La prochaine présidentielle oblige ; les «frères ennemis» au FLN, ont décidé, paraît-il, d’enterrer la hache de guerre, le temps d’une campagne, et ce, afin de soutenir, comme un seul homme, le candidat qui les «réunit», à savoir Abdelaziz Bouteflika, lors de ce rendez-vous. Un tel scénario, faut-il le rappeler d’emblée, était prévisible surtout après la déclaration faite le 22 février dernier par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Oran, à travers laquelle celui-ci avait annoncé officiellement la candidature du président de la République. Les pro-Saâdani et leurs «antagonistes» se disent les deux «occupés» par les élections du 17 avril 2014. Comprendre : les «règlements de comptes» ne sont pas à l’ordre du jour, du moins pas avant le prochain scrutin. Il ne faut pas donc être un diplômé d’une grande école de sciences po, pour conclure que les deux parties s’accordent, au moins, sur un point : Bouteflika est le seul candidat du parti et, du coup, toute manœuvre susceptible de porter préjudice à ce dernier est «interdite». Joint hier par téléphone, le chargé de l’information auprès du FLN, Saïd Bouhadja, affirme que la direction de ce parti tend la main à tous ses militants sans exception, aucune. Décodage: Belayat et ses compagnons sont toujours les bienvenus au Front de libération nationale. Selon les dires de Bouhadja, le bras de fer qui oppose l’ancien ministre sous Chadli au successeur de Belkhadem n’a rien à voir avec les orientations et la ligne politique de l’ex-parti unique. Notre interlocuteur parle en effet d’un «différend sur les postes», auquel il ne faut pas, suggère-t-il, donner beaucoup d’importance. Cela n’empêche pas cependant le même orateur de tacler indirectement Abderrahmane Belayat, en parlant de «groupuscules» qui agissent en dehors des cadres du parti. «Il ne faut pas aussi comparer ceux qui ont collecté plus d’un million de signatures au profit du Président à ceux qui n’ont même pas pu en récolter 5 000», a-t-il rétorqué, comme pour dire que les pairs de l’ancien ministre n’ont pas vraiment du poids au sein du FLN. Un reproche que le chargé de l’information auprès de l’ex-parti unique finit par le faire vertement en soutenant que celui-ci (Belayat, ndlr), n’a aucune base. «Il n’y a qu’une quinzaine de membres du CC qui sont avec lui. C’est tout !», a-t-il renchéri. Moins «offensif», par la suite, le membre du BP appelle les militants du Front de libération nationale à travailler ensemble. «Nous allons aborder les questions organiques après les élections», a-t-il conclu.
Le «double langage» de Belayat
Soutenant inlassablement, il y a de cela quelques jours seulement, qu’un éventuel déplacement du président de la République au Conseil constitutionnel ne veut absolument pas dire que celui-ci est officiellement candidat, Abderrahmane Belayat a fini par, on ne sait pour quelle raison, se rétracter. L’ancien ministre sous Chadli, qui souffle le chaud et le froid, vient en effet d’arriver à la conclusion que le chef de l’État est officiellement en lice pour la prochaine présidentielle. C’est à travers un communiqué rendu public avant-hier que ce dernier a exprimé sa satisfaction en ce qui concerne cette «bonne nouvelle». «Le bureau politique du FLN exprime sa grande satisfaction suite à la candidature officielle de Abdelaziz Bouteflika à l’élection du 17 avril 2014», peut-on lire dans le document en question. Quelle mouche aurait pu piquer donc Belayat pour changer d’avis du jour au lendemain? Contacté hier par nos soins pour avoir des éclaircissements sur cette question, ce dernier s’est excusé de ne pas pouvoir répondre. En tout cas, quoi qu’il en soit la réponse à la question posée, force est de constater que celui qui se présente toujours comme étant le coordinateur du BP de l’ex-parti unique, se contredit puisque c’est lui-même qui avait soutenu que les «candidats officiels» allaient être connus après le verdict du Conseil constitutionnel. Abderrahmane Belayat perd-il de la vitesse ? Tout porte à le croire surtout lorsqu’on sait que ce dernier avait instruit, au courant de la semaine écoulée, en sa qualité de coordinateur, des parlementaires, des membres du CC et des militants de collecter des signatures pour Bouteflika avant l’annonce de sa candidature. Interrogé à ce propos, l’ancien ministre avait tenté, dans une déclaration faite au «Courrier d’Algérie», de se justifier en évoquant le facteur temps. Il avait aussi précisé que l’annulation de ces paraphes était possible dans le cas où le chef de l’État ne serait pas de la partie. Il est, de ce fait, quasi-certain que ce «vieux routier», qui voit beaucoup plus loin que son nez, pense à l’après-17 avril 2014. Abderrahmane Belayat cherche en effet à se positionner pour revenir en force après cette date. Son premier objectif sera l’«éjection» de Saâdani, dont il conteste le statut du SG de l’ex-parti unique. La suite du feuilleton FLN sera donc connue après ce rendez-vous décisif.
Mission délicate pour Saâdani
L’actuel patron du FLN, qui fait partie du «comité des sages» installé pour mener campagne en faveur du Président «sortant», va-t-il animer des rencontres et des meetings sur terrain? La base militante et les sympathisants de l’ex-parti unique vont-ils oublier la grande polémique suscitée par ses déclarations sur le DRS ? Le successeur de Belkhadem va-t-il réussir à drainer les foules des grands jours ? Ce sont là quelques questions que plusieurs observateurs de la scène politique se posent à quelques jours du début de la campagne électorale. Il est vrai que la «discipline partisane» exige à tout un chacun de penser à l’intérêt du parti que l’on doit placer au-dessus de toute autre considération, mais il faut admettre que la mission de l’ancien président de la Chambre basse du Parlement pourrait être «délicate». En atteste cette déclaration d’un cadre de l’ex-parti unique qui a du mal à cacher ses craintes d’être surpris par des «débordements» ou des «dépassements» lors de ce rendez-vous. «La base a une mauvaise image de lui», rappelle-t-il. Toujours dans le même ordre d’idées, une autre source proche du parti indique que Saâdani va se déplacer dans des régions où il n’y a pas de risques. «Je vais faire en sorte que notre SG n’anime pas de meetings dans ma wilaya pour la simple raison que les habitants de cette dernière le détestent et ils peuvent, par ricochet, procéder à des actions susceptibles d’entraver le bon déroulement de la campagne», nous confie un mouhafedh sous le sceau de l’anonymat. Avant de poursuivre : «Par contre, Belkhadem ou Ouyahia pourraient faire l’affaire !» Sur un autre chapitre, notre interlocuteur croit dur comme fer que l’actuel «patron» du Front de libération nationale n’«a plus de crédit» auprès des militants et des cadres dudit parti. À en croire ses dires, le départ de ce dernier sera «officialisé» après la prochaine présidentielle. Pour donner un poids à ses propos, le même orateur fait savoir que la commission nationale chargée de la préparation du congrès de cette formation politique sera, fort probablement, installée à la mi-mai. «C’est à cette dernière que sera confiée la gestion provisoire des affaires du FLN en attendant l’élection d’un nouveau secrétaire général», a-t-il conclu.
Soufiane Dadi