La fragile trêve censée apporter un répit à la population de Ghaza n’aura été qu’un court mirage. Dans la nuit de samedi à dimanche, l’armée de l’entité sioniste a mené de nouvelles frappes sur plusieurs secteurs du nord et du sud du territoire, notamment à Chujaïya et à Khan Younès.
Ces attaques, survenues malgré le cessez-le-feu conclu le 10 octobre, ont plongé encore davantage la population dans le chaos et la peur, confirmant que la paix reste hors de portée pour les habitants de l’enclave assiégée. Les bombardements, décrits par la Défense civile palestinienne comme d’une violence inouïe, ont ravagé les zones résidentielles à l’est de Chujaïya, où plusieurs immeubles ont été entièrement soufflés par des explosions provoquées, selon les témoins, par des « robots piégés » et des frappes aériennes successives. Les tirs d’artillerie se sont également abattus sur Beit Lahia, dans le nord du territoire. Ces zones, situées au-delà de la « ligne jaune » définie par l’accord de cessez-le-feu, étaient censées être sous contrôle de l’armée sioniste, ce qui démontre la violation manifeste de l’accord. Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, a dénoncé des « explosions continues et aveugles », accusant l’ennemi de « détruire méthodiquement ce qui reste des habitations et des infrastructures civiles ». Sur le terrain, les équipes de secours luttent dans des conditions extrêmes pour extraire les corps des décombres. Beaucoup sont encore ensevelis sous les ruines de maisons pulvérisées, d’autres exhumés de tombes improvisées creusées durant les deux années d’attaque contre le territoire. Depuis 2023, faute d’accès aux cimetières officiels, des centaines de familles ont été contraintes d’enterrer leurs proches dans des parcs, des cours d’écoles ou même sur les routes. Le Centre euro-méditerranéen des droits humains rappelle que depuis la trêve, plusieurs centaines de dépouilles ont été transférées vers des sépultures légales, une tâche rendue presque impossible par l’insécurité permanente. La famine continue de ronger le territoire. Le porte-parole de la Défense civile décrit une situation « au-delà de toute description » : les habitants sont affamés tandis que les marchés, paradoxalement, débordent de produits importés hors de prix, inaccessibles pour une population ruinée.
Le bureau gouvernemental de Ghaza affirme que seulement 24 % des camions d’aide prévus par l’accord ont pu entrer dans le territoire. Sur les 600 convois humanitaires promis chaque jour, à peine 136 franchissent les points de passage, un chiffre confirmé par la résistance palestinienne. Résultat : les prix des denrées de base ont explosé, les protéines sont introuvables, et la malnutrition touche la majorité des familles. L’ancienne rapporteuse de l’ONU pour le droit à l’alimentation, Hilal El-Far, a résumé la situation en ces termes : « La fin des bombardements ne signifie pas la fin de la faim. » Le ministère de la Santé de Ghaza a publié un bilan tragique : sept Palestiniens tués ces dernières 24 heures, dont trois sous les décombres, et six blessés. Depuis le 7 octobre 2023, la guerre a coûté la vie à 68 865 Palestiniens, blessé 170 670 autres et détruit la quasi-totalité des infrastructures sanitaires. Depuis la signature du cessez-le-feu, 236 personnes ont encore péri et 600 ont été blessées, tandis que 502 corps ont été retrouvés sous les ruines. Les hôpitaux, privés de médicaments, de carburant et d’équipements, ne peuvent plus faire face à l’afflux de victimes. Plus de 30 000 malades sont en attente d’évacuation vers l’étranger. Pendant ce temps, Washington reste silencieux. Le bureau d’information du gouvernement de Ghaza accuse la Central Command américaine de fermer les yeux sur les crimes sionistes tout en relayant des « récits mensongers » visant à justifier les violations du cessez-le-feu. Le communiqué officiel dénonce un « mutisme coupable» de la part des États-Unis : «Où est la position américaine face à l’assassinat de 250 Palestiniens, dont 91 % de civils ? » interroge le texte, qui conclut : « La vérité ne peut être effacée par des communiqués ; le bourreau reste le même, et la victime demeure le peuple palestinien».
La résistance réaffirme son engagement malgré la reprise des hostilités
Face à ces violations, la résistance palestinienne réaffirme sa position. Depuis Istanbul, Khalil Al-Hayya a déclaré que le mouvement restait attaché aux accords signés et à la récupération des corps des soldats ennemis, mais exigeait le retrait total des forces sionistes du territoire et la mise en place d’un comité indépendant pour administrer Ghaza. La résistance a appelé la Croix-Rouge et les médiateurs internationaux à fournir le matériel nécessaire pour retrouver simultanément les dépouilles de prisonniers sionistes dans la zone dite du « ligne jaune ». Mais derrière le discours diplomatique, les faits montrent que la trêve n’est qu’un leurre. Les frappes de la semaine écoulée ont fait plus de cent morts, majoritairement des femmes et des enfants. Les analystes soulignent que le gouvernement de Benyamin Netanyahou, affaibli et sous la pression de ses alliés d’extrême droite, laisse planer la menace d’une reprise totale des hostilités. Les ministres Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, figures de l’aile radicale du pouvoir, exigent ouvertement la poursuite de la guerre et menacent de faire tomber la coalition si celle-ci ne « détruit pas totalement la résistance ». Les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme. Le Centre palestinien pour les droits humains indique que seulement 10 % des camions d’aide convenus ont été autorisés à entrer dans la bande de Ghaza. Plus de 6 000 véhicules chargés de vivres et de médicaments sont bloqués à la frontière. Médecins Sans Frontières décrit une « situation apocalyptique » où la famine se conjugue aux épidémies, aux blessures non soignées et à l’effondrement du système sanitaire. Le carburant, indispensable pour alimenter les hôpitaux et les stations de pompage d’eau, est rationné au compte-gouttes. Deux ans après le début de l’offensive sioniste d’octobre 2023, Ghaza n’est plus qu’un champ de ruines. Plus de 90 % des infrastructures civiles ont été détruites, les pertes économiques dépassent 70 milliards de dollars, et la majorité des habitants vivent désormais sous des tentes ou dans des ruines. Les coupures d’électricité, la rareté de l’eau potable et la propagation des maladies transforment le quotidien en survie permanente. Malgré la trêve proclamée, les violations continues prouvent que le cessez-le-feu n’a de valeur que sur le papier. L’entité sioniste maintient son emprise militaire sur plus de la moitié du territoire, tandis que la population, exsangue, tente de subsister dans un paysage dévasté. Ghaza reste un territoire asphyxié, pris au piège d’un blocus qui empêche toute reconstruction et condamne ses habitants à la faim, à la maladie et à la peur. Mais dans cette obscurité persistante, la dignité d’un peuple refuse de s’éteindre. Malgré la guerre, malgré les ruines et malgré l’abandon international, les Palestiniens de Ghaza continuent de témoigner par leur résistance quotidienne qu’aucune puissance ne peut détruire leur droit à la vie, à la liberté et à la souveraineté. Leur survie même, au cœur du désastre, demeure un acte de défi.
M. Seghilani














































