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États-Unis : bientôt la fin de Guantánamo ?

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Barack Obama vide lentement et discrètement les cellules et promet qu’il fera tout pour fermer Guantánamo avant de quitter le Bureau ovale. Dimanche dernier, un groupe de manifestants s’est rassemblé devant la Maison-Blanche pour célébrer le 13e anniversaire de l’ouverture du camp de prisonniers de Guantánamo, à Cuba. Ils portaient des uniformes de prison orange avec des capuchons noirs et ont demandé la fermeture de la prison, comme s’y était engagé Barack Obama. Guantánamo a été créée par George W. Bush pour y mettre les personnes suspectées de terrorisme et éviter ainsi qu’elles bénéficient de la protection du système judiciaire américain.
En 2009, le président Obama a signé un décret pour fermer le camp qu’il a qualifié de «triste chapitre de l’histoire américaine». Mais la prison a continué de fonctionner. Le Congrès ne veut pas entendre parler d’un transfert des prisonniers restants dans les prisons américaines et craint que les détenus libérés ne rejoignent les rangs des combattants islamistes. Certains républicains affirment que 30 % des détenus relâchés ont replongé ou sont soupçonnés d’avoir replongé dans le terrorisme. Des chiffres que le gouvernement dément.

90 % des détenus originaires du Yémen
Le président Obama a donc pendant plusieurs années mis de côté l’idée de fermer la prison. Mais, en 2013, il a de nouveau relancé les efforts. Ces deux derniers mois notamment, l’administration a relâché plus d’une vingtaine de détenus qu’elle a mis secrètement dans des vols de nuit, réduisant de moitié le nombre de détenus. Rien que cette semaine, elle a renvoyé cinq Yéménites qui étaient détenus depuis près de treize ans. Quatre ont été transférés dans le sultanat d’Oman et le dernier, en Estonie.
Le fait que l’on commence à libérer des Yéménites montre que l’administration est réellement décidée à mettre un terme à Guantánamo. Sur les 122 détenus restants (contre 242 quand Obama est arrivé au pouvoir), 54 ont reçu le feu vert pour être transférés. 90 % d’entre eux sont originaires du Yémen. Le rapatriement au Yémen a été bloqué en 2009 par le Congrès après qu’un terroriste diligenté par la branche d’al-Qaida au Yémen a essayé de faire sauter un avion. Pour contourner le blocage, le gouvernement a donc décidé de les rapatrier vers des pays tiers comme la Slovaquie ou la Géorgie.

Un bras de fer avec les républicains
La stratégie de la Maison-Blanche est d’accélérer les transferts et de n’avoir plus que 60 à 80 prisonniers –- les plus dangereux qu’il n’est pas question de relâcher –-, ce qui obligera à fermer le camp, car son entretien reviendra trop cher. Le coût d’un prisonnier à Guantánamo s’élève à 3 millions de dollars par an, contre environ 75 000 dollars pour un détenu dans une prison de haute sécurité aux États-Unis. Dans une interview sur CNN, le mois dernier, le président Obama a répété qu’il ferait tout pour la fermer avant de quitter le Bureau ovale. «Le fait que ces gens continuent d’être enfermés, c’est quelque chose qui continue à inspirer les djihadistes et les extrémistes dans le monde», a-t-il assuré.
Avant d’ajouter : «C’est contraire à nos valeurs et c’est terriblement coûteux.» Mais ce ne sera pas chose facile. Des élus de gauche comme de droite sont opposés au transfert de prisonniers sur le sol américain. Curieusement, plusieurs groupes de défense des droits de l’homme les soutiennent, car ils ne veulent pas importer aux États-Unis la pratique de la détention indéfinie, sans accusation ou jugement. Et les républicains, qui contrôlent le nouveau Congrès, sont plus que jamais hostiles à la fin de Guantánamo, surtout depuis l’attentat à Paris. Ils viennent de dévoiler un projet de loi qui interdit les transferts au Yémen pour deux ans et bloque toute fermeture de la prison.

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