Trois militants et jeunes cadres de la RASD ont animé, hier, à notre invitation, le Forum du Courrier d’Algérie. Deux sujets liés l’un à l’autre ont été abordés. Le développement de la question sahraouie et le pillage des ressources naturelles dans les territoires occupés.
Ouvrant le bal, Embarek Sid Ahmed Mamine, responsable du dossier des villes occupées au sein du Syndicat des travailleurs sahraouis et militant dans le domaine des droits de l’homme et des ressources, a abordé le développement de la question sahraouie et de la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés par le Maroc. Selon notre invité, si le Maroc a commencé à réprimer dans le feu et le sang le peuple sahraoui depuis l’invasion et l’occupation de ses territoires en 1975, la situation, un demi-siècle plus tard, a évolué de mal en pis. La situation s’est exacerbée depuis le 13 novembre 2020, le jour où la Maroc a violé le cessez-le-feu conclut avec le Polisario en 1991 en menant une agression militaire dans la zone tampon d’El-Guerguerat. Nouvelle donne depuis quelques temps, le black-out médiatique imposé par le Maroc dans les territoires occupés.
« 350 cas de journalistes expulsés par le Maroc »
Aucun journaliste ni média ne sont autorisés à se rendre dans les territoires occupés. Le Makhzen a peur des journalistes qui se font l’écho des violations graves à l’encontre des militants sahraouis et de la répression violente qui s’abat sur les manifestants dans les marches populaires réclamant le droit à l’indépendance dans le cadre d’un référendum d’autodétermination. « 350 cas d’empêchement de journalistes, qui ont été expulsés depuis les aéroports ou les territoires occupés, ont été enregistrés », a révélé l’orateur. Il a ajouté que le régime marocain a procédé au durcissement des peines de prison, allant jusqu’à la perpétuité, à l’encontre des militants sahraouis. À cela s’ajoute le bradage des terres sahraouies dans les territoires occupés au profit de pilleurs étrangers et, accessoirement, entreprises d’investissement. Autrement dit, « les Sahraouis sont dépossédés et leurs biens et sont cédés par le Maroc à des entreprises étrangères, notamment et surtout d’origine émiraties et israéliennes ».
Lui emboitant le pas, Moussa Salama, ancien cadre du ministère sahraoui de la Jeunesse et des Sports et, lui aussi, militant dans le domaine des ressources sahraouies, a jeté la lumière sur le pillage des ressources et des richesses naturelles sahraouis par le fait de l’occupation marocaine et l’implication d’entreprises étrangères spécialisées divers domaines. Mais avant, Moussa Salama a insisté sur le véritable enjeu derrière l’occupation marocaine du Sahara occidental qui, selon lui, demeure « le pillage » des richesses du peuple sahraoui. « Un certain nombre de société opérant dans le pétrole et le gaz, comme l’israélienne Delek Group, a reçu le premier permis d’exploration de gaz à Boujdour », a-t-il illustré ses propos, avant d’étaler sur le sujet en rendant publique une liste d’une dizaine d’entreprises notamment françaises, émiraties et israéliennes, impliquées dans le pillage et le vol des ressources sahraouies. Une démarche illégale et une violation des principes du droit international qui confère au peuple sahraoui son droit à disposer de ces propres richesses par l’intermédiaire de son unique et légitime représentant, le Front Polisario.
La bataille juridique du Front Polisario
Il s’agit, ainsi, des entreprises israélo-émiraties spécialisées dans le domaine gazo-pétrolier, Delek Group et Ratio Petroliom, et Selina Group dans le tourisme, les françaises Vinci et Cegelec, (énergies renouvelables), Bnp Paribas et Société Générale dans le secteur bancaire, HDF Energy et MGH Energy dans l’hydrogène vert ou encore Zara dans le domaine agricole. Concernant le pillage du phosphate sahraoui, Salama a fait état d’une baisse notable des entreprises étrangères impliquées par le Maroc dans les territoires occupés. « En 2012, il y avait eu 15 sociétés alors qu’ils ne sont que quatre aujourd’hui dont 90% des quantités du phosphate pillé vont en Inde et au Mexique. L’Observatoire international de surveillance des ressources du Sahara occidental (WSRW) a confirmé le recul des revenus marocains en phosphate », a-t-il ajouté. Il faut savoir en effet, que le Sahara occidental a gagné plusieurs batailles juridiques contre le Maroc, notamment celles inhérentes aux arrêts de la Cour de justice européenne (CJUE). A ce titre, nos invités ont affirmé qu’outre le front de la lutte contre l’occupation marocaine ouvert depuis 2020, le Front Polisario a engagé la bataille juridique qu’il faut gagner dans les juridictions internationales pour préserver les richesses sahraouies du pillage effréné. Dans ce cadre, il faut souligner l’institution, durant l’université d’été des cadres de la RASD et du Polisario en cours à Boumerdès, d’une instance chargée des poursuites judiciaires à l’encontre les firmes étrangères impliquées dans le pillage des ressources naturelles sahraouies. « Gagner la bataille juridique, c’est gagner la guerre », a-t-on souligné.
Par ailleurs, Moussa a évoqué la bataille de l’espace aérien sahraoui, notamment contrer le Maroc dans ses manœuvres visant à en avoir le contrôle. « La bataille est longue, mais le peuple sahraoui est patient. Il continuera la lutte en s’inspirant de la Révolution algérienne jusqu’à ce qu’il accède à son indépendance dans le cadre du référendum d’autodétermination »
« Le malaise s’installe à Rabat »
Interrogé sur le dernier discours du roi marocain Mohammed VI, Embarek Sid Ahmed Mamine a décrypté les messages qui se cachent derrière la prétendue « main tendue » à l’Algérie. Selon lui, l’occupation marocaine est sous pression militaire à cause des coûts économiques de la guerre faite au peuple sahraoui. « D’ailleurs, la violation du cessez-le-feu le 13 novembre 2020 a été suivie par la conclusion des accords de normalisation avec l’entité sioniste en décembre. Et, peu après, la signature d’accords militaires entre les deux forces d’occupation », a-t-il expliqué. Exemple de l’hémorragie provoquée par la guerre dans les finances du Maroc, le mur de la honte coutait au Makhzen, depuis novembre 2020, trois millions de dollars. Il a aussi parlé des dettes extérieures contractées par le Maroc, en sus de la guerre de succession qui fait rage dans le palais royale. « Des armées bien plus puissances que les Forces armées royales ne peuvent tenir dans ces situations », a-t-il conclut à ce sujet
Farid Guellil
 
            