Quatre militaires ont perdu la vie dans l’attaque. Les motivations de l’auteur de la tuerie, Mohammod Youssuf Abdulazeez, restent floues. Un tireur solitaire a abattu, jeudi, quatre militaires avant d’être tué lors d’une double fusillade visant des bâtiments militaires près de Chattanooga dans le Tennessee (sud des États-Unis), un acte dont les motivations restent pour l’heure assez floues. Le tireur a été identifié par le FBI, chargé de l’enquête, comme étant Mohammod Youssuf Abdulazeez, 24 ans, mais les autorités ont estimé qu’il serait « prématuré » de spéculer sur ses motivations lors de cette fusillade, qui a également fait trois blessés. Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune homme a tiré de l’extérieur sur les deux bâtiments visés en « longues rafales ». Les images des télévisions locales montraient de très nombreux impacts de balles, souvent groupés. Les quatre morts sont tous des marines, a confirmé le corps d’élite. Ils ont été abattus au centre des réservistes de la Navy et du corps des marines. Un recruteur, blessé au centre de recrutement de Chattanooga, a pu quitter l’hôpital après avoir reçu des soins. Un policier a également été touché à une cheville. Le tireur a finalement été abattu sur place par la police. Le président américain Barack Obama a exprimé sa « douleur » pour les quatre militaires tués « qui servent notre pays ». « Nous ne connaissons pas encore tous les détails » a-t-il expliqué, mais la personne qui a mené ces attaques « semble avoir agi seule ». Un responsable américain avait indiqué plus tôt dans la journée que des tirs avaient été entendus à proximité de deux installations militaires distantes d’une dizaine de kilomètres : une base de réservistes de la marine américaine et un centre de recrutement où plusieurs forces armées sont présentes.
«La vie est courte et amère»
Mohammod Youssuf Abdulazeez habitait dans une banlieue tranquille avec sa famille apparemment sans histoires. Le jeune homme semblait avoir ouvert un blog dans lequel, il n’avait écrit que deux textes, disant notamment que « la vie est courte et amère », et que les musulmans ne devaient « pas laisser passer l’occasion de se soumettre à Allah », selon le site américain spécialisé Site. Le blog ne contenait cependant pas d’éléments montrant une éventuelle radicalisation ni de menaces précises. Selon la chaîne locale WRCB, il avait décroché en 2012 un diplôme d’ingénieur à l’université du Tennessee à Chattanooga. L’établissement a confirmé sur Twitter que le tireur était l’un de ses anciens élèves. Une ancienne camarade d’école a assuré que le jeune homme, discret, était apprécié de ses pairs : « Il était sympa, drôle, gentil », s’est ainsi rappelée Kagan Wagner, citée par le journal local Chattanooga Times Free Press. « Je n’aurais jamais pensé qu’il puisse faire ça. »
Mohammod Youssuf Abdulazeez, qui serait né au Koweït mais qui a été naturalisé américain, avait déjà eu affaire à la police une fois auparavant, arrêté en avril pour conduite sous l’influence de l’alcool ou de la drogue. Mais il n’était pas dans le collimateur des autorités avant la fusillade, a indiqué Andy Beke, le maire de Chattanooga, sur CNN. « Nous n’avions de manière certaine aucune indication (permettant de signaler) qu’il était une menace ou qu’hier il allait se passer quelque chose », a ajouté l’édile, précisant que sa ville n’avait aucun problème de radicalisation. Les autorités tentent désormais d’expliquer cet acte, évoqué par le procureur fédéral pour la région comme un possible acte de « terrorisme intérieur », ainsi que les éventuelles connexions de Mohammod Youssuf Abdulazeez, qui semble avoir agi seul. « Évidemment, la composante locale est importante, mais (…) les autorités examinent également quelles sont ses connexions n’importe où », a encore dit Andy Beke, faisant allusion à d’éventuels liens avec des organisations de type organisation État islamique ou Al-Qaïda.
«Un boum très fort»
Jeudi, le suspect qui disposait de « plusieurs » armes, a commencé son expédition meurtrière vers 10 h 45 locales (17 h 45 à Paris). Elle s’est achevée environ trente minutes plus tard, a indiqué Ed Reinhold, un agent du FBI chargé de l’enquête. L’organisation de défense des droits des musulmans, Cair, a « condamné » cette « tuerie ». Une base de la marine, ainsi que des commerces et plusieurs établissements scolaires avaient notamment été bouclés par mesure de précaution pendant la fusillade. Erica Wright, témoin de la fusillade à travers la fenêtre d’un salon de coiffure situé à quelques mètres du centre de recrutement, a raconté sur CNN avoir « entendu un boum, un boum très fort ». « Nous avons vu un homme dans une (Ford) Mustang de couleur argentée qui tirait sur le centre de recrutement de la marine », a-t-elle ajouté, précisant que l’homme avait rechargé son arme et recommencé à tirer sur le bâtiment. Selon elle, il s’est ensuite déplacé avant de recommencer à tirer sur un autre endroit du centre de recrutement. Le sénateur Bob Corker, ancien maire de Chattanooga, a dit avoir le « cœur brisé ». « C’est un jour difficile pour les habitants du Tennessee et nos pensées et prières vont à tous ceux qui sont affectés par cette tragédie », a-t-il dit dans un communiqué. Cette fusillade fait suite à plusieurs autres ces dernières années contre des bâtiments militaires américains, comme lors de l’attaque de 2009 à Fort Hood qui avait fait 13 morts, ou encore celle de 2013 à Navy Yard, dans la capitale fédérale Washington, où 12 personnes sont mortes. Ces deux attaques étaient déjà l’œuvre de tireurs solitaires.