La Fondation américaine RF Kennedy pour les droits de l’Homme et Freedom Now ont exhorté les autorités marocaines à libérer immédiatement tous les prisonniers politiques sahraouis, à la lumière de la propagation croissante de la pandémie de COVID-19 dans les prisons marocaines.
« Des experts des Nations unies ont appelé tous les gouvernements à libérer les prisonniers politiques et à réduire les populations carcérales à la lumière de l’impact mortel attendu de la pandémie dans les prisons surpeuplées et insalubres », ont rappelé les deux organisations de défense des droits de l’Homme, dans un communiqué commun. Elles ont également soutenu, dans leur texte, que la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, et la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Agnes Callamard, ont appelé à prendre des mesures urgentes pour réduire le nombre de personnes détenues, en particulier celles détenues « sans fondement juridique suffisant » pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. « Des dizaines de procédures spéciales de l’ONU ont également appelé tous les gouvernements à fournir un soutien approprié aux personnes détenues à la suite de la crise du COVID-19 et à prendre des mesures supplémentaires pour protéger ceux qui risquent le plus d’être affectés de manière disproportionnée par la crise », ont-elles ajouté.
Dans leur communiqué, les deux organisations américaines ont abordé le cas du journaliste et militant sahraoui, Mohammed Al-Bambary, qui avait dénoncé les violations des droits humains commises par le gouvernement marocain dans les territoires occupés du Sahara occidental « avant son arrestation en 2015 ». « Il a été torturé, privé de ses droits fondamentaux à un procès équitable et condamné à six ans de prison en violation du droit international », ont-elles dénoncé en substance. Malgré une décision du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire en 2018 demandant sa libération, ajoutent les deux organisations, « M. Al-Bambary continue d’être détenu arbitrairement dans des conditions qui mettent sa vie et sa sécurité en danger ». « Les conditions de surpopulation et d’insalubrité auxquelles M. Al-Bambary fait face dans la prison d’Ait Melloul présentent un risque dangereux pour une épidémie de COVID-19″, ont alerté les organisations de défense des droits de l’Homme. Elles ont indiqué qu »’actuellement, il est détenu avec environ 45 autres prisonniers dans une cellule de 8 mètres sur 6 mètres, ne laissant à chaque prisonnier qu’un mètre carré d’espace ».
« Dans de telles conditions, une distance physique pour empêcher la propagation du COVID-19 est impossible », ont-elles relevé, expliquant que « la prison elle-même est surpeuplée à 113% de sa capacité. Il n’y a qu’un seul médecin disponible pour les quelque 800 personnes détenues dans le complexe avec lui ». « Le gouvernement du Maroc reconnaît que la pandémie de COVID-19 aura probablement un impact dévastateur sur les personnes en détention », ont ajouté les organisations, rappelant à cet égard que « le 5 avril 2020, le roi Mohammed VI du Maroc a gracié 5 654 prisonniers pour âge, santé fragile, temps passé en prison et bonne conduite ».
Cependant, remarquent les deux organisations, « les prisonniers politiques et les personnes détenues sur la base de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression n’ont pas reçu de priorité de libération ». « De plus, les mesures limitées que la prison d’Ait Melloul a prises en réponse à la pandémie mondiale sont insuffisantes pour protéger M. Al-Bambary et les autres détenus d’une épidémie anticipée », ont dénoncé encore les organisations. « Compte tenu de ces risques accrus pour la vie et la santé posés par la pandémie de COVID-19, le gouvernement du Maroc doit agir de toute urgence pour libérer Mohamed Al-Bambary conformément à la décision du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et pour libérer tous les prisonniers politiques », ont elles exigé. Dans son rapport annuel (2019) sur la situation des droits de l’Homme dans le monde, le Département d’État américain a noté que selon le rapport du Secrétaire général de l’ONU d’avril 2019, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme (HCDH) a continué à recevoir des communications d’avocats, de membres de famille des Sahraouis arrêtés lors du démantèlement du camp de Gdeim Izik en 2010, ajoutant que plusieurs d’entre eux ont été soumis à la torture, à une mise à l’isolement prolongée et à d’autres mauvais traitements.
