En prévision d’une offensive mortelle sur Rafah, la Cour internationale de justice (CIJ) a rappelé à Israël, ce vendredi, ses obligations tant légales qu’humanitaires. La CIJ, plus haute instance judiciaire des Nations unies, a rejeté la requête additionnelle de l’Afrique du Sud contre Israël, soutenant que ce dernier est tenu de respecter les mesures déjà ordonnées le 26 janvier 2024.
La CIJ doit encore se prononcer sur la violation alléguée de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide par Israël à Ghaza. Le 26 janvier, la CIJ avait ordonné à Israël de prévenir tout acte potentiel de génocide et de faciliter l’accès à l’aide humanitaire à Ghaza. Suite à l’annonce par Israël d’une prochaine offensive militaire sur Rafah, les autorités sud-africaines ont déposé un nouveau recours mardi dernier. Dans leur décision du 16 février, les juges de la CIJ ont noté que les récents événements à Ghaza, en particulier à Rafah, aggraveraient de manière exponentielle la crise humanitaire déjà grave, comme l’a souligné le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Les juges ont insisté sur l’urgence de mettre en œuvre immédiatement et efficacement les mesures conservatoires de la CIJ du 26 janvier, applicables à l’ensemble de la bande de Ghaza, y compris Rafah, sans nécessiter de mesures additionnelles. Les juges ont rappelé que l’État d’Israël demeure pleinement tenu de respecter ses obligations en vertu de la convention sur le génocide et d’exécuter l’ordonnance de la CIJ, notamment en assurant la sécurité des Palestiniens dans la bande de Ghaza. Avec la fermeture de la frontière avec l’Égypte, environ 1,5 million de Palestiniens sont actuellement piégés dans la surpeuplée Rafah. À ce jour, le bilan de cette tragédie s’élève à plus de 28 775 morts et 668 552 blessés, dont plus de 70% sont des enfants. L’appel est lancé pour contraindre Tel-Aviv à respecter le droit international et à mettre fin à cette épuration ethnique planifiée.
Antonio Guterres appelle à un nouvel ordre mondial
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a qualifié la situation dans l’enclave palestinienne de « constat effroyable de l’impasse dans laquelle se trouvent les relations mondiales ». Au-delà de la gestion des crises immédiates, il a souligné la nécessité de renforcer l’architecture mondiale de paix et de sécurité pour faire face aux menaces actuelles telles que la crise climatique, l’intelligence artificielle et les cyberarmes. Dans ce contexte, Guterres a précisé que « le Nouvel Agenda pour la paix, discuté lors du Sommet de l’avenir en septembre prochain, vise à actualiser les systèmes de sécurité collective en faveur d’un multilatéralisme plus connecté et inclusif pour un monde en transition ». Lors de la 60e édition de la Conférence sur la sécurité de Munich en Allemagne, il a plaidé en faveur d’un « nouvel ordre mondial qui fonctionne pour tous ». Guterres a critiqué l’ordre mondial actuel, affirmant qu’il ne fonctionne pas pour tout le monde et même qu’il ne fonctionne pour personne. Il a souligné que « le monde est confronté à des défis existentiels avec une communauté internationale plus fragmentée et divisée que jamais depuis 75 ans, à la fin de la Seconde Guerre mondiale». Ajoutant que même la guerre froide était moins dangereuse selon lui. Le secrétaire général a insisté sur la multiplication des crises liées à la concurrence et à l’impunité, soulignant que « pour un ordre mondial bénéfique à tous, il est nécessaire de combler ces lacunes et de trouver des solutions ». Il a évoqué l’agression qualifiée de « sioniste barbare » contre la bande de Ghaza lancée le 7 octobre dernier.
M. Seghilani