« Pierres précieuses », une exposition de petits tableaux faits de collages de galets de l’artiste Amine Goutali, a été inaugurée dimanche à Alger, restituant une belle synthèse de ses errances, à travers plusieurs thématiques en lien avec, la mer, l’histoire, les arts et la littérature.
Visible jusqu’au 30 décembre à la section des sciences humaine du Centre culturel universitaire (CCU), sis à la rue Boualem Aissaoui (à proximité de la mosquée « El Rahma »), cette première exposition dans la carrière artistique de Amine Goutali compte une trentaine d’œuvres aux formats différents, conçues en un an de temps, dans un élan de créativité prolifique répondant aux désagréments causés par le confinement, au-delà de son utilité et la nécessité de s’y astreindre. Conçues dans le courant « réaliste ou figuratif », le rendu de « Pierres précieuses » relate les influences et les différents centres d’intérêt de l’artiste, dont il s’est longuement inspiré, pour faire naître en lui l’envie de s’exprimer à travers le « Pebble Art », type de travail artistique en mosaïque qui utilise des galets naturels disposés de manière à former des motifs décoratifs ou picturaux.
Le choix d’un tel support pour exprimer son ressenti, l’artiste le tient de « Nizar Ali Badr, célèbre artiste visuel syrien qui a raconté la grande détresse de son peuple en sculptant des pierres récupérées de « Jabel Akra », à la frontière turco-syrienne », explique-t-il. Après avoir passé des journées entières au bord de la mer, près du lieu de sa résidence, à ramasser les cailloux polis, l’artiste ressort indemne de cette première expérience, avec un rendu sur l’identité algérienne imprégné de l’amour de la mer de Merzak Bagtache et l’intérêt pour la photo poétique de Mohamed Dib portée par des personnages évoquant Rouiched et Ouardia Hamitouche. Voulant « reconstituer des scènes du vécu » et des situations de vie les plus ordinaires, « sur une note d’humour », l’artiste a opté pour un format inspiré de la bande dessinée et d’un roman graphique où « El Djoher » et « Hassan » évoluent dans des tableaux comme le faisaient « Zina » et « Bouzid » dans l’œuvre de Slim. Ainsi, l’amour, la musique et la littérature entre autres sujets traités par l’artiste, contenus dans les pièces, « El Hadj El Anka et son orchestre », « Quand on a que l’amour », « Chantons sous la pluie », « L’élève et la leçon », ainsi que « Kateb », rappellent à la mémoire la grandeur et la notoriété respectivement d’El Hadj M’Hamed El Anka, Jacques Brel, Gene Kelly, Malek Haddad et Kateb Yacine.
Le thème de la glorieuse histoire de la révolution pour l’Indépendance de l’Algérie, est également décliné en cinq tableaux, « Les glorieux », « Le supplice », « Abdelkader », « Les fondateurs », « Cheikh Bouamama ou l’épopée d’un chef résistant », alors que celui de « Patrimoine » évoque la célèbre légende de Hizia. « C’est magnifique, il (l’artiste) a réussi à faire parler les pierres », a réagi un visiteur, resté un bon moment le regard accroché sur les différents tableaux d’Amine Goutali, réalisés avec amour, dans un élan hautement technique et esthétique. Journaliste de profession, Amine Goutali s’intéresse de près au monde de la culture, des arts, de l’histoire et du patrimoine, avec des penchants plus prononcés vers la musique, la littérature algérienne et la photographie artistique.
Amine Goutali compte revenir avec de nouvelles expositions, à thèmes uniques cette fois-ci, révélant ses choix immédiats pour « Alger » et le « Grand Sud ».