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France : Sarkozy en pleine tourmente

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SarkozyLa diffusion des enregistrements secrets de Buisson menace les ambitions de l’ex-président…, mais pas la ligne politique de droitisation qu’il incarnait. «Trahison». Voilà ce qu’a articulé froidement Nicolas Sarkozy en découvrant cette semaine que son conseiller Patrick Buisson avait enregistré à son insu des centaines et des centaines de réunions confidentielles à l’Élysée. Le 11 février, quand Le Point révèle l’existence de ces enregistrements, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy nie tout en bloc. «Ces enregistrements n’existent pas. Je vais porter plainte contre Le Point», martèle-t-il à l’ex-président comme à tous ses amis proches. Mensonge ! Le mardi 4 mars, Le Canard enchaîné puis Atlantico publient des extraits de conversations qui prouvent l’existence de ces enregistrements sonores réalisés en secret par le magnétophone que le politologue d’inspiration maurrassienne glissait dans la poche de sa veste.

Sarkozy-Buisson, la rupture
Depuis plusieurs semaines, Nicolas Sarkozy cherchait à se détacher doucement de Patrick Buisson, son conseiller depuis plus de dix ans. «Je lui dois ma victoire en 2007», «je n’aurais jamais perdu de si peu face à François Hollande en 2012 sans lui»… L’ex-chef de l’État ne tarissait pas d’éloges au sujet de l’ancien journaliste de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute qui se décrit comme «un monarchiste, un royaliste» et qui est à l’origine des deux dernières campagnes présidentielles ultra-droitières. Mais voilà, Sarkozy en avait assez d’apparaître comme l’homme d’une seule ligne politique. «Nicolas Sarkozy a été trop associé à Buisson qui était perçu comme son gourou. Il fallait qu’il se défasse de tout ça», explique un élu.
Après cette «trahison», la relation est réellement rompue. Jeudi, l’ancien locataire de l’Élysée et son épouse Carla ont décidé de saisir la justice pour atteinte à l’intimité de leur vie privée. Une offensive qui vise à empêcher que de nouveaux extraits soient diffusés dans la presse. «La rupture est consommée entre Nicolas Sarkozy et Patrick Buisson. Il ne le verra plus», confie un proche des deux hommes.

Sarkozy abîmé
Dans son malheur, Nicolas Sarkozy pourra toujours essayer d’en profiter pour se refaire une virginité. Il pourra affirmer qu’il prépare son éventuel retour «en homme libre», au-delà «des clivages politiques», et plutôt par «le centre» en vue de rassembler tous les Français (dixit un sarkozyste).
«Il pourrait prendre comme slogan la Gauche forte», plaisante d’ailleurs Marine Le Pen, pas dupe de la manoeuvre. Mais l’affaire «Sarkoleaks» pose tout de même la question du véritable fonctionnement de l’Élysée entre 2007 et 2012 et révèle l’importance de Patrick Buisson auprès de l’ex-président. «Les enregistrements prouvent bien que Sarkozy était sous influence…», commente un élu.
À l’UMP, d’aucuns notent ainsi que même si Nicolas Sarkozy est «victime» de cette affaire, ses ambitions présidentielles pourraient bien être compromises. «Patrick Buisson et Claude Guéant (mis en cause dans le cadre du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, NDLR), deux pièces maîtresses du dispositif Sarkozy, sont au tapis. Ils ne seront plus là pour l’aider», relève un observateur politique de poids. D’ailleurs, dans le camp de François Fillon, on se frotte les mains. D’autant plus que Jean-François Copé apparaît fragilisé après les révélations du Point selon lesquelles il aurait favorisé une entreprise tenue par ses proches au détriment de son propre parti.

La «ligne Buisson» n’est pas morte
Cela dit, ceux qui veulent en profiter pour enterrer sans fleurs ni couronne la ligne droitière incarnée par Buisson en sont pour leurs frais. Ainsi, la Droite forte, ce courant sarkozyste proche de Patrick Buisson, n’a pas prévu de mettre la clé sous la porte. «Nous n’avons qu’un inspirateur : Nicolas Sarkozy. Nous ne tirons pas notre légitimité d’un homme, mais des militants qui ont fait de notre mouvement le premier de l’UMP», explique Geoffroy Didier, à la tête de ce mouvement avec Guillaume Peltier.

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