Les « gilets jaunes », mouvement populaire né du ras-le-bol fiscal et de la dégradation du pouvoir d’achat en France, ont rendu hommage samedi, à travers son douzième samedi de mobilisation dans plusieurs villes, à leurs blessés victimes de « violences policières ».
Selon un recensement du journaliste indépendant David Dufresne sur les violences policières, qui a dressé une typologie des blessures publiée sur son compte Twitter, il y aurait eu 168 blessés à la tête, 11 blessés à la main, 9 blessés au dos, 41 blessés aux membres inférieurs, 3 blessés aux parties génitales, 56 autres non encore renseignés et 58 intimidations, insultes et entraves à la liberté de la presse. Parmi ces blessés, il y a eu 1 décès, 17 éborgnés et 4 manifestants dont les mains ont été arrachées. Les chiffres du ministère de l’Intérieur du 31 janvier 2019 font état de 1.900 blessés, 7.000 interpellations, dont 2.415 à Paris, 1.000 condamnations. Il y a eu également 243 signalements déposés à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui a déclenché 116 enquêtes. Les mêmes chiffres évoquent 9.228 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) et 1.200 blessés parmi les forces de l’ordre. Vendredi, le Conseil d’Etat, saisi par des demandes tendant à ce qu’il ne soit plus fait usage de lanceurs de balle de défense (LBD) lors des manifestations de « gilets jaunes », a estimé que l’usage du LBD de 40 mm « ne peut être regardé, en l’état, comme de nature à caractériser une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester et au droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants ». Hormis la capitale, qui draine chaque samedi une foule nombreuse de « gilets jaunes » où un décompte du cabinet Occurrence pour les médias a recensé 13.500 manifestants, c’est Valence (sud-est de la France) qui a volé la vedette où on a annoncé très tôt la mobilisation de quelque 10.000 manifestants. Les accès à la ville sont contrôlés et le centre est interdit par les forces de sécurité, sauf aux habitants et aux commerçants sur présentation d’une carte d’identité et d’un justificatif de domicile ou d’activité. Selon France Bleu Drôme Ardèche, Valence a pris en fin de matinée des allures de ville morte, mais on signale des tensions en début d’après-midi où, d’après des sources policières, 18 personnes ont été interpellées près de 80 « armes » saisies. A Paris, le défilé qui s’est ébranlé de la place Félix Eboué (Daumesnil 12earrondissement) a atteint la place de la République où on signale déjà les premières tensions entre les manifestants et les forces de sécurité. Dix personnes ont été interpellées et la police lance des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, alors que la manifestation s’est déroulée depuis le début dans le calme. Plusieurs villes ont connu la même mobilisation en attendant la grève générale, appelée par le syndicat la CGT, pour mardi prochain. La France, rappelle-t-on, connaît depuis novembre une crise sociale dont les manifestations sont menées par le mouvement des « gilets jaunes », apartisan et asyndical, qui a pris naissance à travers les réseaux sociaux. Plusieurs autres mouvements sociaux se sont greffés à cette colère dont celles des retraités qui ont manifesté jeudi pour la reconquête de leur pouvoir d’achat. En marge de la mobilisation de ce samedi des « gilets jaunes », une autre mobilisation des « stylos rouges », celle des enseignants et des professeurs du secteur de l’éducation, a été organisée à travers nombre de villes françaises qui s’offusquent de leur conditions de travail, du manque de reconnaissance et des dernières réformes, dont notamment celle liée au lycée professionnel. En organisant le « grand débat national », le président Emmanuel Macron et son gouvernement n’arrivent pas, pour le moment, à apporter des solutions à cette crise malgré les mesures sociales annoncées en fin d’année.