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Egypte : un enfant de 4 ans condamné à perpétuité «par erreur»

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Un tribunal égyptien a condamné à perpétuité un enfant de quatre ans pour des charges, notamment, de meurtre. Il a fallu que des avocats se mobilisent pour que la justice réalise la méprise.
Il a été condamné pour meurtre alors qu’il jouait tranquillement chez lui. Ahmed Mansour Kerni, un garçonnet de 4 ans, a été condamné à la prison à perpétuité la semaine dernière par un tribunal du gouvernorat de Fayoum. L’enfant a été déclaré coupable de meurtre, perturbation de la paix et destruction de biens publics, comme les 115 autres personnes accusées des mêmes faits, rapporte le «Daily News Egypt». Tout cela se serait déroulé en 2014, lors d’une violente manifestation contre la destitution du président Mohamed Morsi -l’enfant n’avait alors que deux ans. «Selon la loi égyptienne, personne ne peut porter plainte contre un enfant de moins de 12 ans, donc je pense que ce qu’il s’est passé est une erreur.
Les officiels responsables de l’enquête et l’avocat de l’enfant devraient faire l’objet d’une enquête», a dénoncé Ahmed Meselhi, du syndicat des avocats. Une condamnation lourde pour un enfant qui n’avait évidemment rien à voir avec les faits qui lui étaient reprochés: l’accusé était un homonyme, lui âgé de 16 ans. Pour l’avocat Faiçal al-Sayed, il s’agit d’une preuve que le juge du tribunal militaire en charge de l’affaire n’avait même pas lu le dossier, puisque le certificat de naissance de l’enfant, sur lequel est bien évidemment notée sa date de naissance, avait été fourni.

UN AVEUGLE CONDAMNÉ POUR AVOIR ÉTÉ SNIPER
Le père d’Ahmed est apparu avec son fils à la télévision égyptienne ce weekend. En larmes, avec son enfant endormi dans les bras, il a raconté comment, lorsque la police avait tenté d’arrêter le petit il y a deux ans, c’est lui qui avait été embarqué et détenu pendant quatre mois: «Je le jure, je ne veux m’attirer les foudres de personne.
Je n’ai rien fait de mal. Ils m’ont dit qu’ils allaient me prendre mon fils. Personne ne me le prendra.»
Une incohérence qui n’est malheureusement pas la première, comme l’a rappelé auprès de la BBC l’avocat Mohamed Abu Hurayra: «Nous ne faisons pas du tout confiance au système judiciaire égyptien.
Dans une autre affaire, un homme a été condamné pour avoir été un sniper, alors qu’il est aveugle.» Depuis la destitution de Mohamed Morsi, lui-même condamné à mort, la répression est extrêmement sévère à l’encontre de ses partisans. En 2013, quelques jours après sa chute, plus de 1.400 personnes ont été tuées par la police et l’armée dans les manifestations. 529 Frères musulmans avaient été condamnés à mort en mars 2014. La Cour de cassation égyptienne a annulé, au début du mois, la peine de mort pour 149 personnes accusées du meurtre de 13 policiers il y a trois ans, mais confirmé celle à laquelle avaient été condamnés 183 autres prévenus. Les partisans Frères musulmans, déclarés «organisation terroriste» après la chute de Mohamed Morsi, sont régulièrement l’objet de lourdes condamnations à perpétuité, voire à la peine de mort.

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