La bande de Ghaza traverse une nouvelle épreuve dramatique, où la violence des armes cède provisoirement la place à celle des éléments. L’arrivée d’une dépression météorologique polaire a transformé les camps de déplacés en zones sinistrées, submergeant les tentes, exposant des milliers de familles au froid glacial et révélant, une fois encore, l’ampleur de la catastrophe humanitaire aggravée par le blocus et les restrictions imposées par l’occupation israélienne.
Face à cette situation, la résistance palestinienne a lancé un avertissement solennel. Par la voix de son porte-parole, Hazem Qassem, elle a dénoncé l’état catastrophique des abris de fortune destinés aux déplacés, incapables de résister aux pluies hivernales et aux basses températures. Une fragilité d’autant plus meurtrière que l’entrée de carburant, de matériaux et de structures d’hébergement adéquates demeure sévèrement restreinte. Selon Qassem, les conditions actuelles « exigent le lancement immédiat d’une opération de secours d’urgence », appelant les acteurs internationaux à mettre en place de véritables centres d’hébergement, dignes et adaptés, loin des solutions précaires qui condamnent les déplacés à une survie sans protection. Il a également souligné la nécessité d’imposer à l’occupation le respect des protocoles d’aide humanitaire inscrits dans les accords conclus en janvier puis en octobre 2025, restés largement lettre morte sur le terrain. La nuit dernière, l’entrée de la dépression polaire Biron a provoqué l’inondation de vastes zones de camps de déplacés. Des familles entières ont été contraintes de fuir à nouveau, certaines pour la énième fois, affrontant la pluie battante, le vent glacial et l’absence totale d’alternatives. Une scène devenue tristement familière dans un territoire déjà ravagé par plus d’un an d’agressions militaires, de destructions systématiques et d’effondrement des infrastructures. Le porte-parole de la Défense civile à Ghaza, Mahmoud Bassal, a dressé un tableau alarmant des jours à venir. Il a averti que les camps de fortune, les centres d’hébergement improvisés et les bâtiments fragilisés par les bombardements risquent de subir des dégâts majeurs, pouvant entraîner des effondrements mortels.
Les zones basses, a-t-il précisé, seront entièrement submergées, sans aucune capacité de drainage, transformant la bande de Ghaza en un territoire exposé à des inondations généralisées. « La guerre ne s’est pas vraiment arrêtée », a résumé Bassal. « Elle revient sous une autre forme : le froid, les noyades, les effondrements et les inondations. » Il a lancé un appel pressant à la communauté internationale et aux organisations humanitaires afin de faire pression pour permettre l’entrée de caravanes d’hébergement, leur installation dans des conditions humaines et la mise en place d’infrastructures minimales permettant de protéger les civils.
Ghaza sous le feu et sous l’eau
Pendant ce temps, la violence militaire se poursuit. Trois civils palestiniens, parmi lesquels une femme et un enfant, ont été martyrisé hier par des tirs de l’armée d’occupation israélienne à Jabalia al-Balad, au nord de la bande de Ghaza. Les corps des victimes ont été transférés à l’hôpital Al-Maamadani, à Ghaza-ville. Avec ces nouvelles victimes, le bilan depuis l’accord de cessez-le-feu du 11 octobre dernier s’élève à plus de 380 martyrs et près de mille blessés. Les chiffres globaux, eux, donnent la mesure de l’ampleur de la tragédie. Selon des sources médicales, le nombre total de martyrs dans la bande de Ghaza atteint désormais 70 369, en majorité des enfants et des femmes, depuis le début de l’agression israélienne le 7 octobre 2023. Plus de 171 000 personnes ont été blessées, tandis que de nombreuses victimes restent ensevelies sous les décombres, hors d’atteinte des équipes de secours en raison des destructions et du manque de moyens. Dans ce contexte, la tempête qui s’abat sur Ghaza agit comme un cruel révélateur : même lorsque les bombardements se taisent partiellement, la mort continue de rôder, nourrie par le blocus, la destruction méthodique et l’inaction internationale. Entre le froid, la pluie et les balles, la population civile paie le prix d’une catastrophe humanitaire que les alertes répétées peinent encore à transformer en action concrète.
M. S.














































