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États-Unis : A Paisley Park, l’«aura mystique» de Prince a survécu

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Le grand bâtiment blanc, en banlieue de Minneapolis dans le nord des Etats-Unis, pourrait faire penser à un centre commercial abandonné ou à un immeuble de bureaux: bienvenue à Paisley Park, demeure et studio musical de Prince, désormais transformé en musée.

À l’extérieur, seule une grande statue mauve à l’effigie du «Love symbol» rappelle au visiteur que les lieux, un complexe d’environ 6.000 mètres carrés, ont appartenu à l’artiste mort il y a cinq ans. Situé juste à côté d’une autoroute, dans la municipalité de Chanhassen, Paisley Park a servi de maison et de jardin créatif au virtuose. Un sanctuaire où il a vécu près de trois décennies avant de s’effondrer dans un ascenseur et de mourir peu après, d’une overdose accidentelle d’antidouleurs. La lumière du soleil pénètre à travers la pyramide de verre qui couronne le complexe. À l’intérieur, des colombes blanches surveillent le grand atrium peint de cieux bleus et de nuages cotonneux. Doté de quatre studios et d’un plateau d’enregistrement, ainsi que d’un club, Paisley Park a accueilli pendant des années des artistes tels que Madonna, Miles Davis et Patti LaBelle, organisant aussi des concerts et des spectacles improvisés. Lieu de pèlerinage avant même la mort de l’artiste, à 57 ans, le domaine a aujourd’hui pris une nouvelle vie en tant que musée. Confrontés à de lourdes dépenses fiscales après la mort de Prince, ses héritiers ont cherché à monétiser les lieux. Six jours par semaine, les fans peuvent profiter de visites guidées dont le prix varie de 45 à 160 dollars.

«Une aura mystique»
À l’entrée, il faut laisser son téléphone portable dans une pochette spéciale. Les photos sont interdites dans la majeure partie du domaine, une tentative de rester conforme aux volontés de l’artiste. «Prince a toujours préféré que vous viviez les choses ici à Paisley à travers vos propres yeux plutôt qu’avec votre appareil photo», explique Mitch Maguire, le directeur général du complexe, lors d’une visite de l’AFP. Selon lui, «Prince avait vraiment un don pour susciter une aura mystique». Les pièces où vivait l’artiste sont totalement interdites d’accès, tout comme le coffre-fort où il stockait des milliers de morceaux inédits. Les salles d’exposition abritent des souvenirs du chanteur et compositeur, entre disques d’or, costumes aux couleurs «flashy», des motos et une salle violette, hommage à son album phare «Purple Rain». Le plateau d’enregistrement, conçu pour les concerts et les répétitions de la tournée, est désormais recouvert d’un écran géant qui diffuse des archives. Dans une autre pièce, une exposition spéciale présente des centaines de chaussures faites sur mesure pour Prince – bottines à talons haut, baskets à plateformes, patins à roulettes -, dont l’extravagance rappelle le côté glamour de l’artiste.

«Pas assez de mots»
Prince était un pilier de la scène culturelle de Minneapolis. Il organisait régulièrement des concerts inopinés à Paisley Park. Et des années avant de diriger le musée, Mitch Maguire était un fan dans la foule. «Je pense que l’accès que nous avons eu, en tant que personnes appartenant à cette communauté, au génie de Prince, est sans égal», déclare-t-il. Quant à le voir se produire ici, «je ne pense pas qu’il y ait assez de mots dans le dictionnaire pour l’expliquer avec justesse», poursuit-il.
Paisley Park continue d’organiser des événements musicaux et a également servi de studio d’enregistrement à des artistes, dont Beck. «Une partie de la préservation de l’héritage de Prince, c’est justement de continuer à faire de cet endroit un espace créatif», ajoute Mitch Maguire.
En 1985, deux ans avant que les lieux ne soient ouverts au public, la chanson «Paisley Park» était apparue sur le septième album de Prince, «Around The World In a Day». Il y décrivait une communauté utopique, à la fois spirituelle et concrète. «L’amour y est la couleur», chantait Prince. «L’entrée est facile / Il suffit de dire qu’on y croit».

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