La « Hrira », plus connue en tamazight sous l’appellation de « Iyouzane Neznebou » trône durant le mois de Ramadhan, en reine sur les tables des familles de Boussemghoune, une région située au sud de la wilaya d’El Bayadh.
Les habitants de cette région au passé millénaire et réputée pour son site du Ksar de Boussemghoune et sa Kheloua d’El Waliyou Essalah (saint homme) Sidi Ahmed Ettidjani, perpétuent de génération en génération la préparation de ce plat nécessitant plusieurs ingrédients, puisés localement dans l’environnement luxurieux de l’oasis et des jardins de la région.
La semoule d’orge plus connue sous le nom de « D’chicha » est le produit de base nécessaire pour la préparation de la soupe. La semoule est minutieusement préparée durant la période des moissons. Les grains de blé sont nettoyés puis séchés avant d’être moulus à l’aide de « Thakrouchth » ou « Tassirth Numadune », une meule traditionnelle faite en pierre, comme le décrit Mme. Mazouzi Zoubida, une spécialiste en art culinaire à Boussemghoune.
La préparation de cette soupe se fait en plusieurs étapes: la semoule
d’orge est d’abord lavée puis versée dans un ustensile contenant de l’eau. On y ajoute de la viande, de l’huile, du sel, divers épices, des légumes comme l’oignon, les carottes, la tomate, l’ail ainsi que des plantes aromatiques. Le tout est laissé mijoter à feu doux jusqu’à la cuisson.
Cette soupe trône en reine sur les tables des familles de Boussemghoune durant tout le mois de Ramadhan. Elle est incontournable au moment de la rupture du jeûne, tout comme la datte et le verre de lait que l’on consomme au moment de la rupture du jeûne (adhan d’El Maghrib).
Hadj Aïssa, un habitant de cette localité souligne la saveur particulière de cette soupe. « Je ne peux m’en passer. Ce plat est incontournable pour moi durant tout le Ramadhan. Tout le monde en consomme à la rupture du jeûne avant de passer aux autres préparations », a-t-il indiqué.
L’épouse de Hadj Aïssa ajoute, pour sa part, que la préparation de cette soupe est au centre de toutes les discussions entre femmes, même si le mode de préparation ne diffère pas d’un foyer à un autre. « La seule distinction réside dans le dosage et la nature des épices utilisées », explique-t-elle. Saïd, un commerçant de la ville, estime que cette soupe ne peut être dissociée du pain traditionnel fait maison. « Khobz Eddar donne une saveur particulière à notre soupe », assure-t-il.