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En tournée africaine, Obama appelé à peser dans le conflit au Soudan du Sud

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Au moment d’entamer sa tournée africaine, le président américain, Barack Obama, est sous pression d’agir pour la paix dans un Soudan du Sud ravagé par la guerre civile, mais le sujet divise âprement et de longue date son administration. Le quatrième anniversaire, début juillet, de la plus jeune nation du monde, dont l’indépendance avait été soutenue par les Etats-Unis, n’a pas été fêté dans la joie. « Cela me brise le cœur de voir ce qu’est devenu le Soudan du Sud aujourd’hui », avait déclaré pour l’occasion la conseillère de Barack Obama à la Sécurité nationale, Susan Rice, évoquant la situation « horrifiante » du pays déchiré depuis un an et demi par une guerre civile qui a fait 10 000 morts.
Si, comme l’a appris l’AFP jeudi, les médiateurs internationaux ont fixé au 17 août la date limite pour que les dirigeants sud-soudanais signent un accord de paix, un rapprochement entre les deux protagonistes du conflit, le président Salva Kiir, de la tribu Dinka, et son vice-président Riek Machar, un Nuer, semble encore improbable pour nombre d’observateurs. Face à ce sombre panorama, un diplomate assure que le premier président noir des Etats-Unis pourrait employer le grand pouvoir d’influence dont il bénéficie au Soudan du Sud pour pousser vers la paix. « Il fait figure de messie aux yeux des dirigeants du Soudan du Sud », affirme ce diplomate sous couvert d’anonymat, se souvenant des premiers conseils des ministres à Juba, la capitale, où les échanges étaient fréquemment interrompus par le célèbre « Yes we can » d’Obama, que plusieurs ministres avaient choisi comme sonnerie de téléphone.
« Il a plus de levier politique en tant que personne que les Etats-Unis en tant que pays » au Soudan du Sud, poursuit-il. À l’occasion de la courte tournée du président américain en Afrique, qui le mènera au Kenya, pays natal de son père, et en Ethiopie, deux pays voisins du Soudan du Sud, les voix se font plus nombreuses pour le pousser à intervenir.

Rien à perdre ?
« Obama devrait faire pression sur les alliés régionaux » et mettre sur la table des sanctions, un embargo sur les armes et le déploiement d’une force régionale, lance Casie Copeland, du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG). « Qu’avons-nous à perdre ? », renchérit un haut responsable américain. « Le président Obama ne peut pas se rendre en Afrique de l’Est et ne pas en parler ».
Le département d’Etat dirigé par John Kerry, l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power, ou encore l’émissaire des Etats-Unis au Soudan du Sud Donald Booth, seraient tous en faveur d’une plus grande implication. Mais selon plusieurs sources proches des débats à la Maison-Blanche, des conseillers très influents du président, dont son chef de cabinet Denis McDonough, sont sceptiques. « Certains pensent que c’est assez radioactif et qu’on ferait mieux de ne pas y toucher, il n’y a rien à gagner, et que si on y touche on ne devrait pas le prendre à bras-le-corps », indique l’une de ces sources. Les opposants d’un plus grand engagement au Soudan du Sud estiment que le conflit ne menace pas assez directement la sécurité nationale des Etats-Unis pour justifier une entrée en scène plus marquée. Un échec des Etats-Unis dans une tentative de règlement du conflit pourrait même l’aggraver tout en affaiblissant la position de M. Obama sur la scène nationale comme internationale, où sévissent déjà plusieurs crises.
Susan Rice figurerait parmi les réticents. Mais à l’occasion de la visite du président, l’ambassadrice a suggéré qu’un engagement plus direct pourrait finalement être envisagé. Lorsqu’il rencontrera ses homologues africains à Addis Abeba, en Ethiopie, siège de l’Union africaine, les dirigeants chercheront comment « encourager une issue pacifique » au conflit et obliger « les dirigeants des deux bords à rendre des comptes », a-t-elle déclaré. « S’il s’avérait impossible de les faire parvenir à un accord, nous discuterons des prochaines mesures que nous pourrions adopter collectivement afin d’imposer des conséquences », a ajouté Susan Rice. Pour un responsable de l’administration Obama, mettre son poids dans la balance pour trouver une solution au conflit permettrait au président américain, qui vient de marquer deux grands coups diplomatiques avec Cuba et l’Iran, « de laisser un legs en Afrique ». « Pour l’instant, il n’en a pas ».

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