Le Conseil de sécurité a appelé à New York à la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc devant aboutir à la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. «Les membres du Conseil de sécurité ont souligné l’importance de la relance des négociations directes (entre le Front Polisario et le Maroc) pour parvenir à une solution politique garantissant le droit à l’autodétermination au peuple sahraoui», a déclaré le président du Conseil de sécurité, Koro Bessho. Le représentant du Japon qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité s’exprimait au cours d’un point de presse tenu à l’issue du briefing d’Hervé Ladsous, le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix sur la Minurso. Interrogé si le Conseil avait abordé la lettre qui lui a été adressée par le Front Polisario et dans laquelle la partie sahraouie l’a exhorté à adopter une approche urgente pour la reprise des négociations, Bessho a répondu que « les membres du Conseil ont relevé l’importance de relancer ce processus politique ». Les membres du Conseil se sont accordés sur la nécessité de reprendre les discussions et les consultations pour parvenir à une solution qui prévoit l’autodétermination du peuple sahraoui, a-t-il ajouté.
Le Front Polisario a dénoncé dans sa lettre les blocages dressés par le Maroc au processus onusien, en entravant la tenue d’un cinquième round de négociations prévu pourtant par la résolution 2285 (2016) prorogeant le mandat de la Minurso. Dans sa déclaration à l’issue de cette réunion, tenue à huis clos et à laquelle a assisté Kim Bolduc, la représentante spéciale du SG de l’ONU au Sahara occidental, Bessho a indiqué que l’organe onusien a été informé de l’état du rétablissement des activités de la mission conformément à cette résolution. Le Conseil a «exprimé le souhait que la Minurso puisse atteindre la fonctionnalité complète le plus tôt possible », a-t-il dit, ajoutant que ses membres ont jugé important que la mission puisse exercer à nouveau pleinement ses fonctions. Le constat établi par le secrétariat général de l’ONU et le Conseil de sécurité fait ressortir que « la mission n’a pas encore atteint la fonctionnalité complète », a-t-il ajouté. D’un autre côté et selon le représentant du FPolisario aux Nations unies, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon au Sahara occidental, Christopher Ross, peine toujours à obtenir la coopération de Rabat pour la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc. Boukhari Ahmed a déclaré : «Nous sommes prêts à répondre positivement à la demande du secrétaire général et de son envoyé spécial, pour la relance des négociations, mais nous avons compris que Christopher Ross éprouve toujours des difficultés à obtenir la coopération du Maroc». Ross a fait part au représentant du Front Polisario, au cours d’une rencontre tenue à New York, des blocages dressés par les autorités marocaines et qui font obstacle à la relance du processus des négociations. Christopher Ross, chargé par Ban Ki-moon de reprendre la médiation entre les deux parties (le Front Polisario et le Maroc), est toujours entravé dans sa liberté de mouvement. Le Maroc qui avait tenté de le pousser à la sortie en 2012 l’avait par la suite déclaré «persona non grata» dans les territoires sahraouis occupés. Le représentant du Front Polisario a ajouté que le Conseil de sécurité avait réaffirmé mardi dernier la nécessité de relancer le processus onusien tel qu’exprimé dans sa résolution d’avril dernier. Dans cette résolution prorogeant le mandat de la Minurso jusqu’à 2017, le Conseil de sécurité a souligné l’importance de poursuivre le processus de préparation pour un cinquième round de négociations sur le statut final du Sahara occidental et a chargé le chef de l’ONU de lui présenter au moins deux rapports par an pour l’informer du déroulement des discussions. En évoquant la Minurso, le représentant du Front Polisario a affirmé que «le Maroc a été désavoué par les faits et par la volonté du Conseil de sécurité de rétablir les activités de cette mission». Le Maroc qui avait déclaré que sa décision sur la Minurso était irréversible a fini par céder à la volonté du Conseil de sécurité et du secrétariat général de l’ONU en acceptant le retour à El-Ayoun d’un premier groupe du personnel civil de cette mission. «Le retour de la Minurso est un coup dur à la position exprimée par le Maroc qui avait affirmé, il y a quelques mois, que sa décision était irréversible», a-t-il relevé. «Le secrétariat général de l’ONU a exprimé son engagement d’assurer le retour des autres groupes de la composante civile de la Minurso dans les prochaines semaines», a fait savoir Boukhari. Cela dépendra également de l’achèvement de l’opération de recrutement des effectifs de la Minurso, dont plusieurs employés sont en fin de mandat. Par ailleurs, le représentant du Front Polisario a indiqué que la demande d’adhésion du Maroc à l’Union africaine (UA) ne peut pas être soumise à condition. «Si le Maroc veut adhérer à l’Union africaine, il doit accepter la réalité internationale de la RASD et respecter scrupuleusement les règles» de cette organisation panafricaine, y compris le principe de l’intangibilité des frontières qui assure le respect des limites territoriales de la République sahraouie. De même, le représentant du Front Polisario a affirmé «qu’il n’y a eu aucun document signé par 28 pays africains demandant le retrait de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de l’Union africaine. «C’est de la pure propagande», a-t-il ajouté à ce propos. «Quelques pays sont en faveur de notre retrait de l’UA. Ils sont des colonialistes francophiles qui sont aux ordres de Paris», a déclaré Boukhari. Et d’ajouter «qu’au-delà de cette agitation, le Maroc ne va pas demander son adhésion à l’UA», car cette demande implique la reconnaissance de la RASD.
M. Bendib