En outre, le rapport du Département d’État américain a appelé à l’ouverture d’une enquête pour condamner les personnes impliquées dans des violations des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, soulignant que l’absence d’enquêtes et de poursuites contre les personnes impliquées dans ces violations a contribué à l’expansion de l’impunité. Par ailleurs, dans son rapport annuel de 2019 sur les droits de l’Homme présenté au mois de janvier dernier, l’ONG américaine de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, a enregistré « la détention continue de 23 Sahraouis par le Maroc après avoir été condamnés à la suite de procès inéquitables en 2013 et 2017 sur la base d’aveux forcés, sans enquête sur leur torture physique dans les postes de police et de la gendarmerie, après les affrontements qui avaient éclaté suite au démantèlement violent et sanglant par les autorités marocaines du camp de la dignité, Gdeim Izik, près d’El-Ayoun occupée, en 2010 ».
M. B.
SAHARA OCCIDENTAL
Mahfouda lefkir est sortie des geôles de l’occupant marocain
Le ministère des territoires occupés et de la Diaspora sahraouie a affirmé que les maltraitances et méthodes de torture pratiquées par les autorités coloniales sur la détenue sahraouie Mahfouda Lefkir Bamba ne l’avaient aucunement dissuadé de poursuivre son combat décisif, estimant que la militante a inscrit son nom en lettres d’or dans l’Histoire de la résistance. Le ministère sahraoui a fait cette déclaration suite à la libération, vendredi, par les autorités d’occupation marocaine de la détenue sahraouie Mahfouda Lefkir Bamba après avoir purgé une peine inique de 6 mois d’emprisonnement à la « Carcel Negra » (Prison Noire) d’El-Ayoune occupée, selon des médias sahraouis. « Mahfouda Bamba Lefkir quitte aujourd’hui, victorieuse, la prison. Ni la maltraitance, ni les méthodes de torture psychologique et physique n’ont dissuadé l’héroïne de renoncer à ses positions malgré les tentatives des autorités d’occupation marocaine de briser sa détermination, par laquelle elle a donné un exemple parmi tant d’autres femmes sahraouies, symbole de don de soi, de patience et de sacrifice », a précisé le ministère dans un communiqué. « Après une détention arbitraire de 6 mois de prison, les autorités d’occupation marocaine libère l’activiste de l’Intifada et l’une des militantes du Front populaire pour la libération de Sakia El Hamra et de Oued Eddahab », a ajouté la même source. La militante Mahfouda Bamba Lefkir inscrit son nom en lettres d’or dans l’Histoire de la résistance, à l’instar des milliers de patriotes parmi les martyrs, les disparus ou encore les enterrés vivants, les précipités des avions et les libérés des geôles marocaines que les héros du peuple sahraoui ont érigés en écoles où ils ont donné à l’occupant des leçons de défi, de courage, de détermination dans la défense acharnée du droit inaliénable du peuple sahraoui à la liberté, à l’indépendance et au parachèvement de la souveraineté, lit-on encore dans le communiqué. Le ministère de la Terre occupée et de la Diaspora a également vanté « les héros du peuple sahraoui partout dans le monde qui donnent les meilleures images de don de soi et de dévouement au service de la patrie. Parmi ces héros figurent des combattants en première ligne, les résistants et résistantes dans les camps de la dignité, au sein des communautés à l’étranger et sur la Terre occupée, ainsi que tout le prolongement de l’entité sahraouie, qui aujourd’hui salue une de ses héroïnes et la félicite pour sa volonté de fer qui a fait plier le colonisateur marocain et a résisté à ses méthodes viles », ajoute le communiqué. Plusieurs vidéos de la militante Lefkir quittant la prison ont été publiées sur les réseaux sociaux suscitant des commentaires de félicitations de ses concitoyens. La détenue sahraouie civile Mahfouda Lefkir Bamba avait été arrêtée, le 15 novembre 2019 au siège du tribunal de première instance dans la ville sahraouie occupée d’El-Aayoune, où elle était venue soutenir un détenu civil, en l’occurrence Mansour Othmane Bouzid Elmoussaoui. Le tribunal marocain a prononcé le 12 décembre passé une peine de 06 mois de prison ferme, se vengeant de sa position politique revendiquant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
M. B.