Accueil À LA UNE France-Maroc : Curieuses manœuvres navales en Méditerranée 

France-Maroc : Curieuses manœuvres navales en Méditerranée 

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Cet exercice naval conjoint entre la France et le Maroc ayant court depuis 1996 n’est pas une surprise. En revanche, le déploiement, pour la première fois, d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français dans ces manœuvres, exécutées à Casablanca puis en mer d’Alboran, suscite des interrogations.

Le traditionnel exercice naval « Chebec » conjoint entre la Marine royale marocaine et la Marine nationale française,  dans sa 30e  édition, a été lancé le 7 octobre dernier pour se poursuivre jusqu’au 13 du même mois. Selon des sources médiatiques des deux pays, cet exercice, placé prétendument sous le signe de la lutte anti-sous-marine, a débuté, dans un premier temps, à quai, où la flotte des deux forces conjointes a opéré à Casablanca. Pour la deuxième étape, les opérations navales évolueront en mer d’Alboran, sur les côtes méditerranéennes est du royaume. D’ailleurs, durant l’année passée, par exemple,  la France avait déployé la frégate ‘’La Fayette’’ pour le Chebec 2023, alors que son homologue marocaine avait engagé la frégate multifonctions ‘’Tarik Ben Ziad’’, réceptionnée en septembre 2011. A ce stade, il n’y a rien de curieux à noter pour un exercice naval conjoint qui a cours depuis 1996.

En revanche, ce qui suscite des interrogations, c’est le déploiement, pour la première fois, d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français, dans ces manœuvres dans la Méditerranée occidentale, soit à quelques encablures des eaux territoriales algériennes. S’agit-il d’un signe avant-coureur qui nous dit l’objet de la visite, prévue fin octobre courant, du président Emmanuel Macron au Maroc, dans son dossier relatif à une probable coopération militaire à renforcer ? 

Pour des observateurs au fait des affaires militaires et de défense, la présence d’un SAN dans les eaux marocaines n’est pas un fait anodin. Les mêmes sources expliquent, par exemple, que le Royaume marocain tente de rattraper son retard en matière de développement de ses forces navales. Dans ce sens, les Forces armées marocaines  seraient tentées par un projet d’acquisition d’une flottille de sous-marins français. En aout 2024, un média marocain avait fait état de l’intérêt du Royaume qui a manifesté son intention d’acheter un sous-marin russe de classe ‘’Amour’’ (5ᵉ génération). Mais, depuis, rien n’a été concrétisé avec les Russes. Cependant, et  selon les observateurs cités en haut, le Maroc n’a pas, pour autant, abandonné le dossier des sous-marins. D’autres marchés ? Pour l’heure, soulignes les mêmes sources, le curseur a été mis sur l’Allemagne et la France, où deux constructeurs auraient été sondés. 

Autre question qui taraude l’esprit, le fait que ces manœuvres, sinon le déploiement d’un sous-marin nucléaire en Méditerranée, intervient à quelques jours de l’enterrement des accords commerciaux entre le Maroc et l’Union européenne concernant la pêche et des produits agricoles s. La France, entre autres pays européennes, qui a perdu gros dans cette affaire, tente-t-elle, à travers  ce qui s’apparente à une démonstration de force, de dire qu’elle est prête, pour sauvegarder ses intérêts au Maroc ou même ailleurs, quitte à violer la souveraineté des territoires sahraouis occupés ?   

Farid Guellil

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