Dix mois après le début de la guerre à Ghaza, la situation reste désespérément inchangée : le nombre de martyrs, de blessés et de disparus continue d’augmenter, tout comme les épidémies.
Hier matin, au moins trois civils palestiniens ont été martyrisés et plusieurs autres blessés suite au bombardement par les forces d’occupation israéliennes d’un appartement résidentiel à l’est de la ville de Ghaza. Au cours des dernières 24 heures, les troupes israéliennes ont tué 24 civils palestiniens et blessé 110 autres dans deux attaques distinctes contre des familles. Une des frappes a ciblé l’appartement de la famille d’Ahmed Hamada, près de l’école Yaffa dans le quartier de Tuffah à l’est de Ghaza, tuant Ahmed Hamada, sa femme et leur fils. L’armée israélienne a également ouvert le feu sur des maisons à l’est du camp de Bureij, dans le centre de Ghaza, blessant plusieurs personnes qui ont été transférées à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah. Les bombardements ont également touché la zone autour du pont Wadi Ghaza, au nord-ouest du camp de Nuseirat, ainsi qu’une maison sur la rue Salah al-Din à l’entrée du camp de Nuseirat. L’artillerie israélienne a tiré sur les quartiers de Tal Al-Hawa et al-Zeitoun à Ghaza, tandis que les avions de guerre ont attaqué Deir al-Balah, la partie orientale de Khan Younès, ainsi que les zones autour des tours Sheikh Zayed à Beit Lahia et à l’ouest de Rafah. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a confirmé que les bombardements continuent de faire des victimes, de blesser et de déplacer des Palestiniens, tout en détruisant les infrastructures. Selon un rapport de l’ONU, trois écoles abritant des déplacés à Ghaza ont été bombardées au cours des dernières 48 heures, causant de nombreuses victimes. Depuis le 7 octobre, le bilan total des martyrs a atteint 39 677, avec 91 645 personnes blessées, selon des sources médicales. Les sauveteurs peinent à accéder aux victimes en raison des décombres et des routes inaccessibles. Les données sur les victimes sont incomplètes en raison de l’agression israélienne intense, des interruptions des services de communication et d’Internet, des infrastructures détruites, et du manque de carburant et de matériel, compliquant ainsi la documentation des chiffres.
La pénurie de vaccins exacerbée par le blocus israélien
Le directeur des soins de santé au ministère palestinien de la Santé, Moussa Abed, a souligné que le secteur de Ghaza a besoin de 1,3 million de doses de vaccin contre la poliomyélite, mais qu’Israël refuse jusqu’à présent de les laisser entrer. Dans une déclaration à la presse, Abed a précisé : « Le risque de propagation du virus de la poliomyélite dans le secteur de Ghaza demeure en raison de la poursuite de l’agression israélienne et du manque d’accès des habitants aux outils d’hygiène publique. » Il a ajouté que « tout retard dans l’approvisionnement en vaccins pourrait aggraver les conditions sanitaires déjà précaires et avoir des conséquences graves sur la santé des enfants et des groupes vulnérables tels que les personnes âgées et les malades. » Les médias palestiniens ont diffusé des images et des vidéos montrant la souffrance des enfants atteints de maladies de la peau, en raison du manque d’eau propre, de la malnutrition et de la pollution environnementale, dans le contexte de la guerre continue sur le secteur de Ghaza. Le mois dernier, le ministère de la Santé palestinien à Ghaza a révélé la présence du virus de la poliomyélite dans les eaux usées stagnantes entre les centres d’hébergement et les tentes des déplacés. Le ministère a averti qu’une grande catastrophe sanitaire menaçant des milliers de personnes de contracter cette maladie pourrait survenir. Il a appelé à « arrêter immédiatement l’agression israélienne, à fournir de l’eau potable, à réparer les lignes d’égout et à mettre fin à la surpopulation dans les lieux de déplacement. » Les médecins palestiniens de Ghaza ont mis en garde contre l’augmentation des maladies et des épidémies parmi les déplacés dans les camps et les centres d’hébergement, en raison de la surpopulation dans des espaces restreints. Ismaïl Thawabteh, directeur du bureau d’information gouvernemental de Ghaza, a confirmé qu’Israël aggrave délibérément la situation humanitaire dans le secteur, ayant détruit les réseaux d’eau et d’égouts dans la plupart des régions, tandis que tous les points de passage sont fermés et qu’aucune aide n’entre.
83 % du territoire classés «zone interdite»
L’armée d’occupation israélienne a émis des ordres d’évacuation pour les civils palestiniens dans plusieurs zones du nord de la bande de Ghaza. Les régions concernées incluent Beit Hanoun, ainsi que les quartiers d’Al-Manshiyya et Sheikh Zayed, et également les lieux où se trouvent les personnes déplacées. Selon l’UNRWA, aucune zone de Ghaza n’est sécurisée, mais depuis ce matin, les Palestiniens sont contraints de fuir pour échapper aux dangers imminents. L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a précisé que ces ordres d’évacuation sont devenus une routine quotidienne pour les habitants de Ghaza, les obligeant à se déplacer constamment pour préserver leur vie. « Les familles sont forcées de se déplacer sans cesse, alors qu’aucun endroit à Gaza ne peut garantir leur sécurité », a déclaré l’UNRWA dans un message sur X. L’UNRWA a également révélé que 83 % de la bande de Ghaza est désormais sous ordre d’évacuation ou classée comme « zone interdite » par l’armée israélienne. Selon les dernières données, environ deux millions de personnes sont déplacées à Ghaza, dont 1,7 million résident dans la région d’Al-Mawasi, au sud-ouest de la bande de Gaza, où les conditions de vie sont décrites comme désastreuses par l’organisation humanitaire internationale Oxfam.
M. Seghilani