Le football algérien en Rouge et Noir : c’est l’historique tunique d’apparat que va revêtir samedi le temple du 5 juillet 1962 pour la grande générale, la première étoile africaine que devrait offrir à ses supporters le onze de l’USM Alger en finale retour de la coupe de la Confédération africaine de football (CAF) contre le club tanzanien des Young Africains.
La joie et la fierté ressenties juste après le coup de sifflet final de la manche »aller » à Dar Es-Salam avec une belle victoire dans l’escarcelle des protégés d’Abdelhak Benchikha, ne sont plus qu’un souvenir à moins de 48 heures de la finale retour qui se jouera devant près de 60.000 supporters qui croient en la bonne étoile de leur équipe pour remporter son premier sacre africain, et monter au ciel pour décrocher, comme l’ont fait auparavant le MCA, la JSK et l’ESS, sa première étoile. Depuis l’arrivée dans cette campagne africaine du très expérimenté Benchikha, l’USM Alger semble s’être complètement métamorphosée en alignant les succès match après match, jusqu’à arriver aux portes d’une hist orique finale d’une compétition africaine, la coupe de la CAF, qui ne devrait plus échapper, sauf un inexplicable caprice d’été de Dame coupe, aux »Usmistes ». La fête à Bab El Oued, Soustara, Bab Jedid, El Biar, La Casbah bat son plein et les »fans » du vieux club algérois, qui fêtera le 5 juillet prochain le 86eme anniversaire de sa naissance dans la vieille médina d’Alger, ont, comme à leur habitude, sorti leurs meilleurs »flonflons » pour égayer la ville, ajouter une note musicale avec les chansons du club à une représentation quasi théâtrale de cette 20eme finale de la coupe de la CAF. Nulle part ailleurs en Afrique, une finale de la coupe de la CAF n’a enregistré autant d’engouement, de théâtralité, de ce sentiment quasi-mystique que vouent les supporters de l’USMA à leur club, une sorte d’appartenance à une entité sociale, urbaine propre au monde du football que cette discipline sportive est la seule, de par le monde, à fédérer et rassembler autant de gens, de supporters, d’aficionados autour d’un club, un sigle, un emblème. La magie du football, tout simplement, et les supporters du vieux club de Soustara savent créer cette belle ambiance sociale, sportive toute particulière que l’on constate dans les avenues, ruelles et boulevards d’Alger encombrés par une infernale circulat ion automobile : à Bab El Oued, du côté des »Trois Horloges », des »tifos » géants sont placés entre les immeubles, donnant à cet emblématique quartier un air de samba brésilienne. Plus loin, dans le quartier de Didouche Mourad, de grandes banderoles aux couleurs de l’USMA ornent les balcons des immeubles Haussmanniens, alors que dans la rue Larbi Ben M’hidi le ton est donné pour la fête de samedi soir. – L’USMA, un club, une histoire, une fierté- Un peu plus haut que cette importante artère algéroise, le quartier mythique de Soustara, de son vrai nom antique »mur et colonne -sour et stara » où l’effervescence est contagieuse. Ici, c’est le fief de l’USMA, le QG des Rouge et Noir, même si le club a son cercle sur le front de mer de Bab El Oued, au boulevard Abderrahmane Mira (ex-Malakoff). »L’USMA: une famille, une fierté, une histoire », est la déclamation quasi sociologique de cette banderole de plus de six mètres qui flotte aux quatre vents à la »houma » de Soustara, les »Sjiouerates », un quartier ainsi nommé avec une vue époustouflante vue sur le port et la baie d’Alger du fait de la présence d’arbres centenaires entre les pâtés d’immeubles tout autant centenaires que le quartier lui même. Dans ces vieux quartiers algérois proches du port et transis par l’humidité, l’odeur du poisson, de l’huile d’olive tout droit venue du »bled » et des montagnes de Kabylie, ou de Jijel, est quasi omniprésente, et les mélomanes du chaabi, la musique d’El Hadj M’hamed El Anka, qu’ils soient du club rival, le Mouloudia d’Alger ou de l’USMA, savourent après chaque match de football un moment de détente dans le sacrosaint café »Malakoff’, là où les anciens refaisaient les matchs après un explosif MCA-ASSE, dans les années 1940. Demain samedi 3 juin 2023, l’USMA et le peuple Rouge et Noir ont rendez-vous avec l’Histoire : celle de la première étoile, celle d’une belle consécration continentale qui réconcilie le club avec tous ses objectifs, ceux tracés il y a 86 ans par les fondateurs, qui ont donné ses lettres de noblesse à cette équipe dont la caractéristique première est l’élégance et l’esprit gentleman de ses supporters. Alors, la coupe de la CAF version 2023 pour l’USMA ? Faut y croire, Benchikha, les joueurs et tout le staff »usmiste » seront en appel samedi au stade du 5 juillet 1962 pour donner à l’Algérie un autre trophée continental.