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Enseignement supérieur à Oran : Un répertoire des pratiques langagières des médias en élaboration

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Des travaux de recherche scientifique devant déboucher sur l’élaboration d’un répertoire des pratiques langagières dans l’espace médiatique national sont menés au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) basé à Oran, a-t-on appris, lundi, lors d’une rencontre consacrée à cette étude. « L’objectif de ces travaux consiste en l’analyse des procédés utilisés par les médias pour se rapprocher de leur auditoire ou lectorat », a précisé Imène Miri Benabdallah, directrice de l’équipe de chercheurs mobilisée dans le cadre de ce projet porté par le CRASC.
Six chercheurs, issus notamment de la faculté des langues étrangères de l’Université d’Oran-2 Mohamed Benahmed, sont investis dans ce travail d’investigation scientifique subdivisé en trois volets, à savoir les médias oraux (émissions radiophoniques), écrits (journaux papier) et numériques (réseaux sociaux et journaux en ligne). L’intérêt de ces linguistes se focalise notamment sur l’énoncé (texte/discours) et le contexte (actualité) à l’effet de « mieux cerner le procédé utilisé par le locuteur qui est souvent amené à utiliser des expressions familières pour se mettre au niveau de son auditoire ou ses lecteurs », a expliqué Mme Benabdallah. Une centaine d’articles de différents organes médiatiques ont été déjà analysés au titre de cette étude qui évolue actuellement au stade du classement des formes spécifiques d’écriture/parole, comme l’alternance codique (usage d’expressions dialectiques ou d’une autre langue) et l’anaphore (répétition d’un même mot en début de phrase). « Le futur répertoire constituera ainsi un outil à la disposition des étudiants et jeunes chercheurs intéressés par les spécificités du discours d’actualité et qui, par définition, est en perpétuel changement, faisant chaque fois appel, au fil du temps, à de nouvelles techniques, à de nouveaux procédés », a fait valoir la directrice de l’équipe de recherche. « L’analyse de ces mécanismes permet de cerner d’autres volets ayant trait, entre autres, à la transgression de la norme grammaticale, au phénomène de l’emprunt et aux néologismes », a-t-elle souligné, ajoutant qu’un colloque international dédié à cette thématique est programmé par le CRASC à Oran, et ce, à l’issue de l’étude en 2017. Plusieurs chercheurs auprès du CRASC ont pris part à cette rencontre, à l’instar d’Aïcha Benamar qui a observé que « les médias ouvrent d’énormes possibilités d’expérimentation et de création dont l’usage massif a changé nos représentations et nos pratiques ».
Cette manifestation scientifique a également vu la participation d’un spécialiste étranger, Arnaud Richard, de l’université de Montpellier (France) qui a, de son côté, mis l’accent sur « l’importance du rôle du linguiste dans la démonstration des dénominations discriminantes », illustrant ses propos par des observations faites auprès de médias de son pays. L’intervenant a relevé qu’en France, « peu d’experts ont essayé d’expliciter en quoi certaines paroles ou propos peuvent être dangereux ou discriminants », déplorant à cet égard l’usage de certains termes pour dénommer les réfugiés, dont « flux », « débarquement », « invasion », « débordement des immigrés », « des migrants », « des exilés ». « La manière avec laquelle on catégorise l’action et les personnes concernées détermine un regard qu’on a sur ces personnes, d’où la nécessité pour nous, linguistes et anthropologues, de démontrer, de dénoncer les discriminations », a-t-il insisté.

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