Si le cessez le feu-en-Syrie a pu être conclu et adopté le 9 septembre dernier, après un marathon diplomatique entre Moscou et Washington, peu de jours après son entrée en vigueur, le cours des évènements sur le terrain, comme dans le ciel syrien, a signé la fin de la trêve.
Après les frappes aériennes de la Coalition internationale, dirigée par Washington, la semaine passée, ciblant des soldats de l’armée de la République syrienne à Deir-Ezzour, et l’attaque, mardi dernier, du convoi humanitaire à Alep, Moscou et Washington se rejettent mutuellement la responsabilité de l’échec du cessez-le-feu.
Après avoir convoqué une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité (CS), samedi dernier, sur la question des frappes américaines visant l’armée arabe syrienne, à Deir-Ezzour, le conclave s’est achevé en queue de poisson, sur fond des déclarations et contre déclarations entre la diplomate américaine, Samantha Powel, et son homologue russe, Vitaly Tchourkine. Si, en réaction au trouble jeu des Américains et leurs alliés dans le traitement de la crise syrienne, Damas a annoncé la fin du cessez-le-feu, alors que le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a lancé que «le cessez-le-feu n’est pas mort», en une réunion dans un palace new-yorkais du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), rassemblant depuis un an 23 pays et organisations internationales. Ne déclarant aucune annonce après la fin des travaux de la rencontre du GISS, des diplomates ont indiqué, à cette occasion, que les deux hommes, Kerry et Lavrov, «devraient se revoir» au courant de la semaine prochaine, alors que le GISS se réunira de nouveau, «probablement» demain, ont indiqué encore des diplomates, selon des médias. Washington qui a inscrit son bombardement aérien contre l’armée de la République syrienne, à Deir-Ezzour, dans la case des erreurs, n’admet pas que Moscou puisse exiger des explications dans une réunion publique du Conseil de sécurité, à propos de laquelle, le porte-parole russe des Affaires étrangères, Maria Zakhariva, avait déclaré que: «Nous exigeons de Washington des explications complètes et détaillées, et elles doivent être exprimées devant le Conseil de sécurité de l’ONU.» Exigence refusée par la représentante des États-Unis au sein du CS de l’ONU, Samantha Power, déclarant : «Ne pas être intéressée» par ce que son homologue russe allait dire, lequel a quitté la salle, en indiquant à son tour :«Je n’avais encore jamais vu un tel manque de tact de la part des Américains». La Russie qui a et continue d’acculer Washington, sur la gravité de ses frappes contre l’armée arabe syrienne, causant la mort de 60 soldats, notamment sur le processus de règlement de la crise syrienne et le cessez-le-feu, son commandement militaire a rendu publiques des images satellitaires sur le raid en question de la Coalition internationale de Washington, à propos duquel la Russie s’est dite «très préoccupée» par ces frappes meurtrières qui «ont directement visé l’armée syrienne qui combattait de manière conséquente les régiments de l’État islamique de Daech, (EI, ndlr)», avait souligné, Zakhariva, porte-parole du MAE russe. De son côté, Damas a exigé que «le Conseil de sécurité condamne l’agression américaine et force les États-Unis à ne pas répéter, et à respecter la souveraineté de la Syrie». Le bombardement meurtrier intervenu au cinquième jour d’une trêve fragile à l’issue d’un accord entre les États-Unis et la Russie, Moscou a pointé du doigt «l’opposition modérée» syrienne, soutenue par les États-Unis, d’avoir «fait échouer» ce cessez-le-feu. Après la mise à mal de la trêve en Syrie par les conséquences induites par ce raid américain orchestré, peu de jours de son entrée en vigueur, laquelle trêve ne profite pas aux groupes armés, et encore moins aux terroristes de tout bord, dont ceux de Daech, lesquels étaient exclus de cette trêve, un autre évènement survient pour rendre le cessez-le-feu, une fois pour toutes caduc. L’attaque contre le convoi humanitaire de l’ONU, à Alep, a, en effet, fini par signer la fin de la trêve, pour revenir à la case départ. Les violences ont repris de plus belle, depuis, en Syrie, et même si tout le monde s’accorde à dire que la solution à la crise syrienne ne peut être militaire, l’action et les faits d’acteurs locaux, régionaux et internationaux attestent le contraire, notamment avec les dernières opérations militaires de l’Entité sioniste, au Golan syrien occupé, alors que la Turquie revient pour mettre sur la table la nécessité de dégager une zone tampon, au nord de la Syrie limitrophe aux frontières turques. Moscou qui a exprimé ses doutes, quant à l’argumentaire américain, indiquant que ses frappes contre l’armée de la République syrienne étant «une erreur», a fait savoir qu’il s’agit là d’«un mauvais présage», selon Tchourkine, pour le maintien de l’Accord américano-russe en Syrie.
Karima Bennour