Les participants au Forum diplomatique de solidarité avec le peuple sahraoui, tenu hier à Alger, ont affirmé, à l’unanimité, que l’unique solution pour parachever le processus de décolonisation au Sahara occidental demeure la voie de l’autodétermination, soulignant que le peuple sahraoui est le seul à déterminer son avenir.
Le Forum diplomatique de solidarité avec le peuple sahraoui s’est réuni, hier, au niveau de l’ambassade d’Afrique du Sud à Alger. Une quinzaine de pays ont pris part à cette rencontre dont l’Algérie, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie, l’Angola, Cuba, le Zimbabwe, la Mauritanie, la Namibie, le Venezuela, le Mozambique…ainsi que le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS). Cette rencontre se veut une dynamique internationale portée en faveur du peuple sahraoui dans sa lutte pour l’indépendance et l’autodétermination dans le cadre du référendum que lui confère le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unis.
Lors d’un point de presse introductif aux travaux du forum, animé par l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique, Khatri Addouh Khatri, et son homologue d’Afrique du Sud, Ndumiso Ndima Ntshinga, les deux diplomates ont d’emblée affirmé qu’aucune autre initiative en dehors du référendum d’autodétermination ne peut constituer une solution au conflit entre le Front Polisario et le Royaume marocain.
Intervenant à cette occasion, Khatri Addouh a déconstruit les mensonges du Makhzen qui cherche, à travers son narratif de plan d’autonomie, à manipuler et à leurrer l’opinion publique en faisant croire à des soutiens imaginaires. « Le soutien au plan onusien comme seul cadre accepté pour le règlement du conflit, le droit inaliénable et incessible du peuple sahraoui à l’autodétermination et le rejet de toute autre initiative ou approche en dehors du plan onusien », a résumé l’ambassadeur sahraoui la position du Front Polisario et de la RASD, tout en mettant en garde ceux qui soutiennent le plan unilatéral marocain. Khatri Addouh pointe du doigt, sans le nommer, un membre permanent du Conseil de sécurité, la France notamment, qui a épousé les thèses marocaines en signant un chèque à blanc à une puissance coloniale au mépris du droit international et des résolutions de l’ONU qu’il est censé lui-même respecter et faire respecter.
Le soutien de la France au plan d’autonomie, « une démarche dangereuse »
« C’est une démarche dangereuse surtout émanant de membres permanents du Conseil de sécurité. Ils doivent assumer leur responsabilité, ils doivent respecter le statut juridique du Sahara occidental en tant que question de décolonisation parmi 17 territoires non-autonomes dans l’agenda onusien », a-t-il martelé tout en interpellant également l’ONU qui doit assumer ses responsabilités, tout comme l’Union africaine qui doit assumer les siennes à l’égard de la République arabe démocratique sahraoui en tant que membre fondateur de l’organisation panafricaine. Ainsi, l’UA doit exiger du Maroc de respecter les frontières d’un membre à part entière de l’organisation africaine au lieu de laisser cette force occupante à violer un territoire non-autonome et à agresser son peuple à l’intérieur de ses frontières. C’est-à-dire, explique l’ambassadeur sahraoui, nous sommes face à une colonisation marocaine qui viole manifestement le droit international et empiète sur les décisions de la Cour de justice européenne (CJUE) qui a invalidé et déclaré illégaux les accords Maroc – UE relatifs à l’exploitation des richesses sahraouies. Une décision qui a valeur de droit du peuple sahraoui à l’indépendance et à l’autodétermination pour lui permettre de jouir pleinement et souverainement de ses richesses nationales. « De ce fait, tout membre de l’UE n’a pas le droit de conclure des accords avec le Maroc, une force d’occupation, ni pour exploiter ses richesses en sous-sol, ni pétrole, ni poissons et ni encore l’exploitation des espaces aériens et maritimes », a dénoncé fermement Khatri Addouk. « Les pays européens sont tenus de respecter les décisions de la CJUE et, au-delà, respecter le droit international qui stipule, depuis 1963 après son inscription sur la liste des territoires non-autonomes, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».
« Merci à l’Algérie pour sa position très forte »
Khatri Addouh revient ensuite pour charger l’occupation marocaine en affirmant que bientôt après un demi-siècle d’occupation du Sahra occidental, « il ne sert à rien de chercher d’autres solutions en dehors de permettre au peuple sahraoui de disposer de lui-même, ce droit inaliénable et non négociable ». Le diplomate sahraoui a ajouté, en assurant que le peuple sahraoui lutte depuis 50 ans pour l’indépendance et continuera à suivre cette voie jusqu’au recouvrement de la souveraineté sur ses territoires. Par ailleurs, interrogé sur les recommandations qui sortirait à la fin des travaux de cette rencontre, Khatri Addouh a révélé que tous les pays soutenant la lutte du peuple sahraoui sont d’accord sur la nécessité, non seulement de continuer leur soutien, mais aussi d’accompagner sa lutte pour l’indépendance. « C’est une position très forte », a-t-il assuré, tout en remerciant encore une fois l’Algérie qui, à travers son président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et en compagnie de son homologue du Zimbabwe (en visite à Alger samedi et dimanche derniers, ndlr), a renouvelé son soutien constant à l’égard du peuple sahraoui et à sa lutte pour l’autodétermination ». « Le Maroc tente de faire croire que le peuple sahraoui sera mis devant le fait accompli en mettant en avant le soutien de son plan par certains pays.
Mais il faut savoir que ces soutiens sont contraires au droit international, donc voués à l’échec », a conclu l’ambassadeur dans ses réponses aux journalistes. Il convient de souligner que le Forum diplomatique de soutien au peuple palestinien saisira, par les recommandions issues de la réunion d’Alger, le Secrétaire général des Nations unis sur la question sahraouie. Ce qui serait une sixième initiative du genre.
Farid Guellil