Des sources sûres en provenance de Dely Brahim font savoir que le nouvel entraîneur national, qui a réuni en fin de semaine dernière ses plus proches collaborateurs, devrait les retrouver à nouveau autour d’une table pour écouter les rapports des uns et des autres.
Une rencontre qui a pour objet de s’entendre sur la liste (elle devrait être rendue publique, toujours selon les mêmes sources, vraisemblablement dans le courant de la journée de demain) des 25 (peut-être 26) Verts appelés à entrer en stage dans leur désormais fief de Sidi Moussa, en prévision des rencontres qualificatives pour la CAN 2015 contre respectivement l’Ethiopie et le Mali. Une nouvelle ère qui commence donc demain sous la coupe d’un technicien venu en Algérie les idées pleine la tête.
Le plus dur va commencer
Pas d’autre choix que de reprendre les mêmes et recommencer ? Mais avec lesquels, l’urgence (les tournants décisifs- eh oui, déjà !- de l’Ethiopie le 6 septembre à Addis-Abeba, et Blida, quatre jours seulement plus tard à Blida, expliquant peut-être une démarche imposée) n’expliquant pas tout, on peut croire, et on le comprend, le nouveau sélectionneur national, Christian Gourcuff, n’ayant vraiment pas été gâté par le sort et un calendrier démentiel, du moins indépendant de sa volonté, doit faire avec ce qu’il a sous la main en dérogeant, on peut le prévoir, à la sacro-sainte logique (cet éternel dilemme avec lequel son prédécesseur, Coach Vahid, a dû composer bien malgré tout le long d’un mandat des plus agités, en tout cas sujet à polémique) du fameux temps de jeu (lire des joueurs déjà compétitifs ou assez utilisés par leurs équipes de club qui se comptent, l’histoire étant un éternel recommencement de ce côté-là, même si, cette fois, l’enchevêtrement des échéances en impose le recours, l’écrasante majorité des formations entamant à peine les compétitions nationales, sur le bout des doigts lorsqu’on y ajoute les éléments pas encore fixés sur leur avenir professionnel et donc toujours à la recherche d’un point de chute, ou ceux indésirables ou presque dans leurs teams et auxquels il est demandé de s’en chercher un) qui revient fatalement aux devants de la scène.
Ils sont combien dans cette situation qui embarrasse à plus d’un titre le technicien français qui débarque à Alger avec un projet des plus ambitieux mais qui voit sa marge de manœuvre très réduite par les éliminatoires de la CAN 2015 au Maroc où les Verts, en plus de jouer la qualification avant d’aller assumer un statut en hausse, met également une réputation de mondialistes qui fait d’eux l’équipe à battre, voire à abattre ?
Et on peut le croire quand il affirme, lors de son premier face- à-face avec les médias nationaux, que son ambition avec les Verts est d’entretenir la «dynamique» du Mondial 2014. «Continuer sur la lancée de la Coupe du monde au Brésil.»
C’est en cela que se résume son «nouveau challenge, cette nouvelle aventure» qui, pour lui, s’avère «difficile.»
Pas une sinécure
Mission assez prenante pour le motiver. Non sans, toujours dans ce point très attendu, relancer un débat qui, outre les relations très tumultueuses de son prédécesseur Bosnien avec et la presse et ses employeurs au niveau de la FAF, concernera cette sélection nationale constamment à la recherche d’une âme, lorsqu’il dira que parmi ses priorités, il tentera de «construire un style de jeu à installer dans la durée» quand bien même il sait, et ce n’est pas les urgences qui manquent, qu’il jouera contre la montre avec une CAN qui vient trop tôt pour lui. Qu’il devra (demandera surtout et on imagine le président de la FAF, Raouraoua disposé à lui laisser les coudées franches et le temps qu’il faudra pour mener à bien son chantier) patienter encore.
Attendre l’après janvier 2015 (date de la phase finale de la CAN, dans sa version marocaine, où il lui est demandé, en raison de la bonne qualité du groupe dont il a hérité, noir sur blanc dans son contrat d’objectif, de viser le dernier carré, sinon une place de finaliste) pour commencer à mettre en place ses idées, lui qui répète à l’envi qu’il a choisi la destination algérienne pour «deux raisons, la première (et non des moindres, ndlr) étant relative au potentiel du football algérien, représenté par le talent de ses joueurs, la seconde est que l’équipe est formée actuellement de joueurs très intéressants dont le style de jeu, basé sur la créativité et la technique, correspond à ma philosophie.»
Déjà dans le bain du football algérien (il a suivi avec attention la finale de la supercoupe d’Algérie ayant opposé, en guise de lever de rideau officiel de la saison 2014-2015, l’USM Alger, champion d’Algérie sortant, au voisin, le MC Alger, détenteur en titre de la coupe, avant de faire le déplacement d’Oran pour découvrir les formations du MCO et de la JS Kabylie puis, avant-hier, Tizi Ouzou, où il s’est fait une petite idée sur le classico JSK-USMA et les joueurs susceptibles de travailler avec lui en E.N «A’», voire en en E.N «A» à l’image de certains noms, dont son staff, composé désormais de Yazid Mansouri, qu’il a eu sous la main, comme joueur, à Lorient, et de Nabil Neghiz dont il vient à peine de faire la connaissance lors d’une séance de travail tenue jeudi dernier au Centre technique national de Sidi Moussa à l’effet de commencer à mettre en place les plans de bataille pour honorer au mieux le double défi de l’Ethiopie et du Mali au cours d’un début de mois de septembre des plus chauds.
À la recherche d’un statut de favori
En tout cas d’une importance capitale pour la suite de son programme. Deux obstacles majeurs qu’il ne faudra rater sous aucun prétexte pour (et il sait les «délais très courts»), se montrer capable de répondre au défi qu’il s’est lancé en acceptant de succéder à Halilhodzic dans des circonstances particulières qui a vu l’opinion, convaincue par la prestation de ses favoris, réclamer à cors et à cris, le renouvellement de confiance au Bosnien qui avait néanmoins déjà scellé son départ.
Délais très courts où il lui sera, entre autres, difficile, à cause justement de l’urgence (six matches- couperet à boucler au plus tard à la mi-novembre) d’aller à une «révolution» (c’est le terme qu’il utilisera d’ailleurs) en se contentant, comme il l’affirme (et c’est ce qui lui est demandé) d’apporter une touche afin de bâtir un style de jeu qui doit s’installer dans la durée» ce qu’on n’a pas vu, ou rarement, sous l’ère V.H avec une sélection en constants changements. Dans deux semaines, les Fennecs reprendront leur bâton de pèlerin à travers le continent sous la forme de phases qualificatives toujours aussi ouvertes sur l’inconnu pour qui connaissent les jeux des coulisses dans le football africain (ce qu’il ne doit pas tarder à en vérifier toute la difficulté) avec, pour mission, comme Gourcuff le dit, «passer du statut de challenger à celui de favori.» C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter. Dure, dure, l’Afrique. Mais il peut compter sur un bloc soudé et grandi par un Mondial qui, on ne le répètera jamais assez, aura été des plus fructueux. Un groupe, ou une ossature, plus expérimenté et sur lequel on peut compter pour conquérir l’Afrique. Pourquoi pas.
Par Azouaou Aghiles