La ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, se voit «enfin» sortir la tête de l’eau au lendemain de l’annonce des résultats du Baccalauréat, qu’elle juge «satisfaisants», après une année scolaire pleine… de contestations syndicales. En visite à Tizi Ouzou, hier, la ministre a indiqué qu’elle prévoit à la prochaine rentrée, de généraliser l’enseignement de tamazight dans 9 autres wilayas du pays.
Au climat social délétère empreint de mouvements incessants de grèves ayant émaillé la scolarité des élèves, s’ajoute l’hostilité à laquelle est buté le projet de réforme du secteur, un chantier vieux d’une décennie, lancé en 2003. À entendre les ultimes déclarations de la ministre, il paraît qu’elle regorge encore de détermination à poursuivre sur sa lancée. Ainsi, lors de sa visite effectuée hier à Tizi Ouzou, elle a rappelé l’organisation de la Conférence nationale de l’Éducation qui sera ouverte le 24 juillet en cours et s’étalera sur trois jours, a-t-elle révélé. Cela étant dit, toutes les conditions permettant la relance des projets du secteur dans un climat bienséant sont réunies, entend parler la même responsable. En effet, Benghebrit n’en démord pas devant la pression des partenaires sociaux, encore moins face aux réactions des islamistes qui ont vivement critiqué son projet de réforme du système éducatif recentré, pour rappel, autour de deux axes principaux : «la refonte pédagogique et la rationalisation de la gouvernance». En abordant les deux questions, la ministre a assuré que les principales préoccupations posées par nombre de catégories professionnelles de l’Éducation sont «en cours de résolution». D’ailleurs, elle a annoncé la tenue, la semaine prochaine, d’une réunion entre le MEN et les syndicats du secteur, en vue de trouver des solutions à leurs problèmes, ceci d’une part. D’autre part, les deux parties discuteront en prévision de la signature d’une «charte d’éthique et de stabilité» à l’effet de mettre fin aux désagréments encourus par les élèves durant leur scolarité, a indiqué l’hôte de Tizi Ouzou. S’agissant de la réaction des islamistes, Benghebrit craint que le rendez-vous ne fasse, à nouveau, objet d’une polémique de certains partis qui lui reprochent sa vision «moderniste» de l’École algérienne. Pour faire taire les critiques, elle a d’abord prévenu qu’«aller vers des débats idéologiques ne permet pas d’avancer». Et d’expliquer que la réforme vise à améliorer le niveau des élèves concernant les langues, qui sont du reste, un moyen de maîtrise de la vie professionnelle. En somme, elle a réitéré un appel au soutien car le projet de réforme est «un chantier lourd qui requiert la participation de tous», a-t-elle souligné. Pour la conférence, elle devra consacrer, en somme, la mise en œuvre des dispositions prévues dans la «réforme» du système éducatif version Benghebrit, ou, plutôt, de celles de la «refonte», sachant que la ministre s’est «résignée» jusqu’à changer la terminologie, pour simuler une réduction du niveau de profondeur accordé à cette révision «contestée». Lors de ce rendez-vous, il sera aussi question de décortiquer l’évaluation de l’enseignement secondaire. Pour ce dernier point, il s’agira de discuter de la problématique du recul du taux de réussite au Bac observé durant les trois dernières années, même si, une fois n’est pas coutume, les résultats ont atteint 51,36% cette année, soit une hausse de 6,35% par rapport à 2014. D’ailleurs, l’objectif assigné à cette rencontre étant d’atteindre un taux de succès au Bac allant jusqu’à 70% pour la prochaine année. En d’autres termes, pour être plus précise, Benghebrit n’a pas manqué par la même occasion de rappeler ses recommandations pour améliorer le système éducatif national, en rappelant les rôles qui échoient aux responsables des établissements et les enseignements dans la formation pédagogique des élèves. Il faudra «professionnaliser la gestion des établissements scolaires et des métiers d’enseignant», a-t-elle indiqué. Enfin, la conférence de l’Éducation devra aussi discuter de l’intégration du système d’évaluation des élèves du troisième cycle secondaire. Il s’agit de l’établissement d’une fiche de synthèse qui consiste à évaluer les résultats des élèves afin de leur permettre d’accéder à une formation universitaire selon le choix désiré. À cette occasion, Benghebrit n’a pas manqué de saluer les résultats enregistrés par la wilaya de Tizi Ouzou dans les examens de fin d’année, qui lui ont permis notamment de se hisser à la première marche du podium national, gardant, ainsi, sa place au classement national pour la septième fois consécutive rien qu’à l’examen du Bac.
«L’enseignement de la langue Tamazight atteindra 20 wilayas»
Lors de sa visite, Benghebrit a indiqué avoir prévu le lancement durant la prochaine rentrée scolaire, de l’enseignement de tamazight dans pas moins de 9 autres wilayas. À en croire donc les propos de la ministre, environ 20 wilayas devront assurer à travers les programmes scolaires l’enseignement de cette langue, qui souffre, faut-il le souligner, d’un recul ayant trait à sa vulgarisation, en raison du manque de sa promotion et des moyens limités qui lui sont affectés dans le cadre de l’accompagnement de son enseignement. À ce propos, la ministre a précisé que les directeurs de wilaya de l’Éducation sont invités à faire des efforts dans ce sens.
Autant, donc, faire étendre l’enseignement de tamazight à travers d’autres régions d’Algérie pour réaffirmer son statut de langue nationale. Selon la ministre, cette décision ne serait pas rendue possible sans le concours du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA). En effet, une commission mixte a été installée entre le MEN et cette institution afin de «trouver des solutions opérationnelles pour que cette langue nationale puisse trouver sa place dans le paysage institutionnel de l’Éducation nationale», a-t-elle expliqué. S’agissant des moyens mis en œuvre, la ministre a assuré que l’ouverture des postes budgétaires pour les enseignants en cette langue, sera déterminée en fonction du terrain, par les directeurs de wilaya de l’Éducation. Par ailleurs, Benghebrit a affirmé que des orientations ont été données par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, concernant la promotion de l’enseignement de cette langue.
Farid Guellil