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Football : la suite de la phase «aller» du championnat de Ligue 1 sans public ?

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On peut souffler un peu. Beaucoup même. Les stades, qui retrouveront, dès le 16 septembre, une certaine animation avec les seuls joueurs pour acteurs, resteront désespérément vides côté tribunes, la LFP ayant proposé de priver le public de la mascarade de foot servie jusqu’à la fin de l’«aller». La meilleure de l’année sans conteste.

Responsabilités ?
Re-bonjour les peurs. Les frayeurs. Rendez-vous est pris pour le début de la seconde moitié (le 16, annonce le président de la Ligue nationale de football professionnelle, M. Kerbadj) du mois de septembre et le déroulement de la 3e étape d’un championnat qui aura fait, comme on le craignait à chaque sortie, couler de sang, après avoir, des saisons durant, donné lieu à des débats (sur le terrain où l’on ne s’est rarement fait de cadeaux en donnant à nos si ennuyeuses rencontres les allures de véritables batailles de rue souvent réglées «physiquement», dans un déchaînement de violence inouïe, dans les tribunes et en dehors des stades) aussi houleux que ces joutes oratoires opposant, par colonnes de presse interposées, joueurs, entraîneurs et dirigeants, passés maîtres dans l’art de la provocation à défaut de donner du rêve et du spectacle à leurs publics souvent pris au piège de la manipulation.
Dont on connaît les réactions violentes qui font de nos enceintes sportives (pas seulement de football, parce que, se désole-t-on, les disciplines dites mineures font désormais connaissance avec la bête immonde) de véritables coupe-gorge dédiés aux règlements de compte en tout genre. Samedi (lire hier), les équipes des deux paliers dits «pros» (remarque valable pour les petites divisions où la violence, nous dit-on, fait des ravages mais en circuit fermé) obtenaient le quitus de redescendre à nouveau sur le terrain. Mais (et la remarque valait d’être faite) à titre exclusivement «amical» à l’effet de permettre à tout notre beau monde de se remettre sur pied et de digérer (en attendant de meilleures nouvelles) le drame de Tiz Ouzou qui vient interpeller les consciences et mettre tout le monde devant des responsabilités rarement, voire jamais assumées par un personnel dirigeant connu pour ne pas faire dans la dentelle, toujours prêt à marcher sur les corps pour défendre des intérêts occultes «arrachés» à l’ombre d’un sens sans égal de l’opportunisme. Dans deux semaines donc, le championnat devrait retrouver son cours «normal», les stades reprendre «vie» après que des mains criminelles n’aient eu à arracher, au prix d’une bêtise sans fin, celle d’une étoile montante venue de son lointain Cameroun, terre de football, éclairer le ciel si chargé de nuages et d’incertitudes, d’un football algérien fâché, pour de bon, avec le spectacle et le fairplay.

Discours haineux
Le 16 septembre, au coup d’envoi d’une «reprise» que personne n’applaudira, planera sur l’ensemble de nos «cimetières» sportifs l’ombre d’un joueur qui aura su, le temps d’un bail d’un peu plus d’une année placée sous le signe du talent et de toutes les promesses. Comme seules les hirondelles africaines (et Ebossé, le plus kabyle de Tizi Ouzou qui l’a adopté très vite en en faisant un de ses enfants les plus aimés, était de celles-là), annonciatrices de printemps radieux, peuvent en permettre. Une promesse, un talent, un homme tout de générosité, s’en est allé. Fauché, à la fleur de l’âge, par une main assassine. Victime des discours haineux portés par ceux parmi lesquels on le pleure aujourd‘hui. Ebossé est parti. Reparti chez lui dans un cercueil. En laissant derrière lui une tonne d’interrogations. Un message clair, une leçon magistrale : le football algérien, malade de ses dirigeants et d’une gestion anachronique, a atteint le fond. Et doit marquer une halte. Une pause salutaire pour faire les bilans nécessaires. Son autocritique. Pas en multipliant les séminaires ou les enquêtes sans lendemain, toutes ces rencontres où l’on parlera encore pour rien. Pas ces «états généraux» qu’on prendra le soin de ranger soigneusement dans les tiroirs d’une histoire tumultueuse et le poids de poussières à la mesure des reniements passés, présents et futurs. Ebossé, accompagné à sa dernière demeure, dans son pays de naissance, par ses proches et amis, n’est plus là. Manquera à ses fans (les vrais, bien sûr) de Kabylie qui lui rendront l’hommage qu’il méritait. Celle d’un grand joueur en devenir qui verra ses rêves s’arrêter net à l’entrée du tunnel d’un stade qui ne devrait pas rouvrir de sitôt. Ou jamais. Il ne sera pas là, plus là, à la reprise du 16 septembre, mais son fantôme hantera pour le restant de leur vie ceux qui, cachés dans l’anonymat de tribunes devenues traquenards ou mouroir, mais chauffés à blanc à longueur de saisons heurtées par des (ir)responsables prêts à tout pour assouvir leurs rêves de «grandeur» (ils sont tellement petits), ont décidé de faire monter de plusieurs crans l’indice de la violence dans une compétition marquée singulièrement par des scandales à répétition. Ternie hebdomadairement par des scènes de violence sorties droit de films d’horreur interdits aux moins de 18 ans, à la différence que pour celui du stade du 1er Novembre, diffusé en live national (il était retransmis dans plusieurs pays arabes par le truchement de Bein sports qui venait à peine d’acquérir les droits de retransmission de notre si prestigieuse mais tellement agitée Ligue1 à bannir de nos écrans), la limite d’âge on ne connaissait pas.

