Au lendemain de la clôture du 10e congrès du FLN, un retour rétrospectif sur les résolutions qui ont marqué la fin des travaux de la réunion de l’instance suprême de l’ex-parti unique s’impose. Bien que la reconduction de Amar Saâdani dans son poste de secrétaire général, ne soit pas une surprise, des décisions telles que l’élection d’un nouveau Comité central (CC), l’adoption de nouvelles dispositions statutaires et l’ouverture du parti aux jeunes et femmes militants, ne pourraient passer inaperçues. Ainsi, l’élection de l’homme inébranlable du FLN a été rendue possible grâce à un CC, dont la composante est fortifiée par nombre d’anciens ministres, d’autres en fonction, des hauts cadres du parti ainsi que les responsables à la tête des mouhafadha choisis parmi les plus loyaux envers le parti du secrétaire général, lequel a promis un FLN «rajeuni et rénové».
C’est ce qui lui a valu d’ailleurs les attaques des anciens hiérarques du parti qui l’ont accusé de les avoir mis à l’index pour s’approprier les commandes du vieux parti. Cette compagne de dénigrement menée par l’opposition, a sans doute porté préjudice à sa crédibilité au sein du FLN. S’il s’est montré plus indifférent vis-à-vis de ses détracteurs, c’est qu’il était sûr à même de gagner la bataille sur le terrain.
Outre, le CC qui l’a porté haut, lors du 10e congrès, Saâdani a mis en avant dans son discours d’ouverture, avant qu’il ne soit réélu, le programme qu’il avait piloté au sein de son parti depuis qu’il était intronisé à son poste, en août 2013, après le retrait de confiance formulé par le CC à son prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem. En effet, lors de son allocution, il a fait de la révision de la Constitution, sa marotte-politique. Il a rappelé une dizaine de points qui résument l’essentiel des amendements proposés au chantier mené par Ahmed Ouyahia, chef de Cabinet de la présidence de la République.
Il s’agit de la reconnaissance du statut officiel et national de Tamazight dans la Constitution, la consécration de l’équilibre des pouvoirs institutionnels, l’indépendance de la Justice, l’élargissement des prérogatives des assemblées élues, revoir le mandat présidentiel et le porter à 5 ans une fois renouvelable etc. Mais ce qui anime tant le secrétaire général du FLN, c’est la revendication d’un gouvernement issu de la majorité électorale. «Nous demandons à ce que le premier ministre soit émaner du parti ayant gagné plus de sièges aux élections», note le 6e point des revendications politiques du parti de Saâdani. En le disant ainsi, le patron du vieux parti s’était assuré du soutien d’un parterre de ministres ayant assisté à la cérémonie d’ouverture de ce congrès.
Lorsque la liste des membres du CC a été annoncée par Saâdani devant les congressistes lors du troisième et dernier jour du congrès, elle a révélé des noms d’anciens ministres et d’autres en fonctions. Parmi la première catégorie, Tahar Khaoua, Abdelkader Kadi, Tayeb Louh, Abdelmadjid Tebboune, Abdelkader Messahel et Tahar Hadjar. Pour la deuxième, Mahmoud Khoudri, Djamel Ould Abbès, Saïd Berkat et Hachemi Djiar en font également partie de la composante du CC.
S’agissant du premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui était présent au premier jour du congrès, son nom n’a pas été cité, comme cela aurait été supposé la veille. Seulement, Saâdani l’a annoncé comme militant de son parti. D’ailleurs, il s’est réjoui de l’avoir au sein de sa formation politique. L’homme contesté par ses adversaires, ne s’est pas contenté du soutientdes cadres de l’exécutif national. En effet, il a consolidé cette liste par la reconduction de ses proches les plus fidèles, tels que Sadek Bouguetaya, Saïd Bouhadja, Mohamed Djemaï ou encore le président de l’APN, Mohamed-Larbi Ould-Khelifa. Plus que ça, et pour permettre à Sâadani de jouir d’un appui considérable, il a été procédé dans les statuts amendés, puis adoptés lors de ce congrès, à l’élargissement du nombre des membres de cette instance qui est passé de 351 à 504.
Parmi cette composante, 130 sont désignés par le secrétaire général lui-même. Pour ce qui est des autres, ils sont élus au niveau des 120 mouhafadha que compte le vieux parti. C’est ce qu’expliquent d’ailleurs les interminables tractations menées en catimini durant les trois jours de ce congrès, lors desquels, Sâadani a passé au peigne fin l’élaboration de la liste du CC. Selon un membre de la commission des candidatures et des élections présidée par Djamel Ould Abbès, les éléments composant le CC doivent répondre à des critères de loyauté envers l’actuel secrétaire général et de celui de proximité avec l’entourage du président du parti, Abdelaziz Bouteflika, lequel était plébiscité lors de l’ouverture du 10e congrès.
Lors de son discours et avant qu’il ne soit réélu au poste, Amar Sâadani a appelé à l’ouverture du parti aux jeunes et à la gente féminine, en plaidant à combattre l’exclusion et la marginalisation des militants.
Farid Guellil