Après une campagne laborieuse, la candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton a revendiqué une courte victoire mardi à la primaire du Kentucky, mais Bernie Sanders, victorieux dans l’Oregon, a promis de rester dans la course à l’investiture jusqu’à la fin.
Dans le Kentucky, la responsable en charge des élections, Alison Lundergan Grimes, a qualifié Hillary Clinton de gagnante «officieuse», sur CNN.
«Nous venons de gagner le Kentucky!» a ensuite écrit Hillary Clinton sur Twitter. Selon des résultats portant sur 99,9% des bureaux de vote, elle a obtenu 46,8% des voix contre 46,3% pour le sénateur du Vermont, soit un écart de moins de 2.000 voix sur plus de 450.000. Mais Bernie Sanders a facilement battu l’ancienne secrétaire d’Etat dans l’Oregon, Etat progressiste de la côte Pacifique, avec 53% des voix selon des résultats partiels. Les républicains ont voté quant à eux seulement dans l’Oregon, y plébiscitant sans surprise Donald Trump, le seul candidat encore en course, bien que les noms de ses ex-rivaux soient restés sur les bulletins de vote. Hillary Clinton cherchait symboliquement à endiguer la dynamique en faveur du sénateur, qui reste en course malgré son retard quasi-insurmontable en nombre de délégués. Même si elle n’a pas elle-même appelé son poursuivant à se retirer, elle a hâte de consacrer son temps et ses ressources à son rival probable de l’élection présidentielle de novembre, le républicain Donald Trump, au lieu de rester empêtrée dans des primaires qui n’en finissent pas.
Mais Bernie Sanders a envoyé un message de défiance à l’appareil démocrate, se félicitant même de son résultat en Kentucky, où il devrait recevoir in fine environ la moitié des délégués, en raison du score très serré. «Nous resterons en course jusqu’au dernier bulletin de vote!» a-t-il lancé lors d’un grand meeting à Carson, en Californie, qui votera le 7 juin. «Je crois que nous gagnerons ici, en Californie!» a-t-il déclaré, ovationné par des milliers de partisans, en s’engageant à se battre jusqu’à la convention d’investiture de Philadelphie, du 25 au 28 juillet.
Unification républicaine
La démocrate avait investi un temps considérable (cinq journées) dans le Kentucky, cet Etat des Appalaches qu’elle avait largement remporté aux primaires de 2008, et où Bill Clinton a gagné aux présidentielles de 1992 et 1996. L’ancien président démocrate y est également revenu, dans le but de convaincre les cols bleus que son épouse serait la plus capable de défendre leurs intérêts économiques. La candidate a d’ailleurs indiqué qu’elle confierait un rôle économique à Bill en cas de retour à la Maison Blanche. Mathématiquement, Hillary Clinton n’avait pas besoin de victoires mardi. Même si elle perdait toutes les consultations restantes, jusqu’au 14 juin, elle continuerait à récolter suffisamment de délégués, répartis à la proportionnelle, pour atteindre la majorité requise de 2.383. Elle en avait avant mardi 2.243, contre 1.465 pour Bernie Sanders. Mais le sénateur du Vermont cherche à prouver les faiblesses de Hillary Clinton dans l’électorat ouvrier et blanc, non négligeable pour la présidentielle de novembre. Il l’a battue dans l’Indiana et en Virginie occidentale en mai, et chaque victoire apporte de l’eau à son moulin.
Officiellement, il dit vouloir persuader les centaines de «superdélégués» démocrates (élus et responsables du parti) de rompre avec Hillary Clinton et de se rallier à lui. Mais son objectif pourrait aussi être de préparer son avenir au sein de la gauche américaine, en pesant sur le programme du parti démocrate.
Donald Trump, à l’inverse, consolidait son soutien au sein du parti républicain, dont les responsables ont annoncé, dans un communiqué conjoint avec son équipe de campagne, un accord pour lever des fonds en commun, une méthode pratiquée habituellement par les candidats à la présidentielle. Les particuliers pourront contribuer un maximum de 449.400 dollars au fonds commun. «En travaillant avec le comité républicain national (RNC) afin de lever des fonds pour les républicains partout, nous vaincrons Hillary Clinton, nous conserverons les majorités républicaines au Congrès et au niveau des Etats, et nous rendrons à l’Amérique sa grandeur», a déclaré Donald Trump.