La planète s’accroche à l’espoir d’un prochain vaccin contre le Covid-19 mais les semaines vont être longues: la flambée de la pandémie déborde les systèmes de santé aux États-Unis et en Europe où restrictions sanitaires et freins à la vie sociale sont là pour durer.
Aux portes de New York, la ville de Newark incarne la résurgence du coronavirus dans le nord-est des États-Unis. Le taux de cas positifs y est de 19% et après le répit de l’été, la vie tourne de nouveau au ralenti. «Une ville morte», constate Belinda Luis, co-propriétaire d’une salle de sport dans la ville de 280 000 habitants où un couvre-feu est en vigueur depuis jeudi. Le virus est hors de contrôle dans la plupart des États-Unis, et les experts s’alarment de la vague de décès à venir, étant donné le nombre inédit de tests positifs enregistrés, plus de 100 000 par jour, soit une incidence qui se rapproche de celle observée dans l’Union européenne. Le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés est à son plus haut dans le pays depuis le début de la pandémie, à plus de 65 000 selon le Covid Tracking Project. Ces derniers jours, quatre États, dont celui de New York, ont ordonné aux restaurants et aux bars de fermer à 22 heures, marquant le retour progressif des mesures restrictives laissées à la discrétion des autorités locales.
Ni bus, ni train
Pour des millions d’Européens, chaque journée apporte un nouveau lot de renoncements nécessaires afin de ralentir le virus : la Grèce, déjà confinée depuis une semaine, y ajoute vendredi un couvre-feu ; le Portugal élargit les territoires où les autorités exhortent à «rester à la maison». «La situation est grave et plus critique que celle que nous avons vécue lors de la première phase de la pandémie», a affirmé jeudi soir le Premier ministre Antonio Costa. Pour réduire les tentations, la Slovénie choisit une option radicale : suspendre les transports publics. «L’ennemi ce n’est pas l’État, c’est le virus», a fait valoir jeudi le Premier ministre français Jean Castex alors que le reconfinement du pays, en place depuis début novembre, suscite lassitude et interrogations sur l’avenir. La France, l’un des épicentres de la deuxième vague, constate un ralentissement des contaminations mais trop «fragile» pour envisager une levée des restrictions le 1er décembre, a signifié le gouvernement, alors que 95% des capacités en réanimation sont occupées et que «le pic» de cette flambée n’est pas encore atteint. Face à la saturation des systèmes de soin, la détresse s’exprime à travers le Vieux continent : en Bulgarie où les médecins retraités sont envoyés au front pour compenser le manque de praticiens, souvent partis travailler à l’Ouest pour de meilleurs salaires ; en Serbie où il n’y avait plus de places libres jeudi pour les patients atteints du Covid-19 dans les hôpitaux de Belgrade. L’annonce faite lundi par les laboratoires Pfizer et BioNTech de tests prometteurs pour un vaccin «efficace à 90%» contre le Covid-19, a fait naître une vague d’espoir et un mouvement d’euphorie sur les marchés financiers.
Tout l’hiver «à minima»
Mais il est encore trop tôt pour évaluer les répercussions sur l’activité économique de ce vaccin espéré pour 2021, a estimé jeudi le président de La Banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell. Faisant écho à son homologue de la BCE Christine Lagarde, M. Powell y voit «une bonne nouvelle pour le moyen terme» mais avec des inconnues sur la production, la distribution et l’efficacité d’un éventuel vaccin qui vont impliquer de maintenir la garde pour de longs mois encore.
En Allemagne, Angela Merkel et son gouvernement préparent le pays à une vie encore longtemps perturbée par le virus. La chancelière estime que l’épidémie va a minima «nous occuper tout l’hiver». Du lavage de main à l’aération régulière des pièces, en passant par la réduction des contacts et le placement en quarantaine au moindre symptôme, ces mesures de précaution «vont longtemps nous accompagner, même si nous avons un vaccin», a fait écho l’Institut de veille épidémiologique Robert Koch (RKI), autorité sanitaire nationale. Tentant de s’adapter à cette nouvelle normalité, des établissements pour personnes âgées innovent pour maintenir les visites de proches auprès des personnes vulnérables. Dans un foyer en région parisienne, c’est un mobile-home en bois de 12m² qui accueille sur le parking les retrouvailles des résidents et leur famille, séparés par de larges vitres et deux entrées distinctes.