Dans le cadre de la nouvelle politique de l’Etat en matière de sécurité alimentaire, le président Tebboune, tout au long des trois dernières années, a mis en garde que le secteur agricole sera scruté à la loupe, impliquant des mesures de contrôle draconiennes, notamment contre la passivité dans l’exploitation des terres agricoles. Lors de sa récente réunion avec les membres du Gouvernement, le chef d’État a mis l’accent sur l’importance vitale de mener « un suivi rigoureux de la campagne agricole en cours, par des inspections et des évaluations périodiques des superficies cultivées, dans le but de valoriser et de diversifier la production agricole ». Examiné lors du dernier Conseil des ministres, le dossier relatif à la mise en valeur des périmètres agricoles dans le cadre de la politique de concession, notamment l’octroi de contrats de propriété aux agriculteurs, fera l’objet d’un contrôle intraitable. Pour le chef de l’État, l’objectif est de « procéder au règlement définitif des dossiers de mise en valeur des terres agricoles à partir de janvier 2024 ». À cet égard, Abdelmadjid Tebboune a instruit les walis de la République de « mener des campagnes d’inspection quotidiennes des surfaces emblavées afin de faciliter les tâches des agriculteurs ». Dans ce contexte, force est d’admettre l’importance de contraindre les investisseurs agricoles à respecter les plans agricoles, et de ne pas permettre aux agriculteurs de cultiver des cultures de leur choix, mais plutôt de suivre le programme national qui répond aux besoins des citoyens et du marché, en particulier en ce qui concerne les cultures stratégiques.
« Assainir le foncier agricole et poursuivre les rentiers »
À ce titre, il est nécessaire de rappeler que plusieurs Conseils des ministres ont été consacrés à cette problématique. Tôt en début d’année 2022, Tebboune avait ainsi appelé à « mieux exploiter les superficies agricoles en vue d’augmenter le rendement en recourant, s’il le faut à un renforcement strict des moyens de contrôle ». Notamment la régularisation de la situation des agriculteurs qui exploitent depuis des générations des terres relevant des domaines de l’État sans titres. En effet, le ministère de l’Agriculture avait, début mars 2023, annoncé « la mise en place d’un plan d’action pour l’organisation de l’exploitation du foncier agricole en général et du foncier agricole relevant des domaines d’État en particulier, en sus des terres agricoles non exploitées. Une initiative qui avait permis la récupération de 33 000 hectares après l’annulation de plusieurs contrats de concession, en raison de l’inexploitation de ces terres agricoles ». Le ministère avait affirmé que « la non-exploitation des terres dans un délai maximum de 6 mois en privera le bénéficiaire ». À ce propos, le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Abdellatif Dilmi, avait au début de septembre dernier averti les « bénéficiaires de concessions et de montants considérables, sans qu’aucune réalisation n’ait été engagée », de la « saisie et la remise à d’autres exploitants, des terres agricoles non-cultivées », en sus de « poursuites judiciaires et d’amendes financières ». Ex« enlever ces terres aux personnes qui en ont bénéficié et qui ne les travaillent pas, pour qu’elles soient productives et puissent ainsi contribuer à l’autosuffisance alimentaire de l’Algérie ».
Recenser pour une vision détaillée du secteur
La récente tenue de la première réunion de la Commission nationale de supervision du recensement général de l’agriculture, sous la supervision du ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a été consacrée à l’examen de plusieurs points dont les plus importants sont le règlement intérieur de la Commission et le projet de questionnaire relatif au recensement, en se basant notamment sur l’expérience du recensement général de la population. Lors de cette réunion, les méthodes de la mise en œuvre du recensement sur le terrain ont été débattues, dont les moyens techniques qui seront utilisés, à l’instar des tablettes numériques, outre la date de lancement du recensement, de la durée de sa réalisation, des ressources humaines dédiées à cet effet, des modalités de son encadrement ainsi que de la formation des agents chargés du recensement et les encadreurs. À cette occasion, le ministre a souligné l’importance du recensement général de l’agriculture qui est à même de donner une vision globale et détaillée du secteur. Il permettra en outre de collecter des statistiques qui seront mises à la disposition de tous les décideurs et experts afin de les exploiter pour le développement de l’agriculture et répondre aux aspirations des citoyens dans ce domaine. Pour rappel, ce recensement général de l’agriculture constitue la troisième opération de ce type depuis l’indépendance, après les recensements de 1973 et 2001.
Hamid Si Ahmed