Les déclarations faussement attribuées par l’agence de presse marocaine (MAP) au secrétaire général de l’ONU sur Guerguerat constituent une nouvelle manœuvre du régime marocain, avant la réunion du Conseil de sécurité prévue fin octobre pour examiner la question sahraouie, a estimé jeudi Dr. Amari Taher-Eddine, professeur des relations internationales à l’université de Tizi Ouzou.
Dans une déclaration à l’APS, Dr. Amari a précisé que « la campagne de manipulation marocaine reflète les appréhensions du régime marocain de la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la question sahraouie. Elle vise à empêcher la désignation de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental et la définition d’un calendrier pour l’organisation du référendum d’autodétermination, d’autant que l’opération de recensement des habitants sahraouis effectuée par la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) touche à sa fin ».
« Les déclarations de la Haute Commissaire onusienne aux droits de l’homme qui a fait part de son souhait de débattre des normes d’envoi d’une mission technique au Sahara occidental pour s’enquérir de la situation des droits de l’homme dans ce territoire occupé ont dérangé le régime marocain », ce qui explique cette campagne, a-t-il estimé.
La manœuvre de la MAP n’est pas la première du genre et ne sera pas la dernière », a souligné Dr Amari, rappelant, dans ce sens, « le problème créé par le Maroc en 2018, lorsqu’il a envoyé ses forces à Guerguerat et a procédé au bitumage d’une route menant vers la Mauritanie. Suite à quoi, le Front Polisario avait réagi en déposant plainte auprès de l’ONU infligeant ainsi un échec à la diplomatie marocaine.
Pour l’enseignant universitaire, « les mensonges des médias marocains n’ont pas uniquement des objectifs politiques mais économiques aussi en vue de s’accaparer les richesses naturelles du Sahara occidental et semer ainsi la confusion pour détourner l’attention de l’essence même de la question et exploiter indûment les richesses sahraouies ».
Le régime marocain veut « mettre le Front Polisario sur le banc des accusés », alléguant qu’il (Polisario) « ne respecte par la légalité internationale et fait fi du droit international, en menaçant la sécurité et la paix internationales » et tenter donc de « l’isoler diplomatiquement au niveau de l’ONU et de l’UA »,
a-t-il poursuivi. « Ces pratiques sont obsolètes et d’une autre époque, car la communauté internationale est consciente qu’il s’agit là d’une question de décolonisation », a-t-il soutenu.
L’intervenant a rappelé que « le régime marocain se doit d’appliquer toutes les décisions onusiennes et de se conformer à la légalité internationale à l’effet d’organiser le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui et d’aboutir à la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique pour instaurer la paix et permettre à la région de lever les obstacles empêchant l’édification de l’Union du grand Maghreb ».
La MAP avait récemment attribué une fausse déclaration au SG de l’ONU dans laquelle elle a prétendu à tort que Antonio Guterres avait lancé un appel au Front Polisario en vue de « mettre fin à l’obstruction de la circulation civile et commerciale » dans la zone de Guerguerat.
M. B.