À la veille de la rentrée scolaire fixée pour ce mercredi, les prix des fournitures scolaires flambent au grand dam des parents d’élèves qui auront à puiser dans le fond de poche à l’effet d’acquérir ce dont leurs enfants ont besoin pour leur scolarité.
Cet état de fait viendra contrarier les assurances du ministre du commerce, Kamel Rezig, qui, lors d’une réunion tenue le 15 septembre dernier avec les producteurs et les importateurs de ces produits, s’est engagé à imposer les règles pour stabiliser les prix.
En effet, il semble que ni la situation épidémiologique en cours, ni l’amenuisement du pouvoir d’achat du citoyen n’ont pu « éviter » la hausse des prix des affaires scolaires. Une pratique illégale à laquelle les commerçants sont habitués à chaque rentrée scolaire. Sinon, comment expliquer qu’en un laps de temps, les prix sont passés du simple au double? Rien ne pourrait justifier une telle hausse sachant qu’il y avait les stocks de l’année précédente que devraient écouler les marchands. C’est d’autant plus encore que l’arrêt des cours a été observé pendant une longue période.
« Je pensais que les commerçants auront pitié »
Sans liste scolaire, certains parents d’élèves ont pris une petite longueur d’avance en préparant la rentrée scolaire 2020-2021 pour leurs bambins. Ces derniers se plaignent de certains commerçants qui profitent de cette rentrée scolaire, notamment en cette pandémie, pour pratiquer des prix exagérés. Éprouvés par la facture des affaires scolaires, les parents notamment ceux qui comptent plusieurs enfants scolarisés sont obligés à trouver d’autres moyens afin de réduire cette facture qui leur a chèrement coûté.
Rencontrée au marché de Bab El-Oued, une parente d’élève nous a affirmé que les prix des fournitures scolaires de cette année ne sont pas à la portée de la classe moyenne. Mais, cette hausse se produit chaque année. « Cette année je pensais que les commerçants auront une « pitié » notamment pour les gens impactés par le Covid-19 », a-t-elle confié. La même dame nous a indiqué que vis-à-vis de la cherté de ces produits, elle a été obligé non seulement de les acheter dans les marchés informels mais aussi de recycler les anciens. « J’ai de la chance que le tablier et le cartable de mon fils de l’année passée sont neufs, vu que les enfants sont sortis en mois de mars, ils ne les ont pas trop usé », par ailleurs notre interlocutrice s’est interrogée sur l’absence des agents de contrôle du ministère du Commerce. Un autre parent d’élève accompagné de sa fille qui paraissait être exigeante, il nous confia « c’est devenu une coutume, même avec le Corona, ces commerçants trouvent le moyen de profiter de nous », en nous lançant « j’ai quatre enfants, une fille au primaire et les garçons au collège, il faut savoir que chaque année je dépense une moyenne de 12.000 da pour chacun, sans oublier le prix des livres scolaires.» c’est trop chere ! dit-t-il. À Kouba un jeune papa de 45 ans nous affirme « il n’y a aucune raison justifiant une hausse pareille, au vu de la disponibilité d’un « stock important répondant à couvrir la totalité de la demande », il faut savoir qu’il y a des parents qui n’ont pas travaillé depuis plus de sept mois et n’ont donc aucun revenu ».
L’informel dicte ses lois
Devant la cherté et le manque des magasins de vente des fournitures scolaire, les parents d’élèves se sont retrouvés obligés de se rendre dans les marchés populaires ou plutôt les marchés informels ou les prix sont raisonnables selon certains parents d’élèves rencontrés sur ces lieux. « Ici il y a plus de choix, c’est vrai qu’on risque de tomber sur la mauvaise qualité, mais on peut au moins se permettre des articles à demi prix qu’au magasin » indique une maman qui n’hésite pas de nous donner l’exemple du cartable qui dépasse 2500da ailleurs, et qu’au marché de la place des martyrs se vend qu’à 1 500 DA. Ainsi, et avec l’absence des contrôleurs du ministère du Commerce, l’informel a pu dicter ses lois, en exposant des articles de qualité inferieure et des fois dangereux pour l’enfant.
Ni disponibilité, ni baisse des prix…
Il y a plus d’un mois, le ministre du commerce Kamel Rézig s’est réuni avec les producteurs et les importateurs des fournitures scolaires au siège de son ministère, où il a affirmé « disponibilité des fournitures scolaires et de leurs prix qui n’enregistreront aucune hausse », rassurant les producteurs quant à la prise en considération, par le ministère, de toutes leurs préoccupations à travers une série de mesures pour protéger la production nationale, en les invitant à se structurer pour représenter cette filière et devenir une force de proposition pour que le ministère puisse les accompagner, a précisé la même source. Indiquant que l’Algérie s’apprête à s’ouvrir sur un marché prometteur en l’occurrence l’Afrique, rappelant les avantages et incitations offerts par le secteur du commerce aux exportateurs.
La nécessaire solidarité
Alors que la situation actuelle, avait et continu à avoir un impact sur plusieurs citoyens, certains n’ont pas bougé d’un doigt à l’instar du ministère de la solidarité et les associations des commerçants qui étaient capables de lancer et mener des campagnes de sensibilisation à ce propos. Mais ces derniers comme les autorités font la sourde oreille en nourrissant le commerce informel et en encourageant le profitage qui ruine la poche du pauvre citoyen.
Les parents réclament une prime d’indemnisation
Selon la présidente de la fédération des parents d’élèves, Djamila Khiar, la question des prix des fournitures scolaires est la responsabilité de différents secteurs, « c’est tout le monde qui est concerné pour faire face à cette situation, je parle du ministère du Commence, de l’Éducation, et de celui de la Solidarité ». Contacté hier à ce sujet, Khiar nous a indiqué que sa fédération a toujours demandé la normalisation des articles, qui ne répondent pas aux normes. Appelant le ministère du commerce à faire un vrai travail de contrôle sur ce marché qui met la santé des enfants en danger, non seulement cela mais « il faut contrôler aussi les prix en imposant des tarifs et des barèmes raisonnables ». propose-t-elle. Également poursuivit-elle nous avons demandé au ministre de l’Éducation lors de notre rencontre une « prime pour aider les familles nécessiteuses genre d’indemnité, plus la prime de scolarité » qu’elle a qualifié d’ «insuffisante », conclut notre interlocutrice.
Sarah Oubraham