La branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI) a tué dimanche huit policiers égyptiens en criblant de balles leur minibus, l’une des attaques les plus meurtrières menées par les jihadistes près du Caire.
Ce mouvement, qui a fait allégeance en 2014 à l’organisation extrémiste contrôlant une partie de l’Irak et de la Syrie, a déjà revendiqué la plupart des attaques et attentats ayant fait des centaines de morts parmi les policiers et les soldats en Egypte ces trois dernières années.
«Une unité de soldats du califat a attaqué un minibus transportant huit apostats de la police criminelle à Helwan (…) et les a tous tués», affirme l’»Etat islamique Egypte» sur l’un de ses comptes Twitter. Il assure avoir ainsi «vengé les femmes pures détenues dans les prisons des apostats».
En pleine nuit, des inconnus ont ouvert le feu sur le minibus transportant huit policiers en civil, dont un lieutenant, à Helwan, dans la banlieue sud du Caire, selon le ministère de l’Intérieur. Tous les occupants ont été tués.
Les groupes jihadistes, ceux ayant fait allégeance à l’EI en particulier, multiplient les attaques meurtrières visant essentiellement la police et l’armée depuis que l’armée a destitué le 3 juillet 2013 le président islamiste démocratiquement élu Mohamed Morsi. L’EI Egypte concentre généralement ses attaques sur le Caire, ses environs et le delta du Nil, tandis que Province du Sinaï, une autre branche égyptienne de l’organisation jihadiste, commet de nombreux attentats visant policiers et soldats dans son bastion du nord du Sinaï, cette péninsule désertique de l’est, frontalière avec Israël et Gaza.
Représailles
Après la destitution de M. Morsi par le général Abdel Fattah al-Sissi, devenu ensuite chef de l’Etat, ces groupes jihadistes visaient les forces de l’ordre en représailles, selon eux, à la sanglante répression qui s’était abattue sur les partisans du chef de l’Etat déchu. Ces derniers étaient essentiellement des membres de la confrérie islamiste des Frères musulmans, qui avait remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak début 2011 à l’issue d’une révolte populaire dans la lignée des printemps arabes.
Mais depuis, l’EI Egypte et Province du Sinaï ont également visé des intérêts étrangers, notamment avec un attentat contre le consulat italien au Caire en juillet 2015, la décapitation d’un employé croate d’une compagnie française enlevé près du Caire, puis, le 1er octobre, un attentat contre un avion de touristes russes qui venait de décoller de Charm el-Cheikh, dans le sud du Sinaï. Ses 224 occupants avaient péri. Le pouvoir de M. Sissi a échoué jusqu’à présent à mettre fin à cette insurrection même si l’armée affirme avoir tué plus de 1.000 jihadistes.
Dans les semaines ayant suivi la destitution de M. Morsi, policiers et soldats avaient tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi, dont près de 800 en quelques heures le 14 août dans le centre du Caire. Plus de 40.000 personnes ont été emprisonnées, selon les organisations internationales de défense des droits de l’Homme comme Amnesty international ou Human Rights Watch. Ces dernières assurent que le régime de M. Sissi, élu président triomphalement en mai 2014 en l’absence de véritable opposition, est l’un es plus répressifs au monde. Des centaines de personnes –dont M. Morsi qui est emprisonné depuis sa destitution– ont été condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs qualifiés par l’ONU de «sans précédent dans l’Histoire récente». Après les islamistes, le régime de M. Sissi s’en est pris à toute forme d’opposition, notamment les mouvements de la jeunesse laïque et libérale qui avaient conduit la révolte de 2011, dont la plupart des figures sont emprisonnés ou font l’objet de poursuites.