Affreux, sales et méchants
Comme d’ailleurs (et c’est là un des gros problèmes) à travers l’ensemble de nos stades occupés, voire pris en otage par des hordes d’adolescents (où sont les parents ?) en majorité âgés de moins de 16 ans venant, chaque week-end que Dieu fait, l’esprit «émeutier» en bandoulière, toujours prêts à en découdre, mettre le feu aux travées, quand ils ne prennent pas carrément possession de la rue. Ebossé n’agitera plus les nuits de nos défenseurs qui doivent sûrement le regretter. Mais il sera désormais là, partout où «22» joueurs courront derrière ce ballon si fuyant qui fait de notre football l’un des plus indigestes sur le continent. Qui ne se distingue plus que par son incapacité à mériter le statut de «pro» dont il est affublé depuis maintenant 5 ans, les mentalités n’ayant pas évolué d’un iota.
Un championnat où tout le monde se tire dans les pattes, sans jamais se rater. Où tout le monde (ou presque) est affreux, sale et méchant. Où l’on ne sait pas gagner. Encore moins perdre. Indigne dans la victoire comme dans la défaite (surtout), seul le langage de la casse l’emporte. «Rabhine qatlinkoum, khasrine katlinkoum(*)» chantait-on à une certaine époque qu’on pensait (benoitement, mais on n’a rien fait pour, et personne n’a essayé de décoder le message) révolue. Ils perdent, ils cassent. Ils gagnent ils cassent. La JS Kabylie, dans un match de début de saison (ouverte, comme les précédentes sur des scénarios du pire) et donc sans incidences sérieuses sur ses ambitions de futur champion (et tutti quanti) a perdu devant le champion sortant. Sur ses terres.
Où est le problème ? Celui (et tous ceux qui ont inondé le terrain de projectiles en tout genre, comme le veut désormais une tradition installée dans la durée sur l’ensemble de nos stades-cimetières) qui s’est fait justice en punissant son «club» avec l’assassinat de son nouveau sérial-buteur, donne la réponse : beaucoup de nos pseudo-supporters qui vont au stade comme on va en guerre, pour casser de l’autre, imposent leur diktat. Dans l’impunité que leur confèrent l’impressionnant lot de violences qui émaillent nos matches devenus de véritables bras de fer qui se terminent (la mort du jeune camerounais était dans l’air et le destin a voulu que son nom soit tiré au sort d’un objet contondant tombé du camp «ami») dans des pagailles généralisées. De véritables batailles rangées.

La crainte du pire
La reprise c’est pour le «16». Une journée pour le souvenir. Pour honorer la mémoire d’un sportif coupable d’avoir fait le crochet de l’Algérie pour donner un coup de pouce à une carrière prometteuse qui se termine dans le sang. Dans la honte pour un football qui ne sait pas, n’a pas su prendre les mesures qui s’imposent pour conjurer les démons maintenant vieux d’au moins une décennie de violences endémiques. Pourquoi et que faut-il faire ? Les questions comme les réponses (nombreuses) sont aussi vieilles que ce mal s’imposant en seul acteur «valable» dans un drôle de jeu où tout le monde semble trouver, au-delà des discours creux et des promesses jamais tenues de s’attaquer au mal à la racine, son compte. Le 16, on en reparlera après un «répit» de trois semaines où l’on aura énormément parlé. Pris acte. Dis que les choses ne pourraient pas rester en l’état. Que le moment était venu de prendre le «courage» d’ouvrir grand les yeux et se dire que la plaie est déjà assez profonde pour se suffire des seules tables rondes où les beaux parleurs ont toujours le beau rôle. Avant ce «16», on aura passé trois semaines de calme. Sans le football et ses folies. Ses dérives. Ou dérives verbales (de véritables appels au meurtre jamais punis) de joueurs, entraîneurs, dirigeants dont on peut, après la mort d’un innocent, mesurer les dégâts. Trois semaines sans le football et ses peurs, la menace qu’il fait planer sur l’ordre public. Le « *16», on aura peut-être déjà oublié qu’on a renvoyé chez lui, dans un cercueil, un étranger coupable d’être venu chez nous pratiquer le seul métier qu’il sait exercer avec tellement de talent.
On peut, à nouveau, craindre le pire. Fallait-il arrêter carrément le massacre, en renvoyant tout le monde aux vestiaires pour une longue période et limiter ainsi les frais ? Débat ouvert et ça ne fait pas avancer les choses. En attendant, et c’est une bonne nouvelle, il se précise que (le président de la LFP en aurait fait la proposition au président de la FAF qui ne devrait pas tarder à donner une réponse favorable allant dans ce sens et qu’on ne peut qu’applaudir) le public devra prendre son mal en patience et ne devrait retrouver l’air malsain des tribunes qu’au tout début de la manche «retour», le reste de l’aller se déroulant à huis clos sur l’ensemble du territoire. C’est déjà ça de gagné. Des soucis en moins pour tout le monde. On en reparlera.
Par Azouaou Aghiles

(*) «On gagne vous êtes morts, on perd vous êtes morts»

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