir été enclenchées sur la base d’une confusion entre les deux dispositifs de retraite; une confusion que Djawad Bourkaïb a, précisément, tenté de lever lors de son passage à l’émission précitée de la Chaîne 3 de la Radio nationale.
À savoir que l’abrogation annoncée ne concerne que la retraite proportionnelle et sans conditions d’âge; un dispositif instauré, a-t-il expliqué, «en 1997, dans le cadre du Plan d’ajustement structurel (PAS) que le FMI avait alors imposé à l’Algérie» qui permettait, à tout travailleur âgé d’au moins 50 ans et réunissant «une durée de travail effectif ayant donné lieu à versement de cotisation égal à vingt ans au moins», qui le souhaitait, de partir en retraite avant l’âge légal de 60 ans. Mais aucunement la retraite anticipée qui est, avait ajouté le DG de la Sécurité sociale au MTESS, «maintenue». Bien mieux, il a également précisé, dans une sorte de réponse anticipée aux travailleurs des deux entreprises précitées qui ont mis en avant la pénibilité de leur travail pour exiger le maintien de la retraite anticipée, que d’autres dispositifs existent dans le système de retraite national qui répondent largement à leurs préoccupations. Et de citer, «les pensions d’invalidité» qui sont versées aux travailleurs ne pouvant plus exercer leur activité, et ce, conséquemment à sa pénibilité; des pensions qui leur seront versées jusqu’à l’âge de 60 ans et qui entreront dans le calcul de leur pension de retraite: les années durant lesquelles ils les percevront étant, en effet, comptabilisées, a-t-il précisé, «comme années de travail effectif». Pour rester avec les précisions relatives à l’annonce faite par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de la Tripartie du 5 juin dernier, émanant des instances officielles, la direction générale de la CNR s’est retrouvée dans l’obligation d’en faire une autre, avant-hier, jeudi. Cette fois-ci, pour apaiser les craintes de nombreux travailleurs, de différents secteurs d’activité, ayant déjà déposé leur dossier de retraite proportionnelle au moment où l’annonce précitée a été faite: «La CNR n’a reçu aucune instruction pour geler les dossiers de départ à la retraite proportionnelle et sans conditions d’âge», ont déclaré à l’APS des sources proches de ladite direction générale. Bien mieux, ces sources ont ajouté que «la CNR (continuait) de recevoir et de liquider les dossiers liés à la demande de départ (dans le cadre) de la retraite proportionnelle et sans conditions d’âge». Une précision qui apaisera, sans aucun doute, les craintes des milliers d’enseignants dont la demande de départ en retraite dans le cadre du dispositif précité a permis, comme nous l’a indiqué un syndicaliste de la wilaya de Tipasa –membre de l’UGTA–, lui-même concerné, «la libération d’un grand nombre de postes d’emploi; laquelle a permis l’organisation du concours pour le recrutement de 28 000 nouveaux enseignants, dont les résultats sont attendus pour les prochains jours».
De là son interrogation: «Si l’on nous empêche de partir que vont devenir les lauréats du concours en question?» Toujours à propos des réactions qui ont suivi l’annonce du retour à l’âge légal de 60 ans pour tout départ à la retraite, autre que ceux motivés par les cas ouvrant droit à la retraite anticipée, et au bénéfice de «revenus de remplacement pour cause d’invalidité», certains syndicats du secteur de l’Éducation ont «profité de l’occasion» pour remettre sur le tapis une de leurs plus récurrentes revendications; à savoir, pour les personnels de l’Éduction, la possibilité de partir après 25 années d’exercice. Ce qui laisse supposer que le secteur n’est pas près de connaître l’apaisement souhaité: des informations crédibles font, en effet, état d’une concertation entre ces syndicats pour le lancement d’actions visant à obtenir gain de cause.
Pour en revenir à l’abrogation de la retraite proportionnelle et sans conditions d’âge, toutes les informations disponibles indiquent que son application ne se fera pas de sitôt. Pour des raisons procédurales essentiellement. En annonçant l’abrogation en question, le Premier ministre avait également annoncé «la mise en place d’une commission pour élaborer le projet de loi modifiant l’Ordonnance 97-13 du 31 mai 1997» qui a institué «le départ à la retraite proportionnelle et sans conditions d’âge»; ce qui, si l’on inclut tout l’itinéraire réglementaire que le projet finalisé doit parcourir pour être applicable, nécessitera, à coup sûr, un temps qui ne sera pas court. Une perspective que l’annonce par la Centrale syndicale du 1er-Mai de mettre, à son tour, sur pied un groupe de travail chargé «de déterminer les métiers pénibles et dangereux, dont les travailleurs pourront continuer à bénéficier de la retraite sans condition d’âge».
Mourad Bendris

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