Le fait que le gouvernement algérien ait annoncé dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, qu’il continue à suivre avec « une très grande attention » les développements de l’affaire de la disparition « brutale et tragique » du jeune Nahel en France, n’a pas plu à l’extrême droite française.
Et encore moins, le souci constant, réitéré par l’Algérie d’être «aux côtés des membres de sa communauté nationale au moment de l’adversité et de l’épreuve».
Pour Jordan Bardella, le chef du Rassemblement national, parti de Le Pen, « si l’Algérie s’inquiète pour ses ressortissants présents en France, qu’elle n’hésite pas à les récupérer». Le patron de l’extrême droite française rejette sur les immigrés la responsabilité des troubles que connaît la France: « la carte de l’immigration est exactement la carte de l’insécurité et de la violence dans notre pays », dit-il. Il ne veut pas admettre que les causes des malheurs de la France sont ailleurs, comme l’a expliqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanâani, cité par Russia Today : « la pratique consistant à discriminer les immigrés, à ne pas les accepter et à ne pas corriger les mauvais traitements contre eux par certains pays européens, a conduit à la création de conditions inadaptées pour ces citoyens européens, dont ceux en France. Il est demandé au gouvernement français de respecter les principes de la dignité humaine, de la liberté d’expression et du droit à la manifestation pacifique des citoyens et la cessation des relations arbitraires avec ses citoyens ». Il a appelé le gouvernement et la police français à faire preuve de retenue, à renoncer à la violence et à prêter attention aux revendications des manifestants.
Or, que font les syndicats de la police française ? Le contraire : « Face à ces hordes sauvages, demander le calme ne suffit plus, il faut l’imposer! », ont appelé, vendredi, dans un communiqué les syndicats Alliance et Unsa-Police, majoritaires dans la police nationale, imprégnés de l’idéologie raciste de l’extrême droite. « L’heure n’est pas à l’action syndicale mais au combat contre ces « nuisibles ». « Aujourd’hui les policiers sont au combat car nous sommes en guerre », estiment-ils. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a commenté ce communiqué : « C’est ça. Tout a été exposé. La prétendue tolérance s’effondre sous nos yeux. Le libéralisme affiche des contradictions incompatibles avec la vie. » Heureusement, en France, il n’y a pas que les syndicats de policiers racistes.
Des joueurs de l’équipe nationale française de football estiment «inacceptable » le meurtre du jeune Nael. Le sociologue Michel Kokoreff, professeur des universités à Paris VIII, spécialiste des quartiers populaires et de leurs relations avec la police, s’est exprimé dans un média français. Il considère que « la colère des quartiers populaires est légitime, au regard des conditions socioéconomiques de leurs habitants, des relations tendues avec la police et du racisme subi. Il montre la seule sortie de crise possible : revenir sur l’article de loi de 2017 permettant un usage facilité des armes à feu par les forces de l’ordre. Il explique que « les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les problèmes sociaux sont toujours les mêmes et s’accumulent. La pauvreté, le chômage, la précarité, l’échec scolaire et la déscolarisation sont des causes structurelles, auxquelles se superposent des causes ethnoraciales, avec ce sentiment d’exclusion, le racisme, l’islamophobie, les discriminations de tous ordres, notamment les contrôles discriminatoires dits au faciès ».
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, qui a déploré le « mal-être évident » dans les banlieues françaises, est du même avis. Preuve que le contexte raciste en France est pour beaucoup dans le meurtre du jeune Nael, les réseaux sociaux ont fait connaître l’histoire, toute récente, de ce policier dans un pays arabe qui s’est accroché à un véhicule pour procéder, sans faire usage de son arme, à l’arrestation du chauffeur qui tentait de fuir.
M’hamed Rebah