Les « gâadas » ramadhanesques de femmes, habituellement organisées le soir dans les maisons, investissent de plus en plus les espaces verts à Oran. Sécurisés et offrant un cadre agréable, ces espaces verdoyants et en nombre sans cesse croissant dans la capitale de l’ouest du pays, encouragent les ménagères à sortir prendre un bol d’air frais en période estivale et à se relaxer d’une journée de labeur. Prenant goût depuis quelques années aux sorties nocturnes, les femmes n’éprouvent plus le plaisir de veiller à domicile avec les voisines, amies et autres proches, ont confié certaines d’entre elles. « L’époque des veillées à domicile semble révolue. Aujourd’hui, je préfère sortir le soir que de recevoir des invités ou être reçue à domicile. Je suis plus tentée par les lumières des parcs de loisirs et la fraîcheur ambiante », a indiqué Mokhtaria, une quadragénaire, femme au foyer. Après la rupture du jeûne (iftar), les femmes sont de plus en plus nombreuses à prendre le chemin des espaces verts de proximité, munies d’accessoires de repos (chaises pliantes, tapis, …) et de provisions (boissons, gourmandises, …), formant des groupes pour discuter et se divertir jusqu’à une heure tardive. A hai « Seddikia », hai « El-Akid », hai « El-Yasmine », hai « Ennour » et hai « Sabah », les « gâadas » de femmes sont devenues fréquentes, supplantant les veillées traditionnelles héritées de génération en génération suscitant la nostalgie chez certaines. « Bien des choses qui avaient un charme au mois de Ramadhan ont tendance à disparaitre devant les exigences et mutations de la vie moderne », a confié Naïma, avec regret. La « gasra » du bon vieux temps.La « gasra », également interprétéé comme veillée de divertissement faisant partie des us et coutumes durant le mois sacré à Oran, en hiver comme en été, garde toutefois une saveur particulière. Des femmes, proches et voisines surtout, se rencontrent à tour de rôle chez l’une d’elles et s’adonnent à des « gaâdas » où elles évoquent les souvenirs et échangent les idées dans une ambiance conviviale. Les « gaâdas » ramadhanesques tant attendues représentent une bouffée d’oxygène pour les femmes au foyer, et les vielles surtout, et une occasion pour la réconciliation et le raffermissement des liens. organisées à tour de rôle dans un domicile, ces rencontres sont mises à profit pour discuter d’art culinaire (recettes), d’éducation des enfants, de questions religieuses, recueillir des informations, imaginer des projets et parfois préparer des fêtes de circoncision, nuptiales, nonobstant celle de l’Aïd El-Fitr. La femme qui reçoit les invitées, excelle à étaler son savoir-faire dans la préparation de gâteaux traditionnels comme « chamia » et le prestigieux plat de « Mesfouf », un genre de couscous achalandé de certains légumes. La canicule caractérisant le climat des mois de ramadhan des dernières années favorise de telles rencontres sur les terrasses des maisons individuelles, fait remarquer une septuagénaire, Khadidja, qui préfère aujourd’hui sortir en plein air.