Le réalisateur new-yorkais revient cette année sur la Croisette avec «Irrationnal Man» dans lequel il règle ses comptes avec la philosophie. Plus pince-sans-rire que jamais, Woody Allen a beaucoup fait rire les journalistes lors de la conférence de presse.
«Vous savez quoi, je suis heureux», répète d’un air triste le personnage animé de Droopy, chien dépressif imaginé par Tex Avery. Woody Allen l’assume. Même jeune, il était déjà comme ça, un garçon trop sérieux et angoissé par la dure réalité de la vie. Alors ce n’est pas à 80 ans (il les aura à la fin de l’année), que l’on changera le cinéaste new-yorkais, toujours aussi pince sans rire. Accompagné de deux jolies jeunes femmes, les actrices Emma Stone et Parker Posey, il a amusé l’assistance tout en délivrant un message tout en pessimisme ironique. «Je ne crois pas que les époques sont différentes, la crise morale est permanente». «Si j’avais pu faire les films que je voulais au début de ma carrière, ils auraient été très lourds et sérieux. Je rêvais de faire des films comme Ingmar Bergman mais mon talent était comique». «Il n’y a pas de réponse positive à la dure réalité de la vie: nous finirons tous dans une position inconfortable». «Tout va disparaître, les hommes, la Terre, la vie, les pièces de Shakeaspeare et les symphonies de Beethoven».
«Sinon je ferai des paniers en osier»
Nihiliste Woody ? Plutôt réaliste et surtout… content de son sort. «Pour me distraire, je fais des films et je vois des Fred Astaire, sinon je ferais des paniers en osier dans une maison de retraite». S’il assure qu’il refairait tous ses films s’il en avait la possibilité, le New-yorkais ne changerait pas de méthode: choisir des excellents acteurs et les laisser tranquille. Et le cinéaste de faire l’éloge de sa nouvelle muse, Emma Stone, qu’il retrouve dans «Irrationnal Man» après «Magic on the Moonlight». «J’ai découvert Emma dans un film par hasard, je l’ai trouvé très belle et surtout pleine d’humour». Et s’il affirme ne garder qu’un rapport professionnel avec les acteurs, on devine qu’il a le béguin artistique pour la jolie rousse: «Je ne la connaissais pas sous un jour dramatique, elle m’a bluffé». Leur complicité était évidente et la fiancée du nouveau Spider-Man envisage avec plaisir une troisième collaboration. «Ce serait une excellente idée».