L’ancien chef d’état-major Abdel Fattah al Sissi a été investi à la présidence égyptienne, dimanche, en présence de délégations occidentales de second rang, moins d’un an après avoir renversé l’islamiste Mohamed Morsi, premier président de l’Egypte démocratiquement élu. Épuisés par trois années de troubles depuis le renversement de Hosni Moubarak, en 2011, après près de 30 années de présidence, les Egyptiens ont élu Abdel Fattah al Sissi fin mai à la quasi-unanimité (97% des suffrages). Mais moins de la moitié des électeurs se sont rendus aux urnes.
D’importantes mesures de sécurité ont été prises pour la cérémonie d’investiture. Des chars et des véhicules blindés étaient stationnés aux endroits stratégiques dans la capitale. Près de la place Tahrir, lieu de ralliement des opposants lors du soulèvement contre Hosni Moubarak, de jeunes hommes vendaient des T-shirts à l’effigie du président Sissi portant ses traditionnelles lunettes de soleil. Devant les juges de la Cour suprême constitutionnelle, Abdel Fattah al Sissi a juré de protéger la république, de respecter le droit et d’agir dans l’intérêt du peuple.
L’émir du Koweït, le roi du Bahreïn, les princes héritiers d’Arabie saoudite et d’Abou Dhabi ont assisté à la prise de fonction du nouveau président, selon la liste fournie par les services de la présidence égyptienne.
L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït ont fourni à l’Egypte une aide financière importante après le renversement de Mohamed Morsi. Par contraste dimanche, les Etats-Unis n’avaient envoyé à la cérémonie d’investiture qu’un conseiller du secrétaire d’Etat John Kerry.
La plupart des pays européens avaient fait savoir qu’ils n’enverraient que leurs ambassadeurs.
FAIBLE CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Les manoeuvres diplomatiques apparaissent toutefois comme un problème secondaire pour le nouveau président face à l’insurrection islamiste qui fait fuir les touristes et prive l’économie égyptienne de son traditionnel moteur. Selon les prévisions officielles, l’Egypte devrait afficher une croissance de 3,2% pour l’exercice qui commencera le 1er juillet, soit nettement moins que les niveaux requis pour créer suffisamment d’emplois pour faire reculer la pauvreté. Les pays occidentaux, qui avaient espéré que le renversement d’Hosni Moubarak en février 2011 ouvrirait la voie à la démocratie, n’en n’ont vu que les balbutiements.
À peine arrivé au pouvoir en juin 2012, l’islamiste Mohamed Morsi a été accusé d’incompétence économique et de vouloir imposer les vues sur l’islam des Frères musulmans dont il était issu. Malgré ses dénégations, il a été déposé le 3 juillet 2013 par Abdel Fattah al Sissi.
Devenu le numéro un de fait, le général devenu par la suite maréchal a lancé une vaste répression contre les Frères musulmans, une des plus dures connue par cette confrérie fondée en 1928. Des centaines de personnes ont été tuées lors de la répression de grandes manifestations et des milliers ont été mises sous les verrous.
Des représentants de l’opposition laïque, y compris des personnes favorables à l’éviction de Mohamed Morsi, ont eux aussi été emprisonnés dans le cadre des nouvelles dispositions qui limitent fortement le droit de manifestation.