À défaut d’appliquer les Résolutions de l’ONU pour enclencher le processus de décolonisation du Sahara occidental, le Maroc n’a pas trouvé mieux que d’annoncer la fin de mission de l’Émissaire de l’ONU, Christopher Ross, au Sahara occidental, en lieu et place des responsables de l’Institution onusienne. Le Makhzen tente de torpiller les efforts de l’ONU à coups de rumeurs. Une telle pratique renseigne, on ne peut plus clair, sur l’état de délabrement dans lequel se trouve la diplomatie marocaine.
La sortie médiatique de Farhan Haq, porte-parole adjoint du Secrétaire général des Nations unies (ONU), déclarant, aux médias accrédités à l’ONU, qu’«à l’instar des autres hauts responsables de l’ONU, Christopher Ross est l’Envoyé du SG de l’ONU au Sahara occidental, et continue d’occuper ce poste, actuellement».
Il rappelle à l’ordre le Maroc, notamment des us diplomatiques et du respect de la hiérarchie, que cela revient au SG de l’ONU, d’annoncer, si cela se présente, tout changement, départ ou remplacement de responsables au sein de l’Institution onusienne. Devant l’incapacité du Royaume chérifien à dévier la question du Sahara occidental de sa nature fondamentale, et de son statut juridico-politique, la consacrant sur la liste des territoires non autonomes, donc éligible à l’application de la Résolution 1514 de l’AG de l’ONU, sur la proclamation de l’indépendance aux pays et peuples colonisés, Rabat manœuvre et tergiverse avec le soutien, notamment de la France, un des membres permanents au Conseil de Sécurité.
Pour rappel, quelques mois après le jet d’éponge du diplomate américain, James Baker, de son poste d’ex-Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, Baker a affirmé, quelques semaines après sa démission, en se confiant, août 2004, à la télévision américaine PBS qu’«il y a 10 ou 11 ans le Maroc a proclamé en public et en privé qu’il voulait le plan de règlement et qu’il voulait ce référendum puis (…), le Maroc a affirmé que le plan n’est plus applicable».
Plus de 14 ans après, les autorités coloniales marocaines au Sahara occidental s’obstinent à ne pas se conformer au droit International et au respect des textes de la Charte et des Résolutions de l’ONU, relatives au Sahara occidental, dernière question de décolonisation en Afrique inscrite, depuis 1966, à l’ONU. Après avoir entravé la mission du diplomate américain, Christopher Ross, l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, dont la décision, en novembre 2015, du Maroc d’empêcher Ross de se rendre dans les territoires sahraouis encore sous occupation marocaine, l’Institution onusienne a vite fait de réagir, en la personne de Nesirky, le porte-parole du SG de l’ONU.
Affirmant que «Ross a le droit de se rendre au Sahara occidental», Nesirky, a rappelé à l’ordre, devant les médias accrédités à L’ONU, le chef de la diplomatie marocaine, Salah Eddine Mezouar, qui avait dit «le Maroc ne pourrait accepter la visite de Ross au Sahara occidental».
Alors que la République arabe sahraouie démocratique, (Rasd), son peuple et le Front Polisario ne cessent d’enregistrer des avancées notables, au profit de leur cause et leur combat pour l’indépendance, au niveau diplomatique, juridique, politique à travers le monde, notamment au sein même de l’espace de l’Union européenne (UE) que Rabat pensait acquis à ses thèses expansionnistes et coloniales au Sahara occidental, le Royaume marocain et son Makhzen se sont empressés de lancer leur machine médiatico-politique, pour évoquer «le départ» ou «la démission» de Ross.
Une manœuvre visant davantage à détourner la scène et l’opinion marocaines, en attente, près de cinq mois, d’un gouvernement, mais non sans des interrogations sur les vrais dessous de la non formation, à ce jour, de l’exécutif et du rôle joué par le Palais pour maintenir ce suspense et pour quels objectifs.
Alors que le chargé des affaires politiques de l’ONU, Jeffrey Feltman, déclarait, selon des médias étrangers, que «Ross a travaillé pendant huit ans pour tenter de présenter un cadre qui permettrait aux parties, le roi du Maroc et le Front Polisario, de renouveler les négociations», il reconnaît qu’«il n’a pas pu ramener les parties (Maroc-Front Polisario, ndlr) autour de la table des négociation», lequel processus a été entravé par l’obstination du Maroc à ne pas se conformer au Droit international, dont la violation par Rabat de la Résolution sur la création de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), par son expulsion du personnel du segment politique de cette Mission, des territoires sahraouis occupés.
Karima Bennour