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Fuite des capitaux : un milliard d’euros transférés illicitement en 2015

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Intervenant hier au forum du quotidien El Moudjahid, le directeur général des Douanes, M. Kaddour Bentahar, a fait état de plusieurs types de fraudes et de corruption, y compris celles existant au sein de son institution, qui représentent des sommes colossales. Il s’est montré déterminé à lutter contre ce phénomène. La fraude a augmenté de 17% en 2015 par rapport à l’année précédente, dans la mesure où 26 000 cas ont été enregistrés, dont 19 000 de nature commerciale, 6 000 en contrebande et près d’un millier de cas en change de monnaies. Pour ce dernier type de fraude, M. Bentahar a donné le chiffre de 14 milliards de Dinars, l’équivalent d’environ 1 milliard d’Euros transférés illicitement, en 2015, de l’Algérie vers l’étranger, alors que pas moins de 30 millions d’Euros ont été saisis au niveau des frontières, un montant en augmentation vertigineuse de 227% par rapport à l’année 2014. Ça ne s’arrête pas là, puisque un million de litres de carburants (plus de 38% par rapport à 2014), ainsi que 10 kilogrammes d’or destinés à des pays voisins ont été interceptés. Ajoutés à cela les 30 000 comprimés et autres psychotropes avec des quantités de cocaïne et de morphine, ainsi que plusieurs conteneurs de produits pyrotechniques introduits illégalement en Algérie qui ont été bloqués. Toujours en 2015, 554 infractions ont été enregistrées par les services des Douanes, dont 50% en contrebande, ce qui a représenté 68 milliards DA d’amendes, sachant que seulement 11,5 milliards DA ont été recouvrés sous différentes formes (application de décisions de justice, saisies de biens, ventes aux enchères et autres taxes…). Abordant la contrefaçon, l’orateur a avancé le chiffre d’un million de produits contrefaits bloqués au niveau des frontières, en 2015. Selon lui, ces produits proviennent essentiellement des pays comme l’Espagne, la Chine, la Turquie et la Roumanie. Le rôle des chancelleries algériennes, en vue de lutter contre ce phénomène en coordination avec les Douanes, reste très marginal, selon des intervenants parmi l’assistance. Ce qui n’est pas un secret, la corruption existe au sein même de l’institution douanière. Son DG a révélé, en effet, que 110 cas ont été confirmés, pour lesquels la suspension de l’exercice de l’activité est intervenue automatiquement dès établissement de preuves. Quant à la sanction, elle va, selon la gravité, de l’administrative jusqu’à la révocation avec poursuites judiciaires, et ce, suite à des enquêtes de l’Inspection générale.

Le même responsable a parlé de la moralisation de la profession et de l’obligation de respect de l’éthique. Il a fait savoir, dans ce cadre, qu’un partenariat est établi avec l’Office national de prévention et de lutte contre la corruption, qui s’est soldé par l’introduction d’un module dans la formation des douaniers et d’autres actions suivront.
Le conférencier a donné quelques exemples de fraude qui se caractérisent par l’utilisation de registres de commerce avec des prête-noms, la surfacturation de marchandise, la non déclaration fiscale, la non déclaration du parcours d’importation et l’abandon de marchandises au niveau des entrepôts.
Pour durcir le dispositif de contrôle, M. Bentahar a cité, entres autres mesures, la coordination avec les banques, le Centre du registre du commerce, la Cellule du renseignement financier et la Direction générale des impôts, la déclaration des marchandises par le transporteur, ainsi que l’utilisation des fichiers de la Sûreté nationale au niveau des frontières. Il a insisté dans ce sens, sur la priorité de l’action de cette administration orientée vers la protection de l’économie nationale. Par ailleurs, M. Bentahar a informé l’assistance qu’un projet de création de base de données contenant 18 000 produits est en phase de réalisation par le Centre d’information et des statistiques des Douanes. Sur le plan international, des négociations sont menées par le ministère des Affaires étrangères, avec participation des Douanes, en vue d’accéder au fichier européen contenant 30 000 produits destinés à l’exportation vers l’Algérie.
D’autre part, le premier responsable des Douanes algériennes est revenu, lors de cette rencontre, sur la stratégie de développement de cette institution pour la période 2016 – 2019. Une stratégie déjà approuvée par les autorités publiques et qui a nécessité pas moins de quatre textes de lois. Son élaboration a impliqué l’ensemble des cadres douaniers, avec l’apport d’une expertise étrangère, notamment les experts de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Cette stratégie, dont la mise en œuvre est déjà entamée, est déclinée sur plusieurs axes. L’organisation interne qui mènera vers la décentralisation de l’acte de gestion et de la décision. La modernisation du système d’information en l’adaptant aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’amélioration de la gestion des ressources humaines via une traçabilité du parcours professionnel.
La formation en vue de la professionnalisation des effectifs. La communication par l’ouverture sur les médias et les entreprises. Enfin la prise en charge des droits sociaux des travailleurs (soins médicaux, sports…). La dernière question abordée par le DG des Douanes est celle relative au recrutement. Il a annoncé, ainsi, que son institution compte effectivement renforcer ses structures à travers les différents segments et qu’à cet effet, une procédure est en phase de mise en place, en vue de définir les postes et les conditions y afférentes. Cette opération devrait déboucher sur le recrutement de personnels compétents et pallier par là-même aux départs en retraite pour lesquels près de 200 personnes sont concernées chaque année, a-t-il conclu.
Lyes Azizi

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